Mutants (Muke Clemmings)

XXII - Quarrel

Lorsque je parviens à me glisser dehors, je vois les deux mains d'Hemmings ensanglantées.

-Laisse-moi voir tes mains.

-Je ne suis plus un enfant, je peux me soigner seul.

Il sort des bandages de son sac et s'affaire à bander ses mains. Bordel il se débrouille mal, ce n'est pas comme ça qu'on bande correctement des mains. Je m'approche de lui.

-Laisse-moi faire, je sors.

Mais, au moment où je m'apprête à attraper les mains d'Hemmings, celui-ci les retire vivement.

-Je t'ai dit que je pouvais me débrouiller seul, non ?

-Tu fais n'importe quoi, enfin ! Jamais tu ne soigneras quoi que ce soit en bandant comme ça !

-Fiche-moi la paix merde !

Il me pousse violemment et je bute contre le mur de la cabine. L'espace d'un instant, je fixe Hemmings. Il est face à moi, ses deux mains repliées contre son torse, et je pourrais presque croire qu'il est terrifié.

-Hemmings, qu'est-ce qui ne va pas ?

-Allons-y, Clifford.

Et, avant que j'aie pu répondre quoi que ce soit, il se dirige vers là où allait la cabine. Complètement incrédule, je le suis.

Nous ne rencontrons aucun technicien sur la route. Soit la cabine a eu un bug, soit Ash et Hale s'en sont occupés.

-Comment vont Ash et Hale ?demande sèchement Hemmings.

-Qu'est-ce que j'en sais ? Je ne suis pas mentaliste.

Il se retourne vers moi.

-Donc tu laisses tes deux coéquipiers partir seuls sans aucun moyen de les communiquer ?

-Bizarrement, on n'a pas de téléphone, non, avec Twitter, en mode hashtag on est poursuivi ! Et de toute façon, même si on en avait, je te rappelle qu'il n'y a aucun réseau, donc ça ne servirait à rien !

Il souffle et reprend sa route, sauf que je ne le suis pas.

-Clifford, suis.

-Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

Il s'arrête et se retourne vers moi.

-Pardon ?

-Je répète : qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

-Je ne vois pas de quoi tu parles.

-Tu te fous de ma gueule j'espère ? Il y a à peine une petite heure, tu dormais littéralement sur mes genoux...

-Ça ne veut rien dire.

-On a baisé dans une putain de cabine, merde ! Ça ne veut rien dire ? Comme par hasard, nous étions nus et ton cul a malencontreusement glissé sur ma bite ? Arrête de te foutre de ma gueule ! On baisait il y a deux heures, et maintenant tu me traites comme... Comme un chien destiné à l'abattoir !

-C'est pourtant comme ça que tu me traitais avant.

-Et je regrette ! Je regrette tellement de t'avoir mal traité, mais est-ce une raison pour se venger de cette manière ?

-Oui.

-Arrête, tu n'es pas comme ça...

-Ah parce que maintenant tu me connais.

-Non, je ne te connais pas, je n'ai pas encore la chance de le dire, je ne sais pas ce que tu es mais je sais ce que tu n'es pas, et tu n'es pas ce gars condescendant et arrogant que u es maintenant !