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TU N'ES PAS UN CADEAU
Lydie Fassin Lamant
lydiefassinlamant
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     — Une fabrique de chaussettes a explosé dans la cuisine ? 

Travis Sullivan, la vingtaine, venait d'entrer dans la maison de celui qu'il considérait comme son beau-père bien que sa relation avec la fille de ce dernier soit un peu compliquée depuis quelques années.

Il revenait tout juste de son footing matinal malgré la fraîcheur de ce mois de décembre : nouveau rituel depuis son retour dans sa ville natale et espérait pouvoir embrasser son fils, Donovan, cinq ans, avant que celui-ci ne parte pour l'école avec son grand-père. 

L'homme appréciait particulièrement les efforts faits par son aîné, shériff de la bourgade, pour l'inclure dans le quotidien de l'enfant après toutes ses années d'absence dues à son service : le représentant de l'ordre lui avait proposé le petit appartement rénové dans leur garage avec un naturel désarmant quand on connaissait leur passif.

Le, alors pas encore, militaire de dix-neuf ans était sorti avec Mathilda –  May  – dix-sept ans, pendant plusieurs mois avant qu'ils ne découvrent que celle-ci était enceinte. Il avait voulu se montrer responsable en se présentant à la porte familiale mais avait été poursuivi dans la rue par l'homme, son arme de service – déchargée – à la main. Quelques semaines plus tard, alors qu'il venait d'annoncer à sa petite-amie qu'il s'engageait dans l'armée pour subvenir à leurs besoins financiers, entre autres, c'était elle qui l'avait menacé, de nouveau, dans cette même allée résidentielle, le fusil de chasse sous le bras. Il ignorait encore si elle avait pris les mêmes précautions que son paternel avant le suivre à grandes enjambées.

    — Elle prépare ses paquets aux soldats.

    — Elle fait des colis de Noël ? Depuis quand ? 

    — Depuis que tu es parti servir. 

    — Elle ne m'en a jamais fait à moi. 

    — Fiston, on se connaît depuis longtemps maintenant, est-ce que j'ai une tête à envoyer des caleçons à un autre homme ? Spécialement à celui qui a mise enceinte ma très jeune fille, juste avant de décider de s'engager ? 

    — Alors c'était elle ? Elle aurait pu le dire.

    — Elle était fâchée va, ne lui en veux pas.

Il n'était pas énervé, ni même étonné en fait : elle avait un sacré caractère déjà avant son déploiement alors qu'elle l'ait passablement ignoré pendant ses mois de mission, tout en prenant soin de lui en coulisse, ne le médusait pas. 

Elle avait décidé de rompre leurs fiançailles – il avait dit vouloir faire les choses bien avec elle et prendre ses responsabilités – quand il était parti bien qu'elle sache pertinemment que c'était pour leur bien à tous les trois, mais avait gardé contact avec sa famille pour leur permettre de connaître le petit et à chacune de ses permissions, sa sœur, Tania, faisait le tampon entre les deux maisons pour qu'il puisse voir son fils – celui-ci avait sa propre chambre chez ses grands-parents paternels avant même le premier congé de son père – mais à présent, il espérait bien reprendre sa place au sein de sa famille, y compris dans la vie sentimentale de la jeune femme.

Travis, après avoir longuement embrassé le petit – très en forme déjà à cette heure matinale et qui palabrait à grande vitesse en même temps qu'il lui faisait ses lacets – retrouva la coupable dans la salle à manger. Elle avait colonisé la longue table en bois également de toute évidence.

     —  Je n'ai jamais reçu de bonbons en forme d'étoiles, moi. 

    — Ils sont à l'anis, t'as horreur de ça, répondit May avant de se rendre compte de sa bourde. 

Bibliothèque de l'AventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant