Zircon aux deux facettes

Epilogue : Comme un diamant aux milles reflets

Vingt-trois meurtres, plus d'une centaine de chefs d'accusations, dix-huit années de parcours sanglants, un seul homme : Christian Langlois. Alias Gabriel Perret. Alias Zircon.

Silver et Nicolas se trouvaient assis face au monstre, dans un silence de mort. Les trois paires d'yeux se fixaient, se remémoraient, se jaugeaient. Silver fit un rapide tour de l'état lamentable du criminel : large entaille cicatrisée dans le cou, boitillement lors de son arrivée, reste de plaies sous la forme de tâches sombres et surtout, son œil droit en moins qu'il cachait derrière un cache avec la plus grande honte. La moitié de son âme était partie, alors plongé dans un profond désespoir comme le remarqua tout de suite Lepine. De retour dans le passé, comme lors du suicide de Maeva ou de la mort de Marc. Brisé, tant sur le plan physique qu'émotionnel. Les filles avaient frappé fort, songea le psychiatre. Il n'était plus que l'ombre de lui-même.

- Tu as l'air en forme, ironisa le Major pour entamer la bataille.

Christian crispa sa mâchoire, les poings posés sur la table. Il osa un sourire désinvolte.

- Toi aussi.

L'albinos avait toujours la peau marquée par le soleil et les quelques écorchures dues à la chute.

- C'est que j'ai une super petite sœur comme infirmière à domicile pour s'occuper de moi. Je suis gâté. Sans compter Ariana, Tiana, Eliott, Michael et Nik' pour me tenir compagnie.

- Comme c'est mignon, tu t'es fait plein de petits copains. Même si tu sais aussi bien que moi que ça ne durera pas. Tu es trop spécial pour eux et inversement, ils ont trop subi pour vivre en paix.

Il se rengorgea. Nicolas prit la parole à son tour avec son sourire amusé de tous les jours.

- Penses-tu, je vais bien m'occuper d'eux, ils seront comme neuf en deux temps trois mouvements. Et puis, leur lien est indestructible maintenant, grâce à toi. On en serait presque à te remercier !

Silver le gratifia d'un regard dur.

- J'ai dit presque !

Le psy ricana.

En face, Christian cachait sa colère. Ignoré, soumis, mis à part... Sa plus grande crainte.

- Tu as le droit de continuer à travailler en tant que psy' malgré ton affaire ? Ca m'étonnerais fort que tu puisses encore exercer, assena-t-il. Tu iras toi aussi derrière les barreaux. Et je t'y attendrais.

- Tu peux attendre longtemps, j'ai déjà été jugé.

- Impossible. Ca prend des mois. Je ne savais pas que tu mentais si mal.

- Arrêtez de toujours croire que je mens ! S'offusqua faussement Nicolas d'un regard vers Silver. Pour mon aide apportée dans ton affaire et l'appui d'un certain juge après une demande d'un certain Major... Mon dossier a été révisé à la baisse. J'ai plaidé coupable devant un jury express pour recels et détérioration de cadavres, balancé mes contacts dont notre bon maire, Tom, qui a dû démissionner sous le coup de pression de la justice, et j'ai choisi la liberté conditionnelle. Pour ma bonne foi et mes états de services auprès des patients je garde ma licence sous surveillance tout en effectuant des services civiques en retour. Ensuite, si tout se passe bien, je pourrais être officiellement libéré par la justice.

- Ca ce n'est pas juste.

- Je n'ai tué personne, moi, après tout !

Nicolas s'amusa de le voir se tendre tandis que Silver reprit la danse.

- Alors, tu penses que Maeva serait fière de toi après tout ça ? Qu'elle aimerait un tel fils ?!

- Je t'interdis de prononcer son nom.