Luke.
Ils me rattrapent. Je le sens, ils me rattrapent. Quand je pense qu'il y a un mois, il ne m'aurait pas fallu plus d'une demi-seconde pour pouvoir les semer à des kilomètres et que, maintenant, à cause d'une connerie plus grosse que ma tête, les voilà me rattrapant. Ça me dégoute.
Je suis trop préoccupé par mes pensées que je ne vois pas tout de suite la racine qui dépasse du sol. Je l'aperçois, mais trop tard, mon pied s'est déjà pris dedans et je m'étale quand même de tout mon long sur le sol verdoyant de la forêt. Mes poumons se vident de tout leur air d'un coup et il me faut du temps pour reprendre mes esprits. Ma jambe faible met encore plus de temps à répondre. J'entends leurs pas qui se rapprochent. C'est la fin. Je me recroqueville en attendant leurs tirs. J'entends la première détonation qui me siffle près de l'oreille, puis un grand bruit de déracinement, et plus rien. J'ouvre les yeux. La poussière me cache la vue quelques instants, puis j'aperçois un arbre, déraciné, qui a écrasé les chasseurs. Je tourne la tête pour voir qui sont les personnes qui m'ont sauvé, parce que, franchement, cet arbre avait l'air trop jeune pour tomber tout seul.
Je crois qu'ils sont 6. Parmi eux, 4 hommes. L'un a l'air typé plutôt chinois, l'autre, celui qui vient de faire probablement tomber l'arbre, a les cheveux châtains et bouclés et surtout, une masse de muscles impressionnants. Celui à droite est jeune, avant des cheveux bruns rasés d'un côté. Du côté rasé, je peux apercevoir des boutons, ainsi que des fils et des prises. Le dernier a l'air d'être leur chef. Il a les cheveux violet foncés. Il a une arbalète chargée dans sa main droite et un sabre dans sa main. Il n'a pas l'air spécial, mais j'ai appris à ne jamais me fier aux apparences, ceux qui ont l'air le plus normaux sont généralement les plus dangereux. Et il doit être dangereux.
Les deux autres femmes ont l'air tout aussi dangereuses. L'une a de longs cheveux noirs remontés en queue de cheval et la peau métisse et l'autre est blanche avec des cheveux mi- longs et châtains. Les deux tiennent des pistolets dans les mains et j'aperçois une série de couteaux dans le blouson de la blanche. La métisse s'approche lentement de moi.
-Qu'est-ce que tu fais là ?demande-t-elle d'un ton autoritaire.
-Ça ne vous regarde pas.
-On sait qui tu es. Et je peux t'assurer que nous nous ferons un plaisir tous les six de t'exterminer d'un coup.
La blanche sort discrètement un couteau de son blouson et je peux garantir que les quatre hommes doivent s'armer. Si j'avais encore eu mes pouvoirs, j'aurais pu disparaître, mais une fois encore, je ne les ai pas.
-Je cherche à atteindre D.C.
-Pourquoi ?
-Ce sont mes raisons.
J'entends le sifflement et, instinctivement, je tourne légèrement la tête à gauche. Le couteau passe là où j'étais il y a une demi-seconde. Je ne peux m'empêcher de pouffer.
-Tellement lente, je ricane à la blanche.
Celle-ci a l'air énervé, elle tend la main, se concentre, et le couteau lui revient dans la main. C'est à mon tour d'être énervé.
-Ça te pose un problème Hemmings ?demande-t-elle sournoisement. Arrête de nous faire croire que t'es un faible, on sait parfaitement que c'est sûrement toi qui a le plus de pouvoirs parmi nous.
Je lui lance un regard noir. Bien sûr que j'ai plus de pouvoirs que vous tous réunis, mais ils me les ont volé.
-Il ne les a plus, répond le violet à ma place. Ça crève les yeux.
Tous se retournent vers lui, visiblement surpris.
-Sérieusement, continue le violet, s'il les avait, il ne lui aurait pas fallu plus de trois secondes pour déguerpir sans qu'on s'en rende compte, vu sa soi-disante vitesse. Ensuite, il aurait pu facilement les neutraliser, s'il peut réellement contrôler les esprits. Et, s'il avait toujours le pouvoir de se régénérer, il aurait déjà enlevé la vilaine blessure qu'il a à la jambe gauche.
Il me regarde avec un sourire en coin narquois et je ne peux m'empêcher de le mitrailler du regard. La métisse finit par se retourner vers moi.
-C'est pour ça que tu veux retourner à D.C ?
-Je vous ai déjà dit que ça ne vous regardait pas.
-Et moi je t'ai déjà dit qu'on se fera tous un plaisir de te tuer.
Le violet pointe son arbalète mais la métisse le stoppe d'un geste avec sa main.
-Attends un peu Mike.
Mike. Ce nom me dit quelque chose. Bien sûr. J'aurais du m'en douter. Michael Clifford et sa bande. Quel idiot je suis de ne pas les avoir reconnu plus tôt. Ils ont pourtant bien fait parler d'eux chez nous. Les mutants les plus connus de la galaxie. Après moi, bien sûr. Michael grogne et baisse son arbalète. La métisse continue de me fixer. Je sais qu'elle essaye de lire dans mes pensées, mais, même sans mes pouvoirs, il en faut plus pour entrer dans ma tête. Elle finit par lâcher prise.
-Arrête de jouer à ce jeu avec nous, Hemmings, grogne-t-elle, et dis-nous ce que tu fais ici.
-Je vous ai dit que j'allais à D.C. Le reste ne vous regarde.
-Vous êtes sérieusement aussi débiles que vous en avez l'air ?s'exclame Michael. Il veut récupérer ses pouvoirs.
Je lance de nouveau un regard noir à ce mec. Il commence sérieusement à me taper sur le système. La métisse me regarde d'un air supérieur maintenant.
-Alors, comme ça tu veux aller à D.C pour récupérer tes pouvoirs ?
Elle éclate de rire.
-Et ça te dirait qu'on t'accompagne ?
-Comment ça ?je demande, incrédule.
-Je répète, ça te dirait qu'on t'accompagne ? Nous on va à D.C, pour d'autres raisons, mais on pourrait t'accompagner. Ça fait toujours du bien d'avoir quelqu'un de puissant parmi nous.
-Hale !
Michael a l'air énervé. Il lui demande de venir et je les entends se disputer en me pointant plusieurs fois du doigt. Je remets mon sac sur mes épaules.
-Désolé, mais je n'ai pas envie de vous accompagner, vu que je gêne, je déclare simplement avant de tourner les talons.
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Mutants (Muke Clemmings)
AventureLe jeune blond court comme un dératé. Il court comme si sa vie en dépendait. D'ailleurs, sa vie en dépend. S'il ralentit, le groupe de cinq chasseurs qui le suit ne fera qu'une bouchée de lui. Ah, elle est loin l'époque où il pouvait courir plus vit...