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POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE
Carole Favreau
Maëlle Grimaud
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❄️POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRECarole FavreauMaëlle Grimaud❄️

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L'air était glacial à cette période de l'année. Un froid saisissant, même à travers la couche de vêtements que j'avais enfilés. Je l'attendais comme chaque Noël devant le bar qui nous servait de repère. Sauf qu'il était aujourd'hui fermé, tout comme les restaurants de cette rue habituellement si animée. De la buée se formait désormais sur mes lunettes. Fichu masque ! Les décorations avaient beau illuminer les façades et les pavés, l'ambiance était pesante et le brouillard installé sur mes verres me donnait l'impression d'être immergée dans un film policier des années 1980. J'orientais ma tête comme je pouvais pour tenter de voir à travers les quelques millimètres de verre dégagé. Je n'y voyais vraiment pas clair. Tout comme je ne comprenais pas son dernier message, un SMS énigmatique. Et à quoi allaient ressembler nos retrouvailles cette année ? Pas d'accolade chaleureuse ni de bise ?

Le revoir était toujours une épreuve. Mon corps m'exhortait à accepter ses invitations de dernière minute quand mon esprit, lui, me rappelait que chaque fois, j'en souffrais... Et aujourd'hui, tout s'annonçait tellement plus compliqué. Comment allais-je deviner ses pensées ? Lui qui était toujours si avare de mots. Depuis des années, j'avais pris l'habitude de déchiffrer les expressions de son visage, sa façon de froncer sa bouche quand il était contrarié, son sourire complice quand il cherchait à me provoquer.

Le froid me rappela à l'ordre et glaça mes pensées. Je resserrai mon écharpe pour bien couvrir chaque espace de mon cou. J'enfonçai de plus belle mes mains dans mes poches. L'une davantage que l'autre dans celle de gauche, trouée. Quand me déciderai-je enfin à la recoudre ? Je venais de trouver ma première résolution pour la nouvelle année à venir ! Je revins peu à peu à la réalité. On n'était que le 21 décembre, jour du solstice d'hiver, jour le plus court de la nouvelle saison. Paradoxalement, comme il me semblait long ce temps qui s'étirait à n'en plus finir. Je regardais, sans les voir, les gens passer, quand deux yeux s'approchèrent de moi. Après mes pensées, tout mon corps se figea à son tour.

J'arrivais toujours la première lors de ces rendez-vous improvisés, vingt minutes avant l'heure fixée, pour le voir venir vers moi. Je n'aimais pas l'attente souvent interminable durant laquelle j'imaginais à l'avance toutes les conversations qui pourraient nous animer. Pourtant, je me refusais d'abandonner ce peu de temps que je m'accordais à espérer. Chaque fois que je le voyais avancer, de cette démarche si assurée, mon cœur s'emballait. Aujourd'hui, je ne l'avais pas entendu ni vu s'approcher. Je n'avais pas eu le droit de le dévorer des yeux pendant ces quelques minutes où il aurait été encore trop loin pour le deviner.

Ce même bonnet, ces mêmes yeux, ce même visage familier sans le sourire, la barbichette cachée et ses lèvres tant désirées envolées. Des lèvres que je ne pus pas voir bouger et un bonjour inaudible. Juste son regard posé sur moi, nulle part ailleurs. Mon cœur battait fort, mes joues étaient rouges mais ce n'était plus seulement que de froid. Mon réflexe fut de retirer mes lunettes, pour mieux le voir, c'était un comble, geste que je ne faisais jamais en présence de quelqu'un d'autre que lui. Lui seul me connaissait au naturel, sans artifice, même essentiel. Il était tout près et je le voyais assez nettement malgré ma vue malhabile. Tenir ma monture d'une main me donnait une contenance tandis que de l'autre, je replaçai mes cheveux qui n'en avaient nul besoin pourtant.

Bibliothèque de l'AventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant