Zircon aux deux facettes

Prologue : Transparence

Bienvenue sur ce thriller, vous qui avez probablement atterrit ici par hasard.

Cette histoire est travaillée depuis plusieurs années dans mon esprit, et enfin couchée sur "papier". Je posterai régulièrement de nouveaux chapitres, n'hésitez pas à laisser un commentaire pour m'encourager et donner votre avis ou vos impressions sur qui se cacherait derrière "IL".

Je vous souhaite à présent une bonne lecture ainsi que de bon frisson!

( Merci à Kimblette pour sa correction!)

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Des centaines de couleurs se reflétaient dans le miroitement de ses iris. Un véritable spectacle de lumière dansait devant ses pupilles, se rétrécissant en deux fentes, tel un chat en chasse.

En chasse, il l'était bel et bien.

Son sourire malicieux et joueur s'étendait sur ses joues moites, caressées par le vent d'un soir d'été, en plein mois de juillet. Autour de lui, c'était l'effervescence. De la musique remontait des enceintes accrochées tout autour tandis qu'un brouhaha indescriptible parvenait jusqu'à ses oreilles. Il observait tout ce beau monde, en silence, dans le plus transparent anonymat. On ne le regardait pas, on ne faisait pas attention à lui tandis qu'il sirotait tranquillement une canette de soda.

Son regard d'une profondeur abyssale se posa sur ce qu'il convoitait. Ses lèvres s'étirèrent davantage, parcouru d'un spasme d'impatience et d'excitation. L'attente en valait toujours la peine. Le frisson du désir, les derniers instants avant de passer à l'acte... Hmmm, il savourait plus que tout ce moment suspendu. Entre l'avant et l'après. Le meilleur ! Son entrejambe s'était durcie à cette pensée et il se décala davantage pour observer et détailler une dernière fois ce qui allait bientôt lui appartenir.

Le chasseur fixa sa montre : encore quelques minutes et il se lancerait. Son souffle et son cœur s'accélérèrent d'avantage et il expira de plaisir tout en se décollant lentement de l'arbre où il s'était posé.

Ses yeux ne lâchèrent pas un instant l'objet de son attention tandis qu'il glissait dans la foule comme un chat gracieux. Pas un visage ne se tourna sur lui, pas une personne ne prêta la moindre attention à cet inconnu parmi tant d'autres. A cette personne quelconque qui... salivant le bout de sa lèvre inférieure, s'approcha de sa proie.

Proche de lui, une magnifique demoiselle aux longs cheveux d'un blond doré faisait sautiller sa queue de cheval d'un pas agité. Elle était accompagnée de ses amies et riait à gorge déployée. Sa beauté ne laissait pas les hommes indifférents sur son passage mais elle ne semblait pas s'en préoccuper. Amusée, heureuse, elle parlait avec le ton rapide de l'euphorie. L'ambiance estivale la rendait encore plus belle mais... Ses yeux... Ah oui, ses yeux étaient le chef d'œuvre de son corps. Son âme ouverte sur le monde, empreint d'une lumière forte, d'une grande bonté. Attiré comme un moustique par une lampe, le chat se rapprocha davantage, la suivant de près.

Au même instant, une autre femme arriva en face de la blonde. Des cheveux de feu attachés en une natte, elle tenait le bras de son compagnon, lui souriant avec amour. Surpris par ce moment, le chasseur fit une halte pour admirer la scène. Happé par la tendresse des yeux de la rousse il frémit de béatitude.

Les deux femmes se croisèrent l'espace de quelques secondes, leurs iris se chevauchant pendant un temps d'arrêt avant de repartir chacune de leur côté, sans savoir une seule seconde que leur destin était déjà scellé. Que cette inconnue n'en serait plus une...

Tout à coup, les lumières se baissèrent et une voix crépita dans les hauts parleurs. Le clou du spectacle allait commencer. Il invitait tout le monde à prendre place.

Ses pupilles de chat reprirent alors la grosseur de la pénombre, recouverts d'un voile noir ténébreux tandis qu'il savourait une toute dernière fois cette image imprévue de LEUR rencontre. Il en rit, intérieurement. Plus il jubilait, plus il bandait.

Et, tandis que la foule se délitait vers les hauteurs, le chasseur se mit en route.

Après des minutes suspendues dans la nuit noire, où la musique et les voix s'entremêlaient dans cette attente festive, le ciel s'illumina. Le premier coup retentit en une gigantesque explosion devant la lune en croissant et ses milliers d'étoiles. Les yeux se fixèrent tous sur cet infini ciel nocturne, admirant avec ravissement les feux d'artifice du quatorze juillet deux mille vingt-et-un. Le premier, enfin, depuis la fin de cette fichue pandémie. Une libération pour beaucoup !

Heureux, les spectateurs crièrent et pointèrent du doigt les plus belles explosions tandis que des dizaines de milliers de couleurs recouvrirent leurs iris attentives. Quelques enfants se bouchèrent les oreilles, incapables malgré tout de baisser les yeux devant ce spectacle d'une grande beauté.

Les feux durèrent quinze minutes, au grand ravissement des centaines de personnes présentes, le cou tordu vers l'espace infini recouvert de paillettes de toutes les couleurs.

Lui aussi regardait attentivement ce grand final. Il était vraiment exceptionnel ! Digne de l'attente qu'avaient provoquée les années précédentes. A nouveaux, ses iris se recouvrirent d'une multitude de couleurs, aspirés par le gouffre insondable de son âme.

Quand la dernière boule de feu s'éclata en plein ciel, crépitant de tout son être éphémère pour sonner son propre chant du cygne, le chasseur applaudit avec la foule. Bien qu'il fut à l'écart, il accompagna les autres dans leur joie et laissa exploser un râle de jouissance.

Oui, le spectacle était fini : tout du moins pour les autres. Car pour lui... Cela ne faisait que commencer !

***

La route fut longue mais paisible.

Il emprunta l'autoroute un long moment, accompagné de musique qu'il aimait, chantonnant en laissant tout son corps savourer son plaisir. Quand il prit la dernière sortie après avoir passé le péage, il s'enfonça dans les villes puis dans la nature. La chaleur étouffante de l'habitacle lui fit ouvrir les fenêtres tandis qu'il inspirait à grandes goulées l'air doux de l'été à la saveur si particulière. Surtout après des journées de canicule comme il y avait eu cette semaine.

Pris dans l'extase de sa soirée, le chasseur arriva bien vite chez lui, saluant au passage quelques connaissances qu'il croisa de bon matin, se dirigeant vers leur travail. L'aube se levait lentement, alors que l'homme fit ses manœuvres pour entrer dans son garage.

Sans une once d'inquiétude, il sortit doucement de son véhicule, les pieds claquant avec une démarche lente sur le béton craquelé. Il ouvrit son coffre avec précaution et contempla ses jolies proies endormies, serrées l'une contre l'autre.

D'un regard tendre il fit glisser ses doigts sur leur peau de pêche. Elles étaient douces et bien chaudes. Il étira davantage ses lèvres avant de poser un baiser sur leurs joues puis de les contempler. Ses trésors rien qu'à lui ! Ses nouvelles Précieuses !!

- Saphir... Lazuli... Chuchota-t-il mielleusement.

Le jour se levait sur les vitres crasseuses du bâtiment. Jour qui se refléta dans les iris du prédateur. Il ne put détacher son regard de leurs corps entremêlés, laissant couler dans ses veines encore un peu du plaisir de sa soirée de chasse.

Quand il eut finit de les déplacer et de les poser dans leur nouvelle demeure, le chasseur reprit ensuite la route de son quotidien.

Le plus naturellement du monde.