Fastcopy V2

83 7 37
                                    

Duo et Tensor suivaient le Programmeur de près, collés au bord de la voie express, comme des rats pressés d'aller ronger des câbles. Ils en avaient certainement pour plus d'une heure de marche avant de rejoindre Brown Inc. Avec un peu de chance, cela suffirait à l'agent pour enfin comprendre ce que Zorbist avait fait. 

— J'aimerais que vous m'expliquiez bien clairement, pourquoi cette équipe de dégénérés en avait après vous et vos programmes.

— Ah, mais je n'en n'ai aucune idée ! répondit l'homme aux cheveux noirs du tac au tac.

— Vous êtes un sacré blagueur vous.

— Je suis un honnête travailleur. Je n'aime pas les ennuis.

— Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins : tout d'abord, votre parcours a généré suffisamment d'anomalies, pour que l'Algorithme ne me lance à votre recherche. Ensuite je vous arrête, et vous arrivez à vous échapper grâce à un quidam, qui ne se rappelle même pas de ce qu'il a fait, et qui n'a aucune trace de ce qui est arrivé dans ses logs. Après, une Antétesteuse se débrouille pour me voler l'enregistrement que j'avais, puis kidnappe mon ami Nvi et se débarrasse de lui avec ses associés, qui sont encore pires qu'elle. Tout ceci en effaçant presque tous les logs sur leur passage. Pour couronner le tout, en ce moment, vous faites tourner un programme d'anonymous complètement illégal. Et vous me dites que vous êtes un honnête travailleur ? Vous êtes un sacré connard, en fait !

Envahi par un flot de colère, Duo bondit sur Zorbist. Il n'eut pas le même succès que lors de leur rencontre devant les établissements Swagmiel : le programmeur était visiblement sur ses gardes ; il esquiva son attaque et plaqua l'agent contre le sol.

— Qu'est-ce que vous avez fait ? hurla Duo en se débattant. C'est quoi vos programmes ?

— Je n'ai rien à vous dire de plus. Vous m'aidez à récupérer ma clé, je trouve où les salauds sont planqués, et vous vous en occupez. Ce n'est pas mon boulot. Je ne suis qu'un programmeur. Je ne veux pas être mêlé ...

 Il relâcha son étreinte et s'effondra sur le sol, laissant apparaître le Disciple radieux.

— Je n'ai pas pu me retenir.

Duo saisit la main que lui tendait son ami et se releva. C'était déjà la deuxième fois qu'il lui sauvait la mise. « Vos énergies n'étaient pas trop alignées » lui expliqua-t-il. Si seulement Tensor arrivait à mieux se maîtriser ... Zorbist reprit rapidement connaissance :

— C'était quoi ? demanda le programmeur en les regardant, les yeux vaseux. Que m'est-il arrivé ?

— Vous avez contrarié mon ami, alors il vous a calmé. Alors vous allez répondre correctement à mes questions, sinon, on vous en remet une et je vous traîne par les pieds jusqu'à la station.

— D'accord, d'accord. 

Il baissa les yeux.

— J'ai écrit quelques utilitaires pour me faciliter le boulot. C'est stressant la vie de développeur. Il faut toujours rendre son code dans les temps pour la prochaine livraison. Quand il y a des erreurs, on a des pénalités. Même si nos lignes sont belles. C'est injuste. Tout ça pour le profit. On nous presse comme des citrons pour aller toujours plus vite. Nous ne sommes que des pions au service du système qui nous écrase jusqu'à ce qu'on s'écroule. Un jour, j'ai dû laisser partir une extension pour les broyeurs. On n'avait même pas pu tester le déploiement avec des données réelles. Mon code était parfait, un des plus beaux que j'aie écrits de ma vie. Mais la mise en œuvre a complètement foiré. Comme la machine tournait au moment où ça s'est passé, elle est partie en vrille et a bousillé les canalisations. Il a fallu un mois pour tout remettre en ordre. L'assurance a payé, ça n'a rien coûté à  Brown, mais j'ai perdu tous mes points. Ils ont revu mon code et ont jugé qu'il était incompréhensible, que je représentais un danger pour la société. Quelle bande d'ignares et d'incapables. Heureusement, j'avais relevé les failles du système de distribution des programmes embarqués, alors un ami a bien voulu me reprendre dans son service et...

RecodeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant