(Artiste : Shizume_06, ?)
« Cyno, mon amour. »
Un doux bruit de baiser transperça l'air, alors que les lèvres délicates d'une jeune femme chatouillaient la joue d'un enfant souriant jusqu'au oreilles. Ses petites fossettes saillaient ses joues rebondies, ses yeux doux et plissés par son rictus brillaient comme deux étoiles ardentes, et il ne fallut que peu de temps avant qu'une pluie de bisous baveux ne vienne humidifier son visage juvénile. Il ria à gorge déployée en sentant le papillonnement de la bouche de sa mère, son parfum sucré s'élevait dans son atmosphère, noyant ses sens dans la contemplation de la sérénité, de la quiétude, de la perfection du corps de sa génitrice, son propre être contre sa peau brûlante et réconfortante. Deux grandes mains se saisirent de son petit corp, alors que l'attaque d'affection prenait fin, le soulevant vers une poitrine chaleureuse contre laquelle il se lova sans attendre, tout en entourant ses petits bras au cou de celle qu'il appelait tendrement « maman ». Il flottait dans l'étreinte paisible de cette dernière tout en regardant par dessus son épaule la silhouette de sa chambre s'amenuiser. Ses paupières se refermèrent progressivement au même rythme que les pas de la jeune femme, pour le plonger dans une obscurité avenante, lui faisant goûter à une prolongation des sensations de cet embrassement agréable. Il s'agrippa une peu plus fort aux vêtements émeraudes et soyeux de l'adulte, faisant de son mieux pour que ses petits doigts potelés puissent les saisir le plus fort possible. Un sourire fébrile et secret naquis sur son minois, contre la clavicule du buste qui l'abritait, sa mère dû le sentir car son épiderme frissonna soudainement, elle redressa légèrement son fils pour l'admirer de nouveau.
« Quelque chose ne va pas mon chéri ? »
Il voulut secouer la tête en signe de désapprobation, mais ses vertèbres restèrent de marbre et ses muscles se raidirent comme ceux d'une statue. Ses grands yeux ambrés scrutaient les traits fins de sa bien-aimée, il était hypnotisé par son magnifique visage, celui de ses vingt-sept ans. Une folle envie lui prie soudain et il rehaussa son bras, frôlant du bout des phalanges la joue basanée et parsemée de taches de rousseurs de sa génitrice. Elle rit. D'un son cristallin et divin, comme un chant de rossignol à l'aube d'une longue nuit terrifiante, comme un sauveur qui faisait danser les rosées, un écho enchanteur qui transforma l'enfant en une poupée immobile, le serra dans une caresse fraîche et orangée humant le miel, le plongea dans une mélodie, une berceuse qui l'éveillait des ses pires cauchemars, l'entendre parler de la sorte le faisait ressusciter à chaque fois. Son autre main allait s'apposer sur l'autre partie de son faciès, avant qu'un bruit sourd ne le fasse sursauter. Cyno ouvrit brusquement ses yeux, il avait été tiré de sa réminiscence par un pot de fleur cassé.
***
Cyno était bloqué à Sumeru depuis plus d'une semaine et sa situation le frustrait au plus haut point. Les papiers administratifs, l'atmosphère lourde de la forêt, ses problèmes vacants et la foule de la ville le poussaient dans ses derniers retranchements. Il se dévouait corps et âme à son métier, protégeant Sumeru du mieux qu'il le pouvait, mais parfois, il lui arrivait d'accumuler tellement d'événements incongrus et d'émotions inhabituelles qu'il se devait simplement de s'isoler un instant dans un paysage déshumanisé. Généralement, il marchait plusieurs heures dans le désert nocturne en contemplant le ciel étoilé qui dessinait une carte lumineuse de sa destination inconnue, respirait l'air frais de la pénombre et sentait la plante de ses pieds être engloutie par le sable glacé, parvenait à scruter les vols irréels des vautours autour des temples désolés et les bruits distincts des scorpions qui remuaient le sol en quête de nourriture, bousculait les virevoltants avec nonchalance et ramassait quelques noix d'ajilenakh dans l'espoir de décocher un sourire aux enfants du village d'Aaru. Toutes les activités proposés par son pays natal plongeait son esprit dans une transe agréable qui le coupait du monde extérieur, il n'avait plus la notion du mal ou du bien, ni l'attention constante qu'il se devait d'arborer en présence de tiers, il pouvait se détendre sans craindre qu'on ne le prenne pas surprise, sans se soucier de sa position, ni de sa réputation.
