Chp 10 : Pierres précieuses

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« Attachée solidement à une chaise en ferraille, par les bras et les jambes, ELLE ne pouvait plus faire un mouvement. Sa respiration s'accéléra au point de l'étouffer. Les sons des multiples chaines comme la sienne cliquetaient autour d'elle, offrant à la pièce une mélodie funeste. Tous les visages qu'elle voyait exultaient la peur et la détresse. Tous sauf un. Celui posé au centre de la table de chirurgie, vide de toute émotion, de toute réaction... Presque serein de bientôt partir.

C'était l'heure du polissage.

Le corps d'Hématite était attaché en croix sur l'étal froid en acier inoxydable. Elle ne bougeait pas, ne criait pas. Elle attendait, les yeux encres rivés vers ailleurs. Ses long cheveux noirs reposaient sous elle, sous ce corps squelettique, recouvert de blessures, de griffures et de morsures auto-infligées.

- Il est temps de te redonner ton éclat, et ce, pour l'éternité. Ton âme sera mienne, ma belle hématite. Toi et moi, ensemble, pour toujours !

L'homme tournait autour de la pierre noire, lui baisant le front, lui caressant la joue. Ses yeux aux multiples reflets donnaient l'impression d'une folie pure tandis que son corps se tendait d'impatience. Il avait hâte de la faire devenir éternelle, de la polir jusqu'à ce que son éclat brille sur lui pour toujours ! C'était un de ces moments où il avait de la peine de perdre un si bel élément mais une joie sans nom de la graver dans sa collection.

Sa langue passa sur sa lèvre inférieure, extatique, puis il s'avança avec ses outils chirurgicaux.

- Je t'aime. Ma précieuse.

D'un grand sourire il posa sa main qui recouvra toute sa poitrine. Celle-ci se souleva à plusieurs reprises tandis qu'il écoutait les derniers battements de son cœur. L'instinct de mort imminente prit la pierre noire. Elle se mit à gesticuler et crier de manière éraillée. Zircon la rassura avant de se saisir d'une pince et d'un ciseau aiguisé.

Alors, les yeux exorbités, ELLE regarda. Elle fixa le spectacle, n'ayant aucun autre choix. Le sang se mit à gicler jusqu'à son visage tandis que les cris faisaient vriller ses tympans. Entre les gémissements et l'agonie. C'était un bruit assourdissant, mélangé à celui des instruments pénétrant dans la chair dans un son de succion et d'aspiration. Bâillonnée elle ne put émettre le moindre autre cri que des plaintes et de la bave qui coula le long de son cou. Elle et les autres avaient beau fermer les yeux pour s'empêcher de voir, elles assistaient quand même à tout. Elles entendaient et vivaient l'instant, tremblantes de la tête aux pieds.

Tandis que l'innommable se passait devant elle et que son corps se recouvrait de fluide corporel, ELLE se fit une promesse : Celle de ne jamais finir sa vie de cette manière !»

Ses yeux s'ouvrirent.

ELLE respira difficilement et observa la blancheur de son environnement lui piquer la rétine. Le néant l'accompagnait. Le vide abyssal. Elle ne savait pas, ne savait plus, ne comprenait pas, plus... Rien. Tout s'embrouillait, tout mourrait à l'instant même où elle voulait penser.

Puis, elle vit une chose.

A quelques mètres d'elle, une créature de neige, blanche comme le lait était présente. Comme un décor parmi la blancheur des lieux. Il tourna alors ses yeux clairs vers elle.

*

Silver referma lentement son PC portable, ne lâchant pas des yeux Jane Doe. Celle-ci ne fit aucun geste, de marbre. Il se leva et se rapprocha tout doucement. Un réflexe, elle se recula sans détacher son regard aussi grand et profond qu'un abysse.

Zircon aux deux facettesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant