Zircon aux deux facettes

Chp 8 : L'Accident

Les choses sérieuses commencent :3

Bonne lecture!

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Le maigre croissant de lune illuminait l'infinie forêt du Grand Est, vaste étendue de verdure dont le piège d'orientation pouvait s'avérer fatal. Une grande partie laissée à l'état sauvage devenait jungle lorsqu'on osait s'y aventurer. Tout se ressemblait, tout vous entournait... Et les ténèbres, tapies tout autour des troncs noirs, vous engloutissaient.

Dans cette nuit à la pression atmosphérique pesante, un corps nu dévala les pentes de terres, recouvert de mousse et d'humus. Tandis que ronces et branchages lui griffaient la chair, celui-ci se releva aussitôt. A l'affût, il reprit sa route sans une once d'hésitation. L'adrénaline pulsait dans ses veines, maintenant le tout en mouvement accéléré faisant fi des obstacles et des douleurs. Le cœur et les poumons donnaient leur maximum, bien au-delà des limites de la personne. Le souffle court et saccadé, les membres tendus, le corps s'enfonça davantage dans ce labyrinthe infranchissable de branches, d'orties et de buissons sauvages.

Un cri étouffé s'échappa de l'inconnue qui marcha sur quelque chose de pointu et d'affreusement douloureux. Elle s'effondra. Grogna en ôtant des aiguilles de hérissons. Puis se releva en reprenant sa route. Elle fusa son regard à droite, à gauche, au centre. Tout se ressemblait, tout était terriblement sombre et crochu. Haletant, elle enjamba un tronc couché pour dévaler un autre trou de terre qui la coinça quelques secondes.

Allait-elle un jour voir le bout de ce cauchemar ? Allait-elle un jour enfin voir la lumière dans les ténèbres ?! Enveloppée de frayeur, parcourue de spasmes électriques, l'inconnue se dirigeait toujours plus profondément dans l'abime feuillu, incapable de s'orienter, incapable d'arrêter sa course. Elle savait ce qui l'attendait si elle se faisait prendre... Elle savait que cette douleur qu'elle ressentait actuellement ne serait rien en comparaison de l'infâme torture qu'elle recevrait en retour...

A l'aide ! Pitié !!!

Incapable d'émettre un son. Incapable de sortir de là. Incapable d'échapper à son funeste destin... L'inconnue dut ralentir à cause d'un dénivelé qu'elle dévala en trottinant. Non loin, elle entendit des craquements, des bruits de pas... Elle savait que le traqueur était proche. Qu'il la rattraperait inexorablement quand son corps lâcherait...

AU SECOURS !!! JE VOUS EN SUPPLIE !!! AIDEZ-MOIIII !!!

Une branche, un caillou, des orties. L'inconnue se crispait de douleur, courant toujours plus vite, à en perdre ses poumons. Il se rapprochait, elle exultait d'angoisse. Dans sa plus profonde agonie, ses yeux suppliants cherchaient la moindre échappatoire. En vain. La forêt n'était qu'une réplique d'elle-même. Une barrière de bois infranchissable qui finissait d'achever tout son courage et sa maigre volonté de fuir. La proie vacillait, les pieds se mirent à ralentir. Depuis longtemps dépassées, les limites de ses forces vinrent couper son élan.

Elle dut s'arrêter mais décida de continuer en trottinant, motivée par la peur du désespoir qui l'attendait. L'âme tourmentée tendit les mains, invoquant un miracle. Seul un hibou lui répondit d'un hululement funeste, présage de sa future mort. Elle l'entendit, au loin. Le chasseur suivait sa trace. Le bourreau allait la dévorer toute crue !

Les yeux exorbités, l'inconnue reprit une toute dernière énergie. Parcourue de désespoir, elle passa de tronc en tronc, de souche en souche, les mains tendues vers l'avant. Ses cheveux crasseux voletaient dans son dos, son corps meurtri ne ressemblait plus qu'à une vulgaire poupée de chiffon abandonnée trop longtemps dans la nature. Mais elle vivait encore. Elle respirait encore. Donc elle espérait encore...