Réputation.
Il grogna doucement en réitérant ce terme dans ses pensées. Une réputation, une voile social qui définit toute notre personne par de simples accumulations d'actions qui nous limitent. Il détestait cette construction purement humaine à laquelle il se contraignait, mais en étant lui même un, il ne pouvait y échapper. Il soupira. Il ne voulait plus y penser.
Quelques incidents l'avaient mené à vouloir s'éloigner de la capitale un moment et mettre son travail en suspend le temps d'un après-midi, il se trouvait donc dorénavant au cœur de la forêt d'Avidya, non sans quelques résignations. Il n'aimait pas les bois. Il n'aimait pas les énormes arbres qui le dominaient et formaient une cage parfaite au-dessus de son crâne, bouchaient le ciel avec leurs branches sombres et immenses. Il n'aimait pas le sol dur et boueux de la zone tropicale sujette à des averses régulières, ses pieds étaient toujours sales après ses excursions, et des morceaux de terre se logeaient entre ses orteils. Il n'aimait pas l'ambiance, le calme perturbant du paysage, le silence n'était jamais réellement présent, les petits cris d'animaux, les chants des fongus, toujours vivaces dans les sons de l'atmosphère. Il n'aimait pas cette sensation de claustrophobie lors qu'il traversait des passages étroits sillonnés par les gardes forestier. Il n'aimait pas les bois. Et pourtant il tapait depuis plusieurs minutes dans le même cailloux, sans réfléchir ni regarder ou son jeu le menait, en écoutant d'un oreille paresseuse les paroles lointaines des autres êtres vivants de son environnement. Il faisait abstraction pour une fois de son hantise des espaces verts et se contenta d'admirer le parterre brun et jonché de feuilles mortes. Il releva une seule fois le regard lorsqu'un couple de fauconuits s'envola bruyamment dans un cri perturbé d'un taillis feuillus, arquant un sourcil comme pour signifier aux deux oiseaux « je fais si peur que ça ? », cet affront lui tira un pincement au cœur, mais il n'en fit rien. Son gravier était bien plus intéressant pour une fois, et il ne supporterait pas de se tracasser sur une affaire aussi triviale, il continua de frapper dedans en avançant pensivement sur le chemin qu'il se frayait lui même à la force de son pied, son cou commençait à lui faire mal à force d'être penché, mais il l'ignora naturellement. Ce ne fut que lorsqu'il perçut un bruit sourd en provenance d'un arbre adjacent qu'il se redressa, alerté. Il réussit à percevoir un petit couinement surpris, et quelques bruits de bonds précipités avant qu'une silhouette insaisissable ne fonde dans un buisson voisin. Il tenta d'accourir le plus rapidement possible vers cette dernière, mais lorsqu'il écarta les branches serrées du feuillage, il ne trouva rien de plus qu'un vide déconcertant en son centre. Il claqua sa langue contre son palet, frustré.
Je suis devenu sénile ? À mon âge ?
Il examina furtivement les alentours à la recherche d'un autre potentiel acteur de ce son étrange qu'il avait entendu, ce n'est qu'à ce moment qu'il remarqua finalement un corps sombre qui s'étendait sur les racines noueuses d'un arbre, un visage humain et clair tourné vers le ciel ensoleillé qui laissait quelques taches de lumières se perdre sur les joues de son propriétaire. L'habitant du désert voulut se faire le plus discret possible et s'avança sur la pointe des pieds vers l'individu qui semblait inconscient. Il possédait deux grosses bottes boueuses et sombres qui lui donnait un air de fervent randonneur, toutes deux surmontées par un saroual rayé et obscur, dont une bande rouge faisait ressortir les nuances. Sa taille était marqué par deux ceintures colorées par des teintures de violet foncé, l'une d'entre elle était une agus (ceinture tressée), avec un filament bleu turquoise captivant, quelques ornements ronds étincelaient sous les rayons filtrant les branches, l'un d'entre eux soutenait un œil divin Dendro qui brillait de mille feux, ne pouvant échapper à l'attention du Général Mahamatra. Le torse de l'individu était recouvert d'un djellaba (le "hoodie") ample qui reprenait les mêmes nuances que ses autres vêtements, une tunique (burnous) blanc cassé était le seul élément clair de sa tenue, elle formait un voile qui pendait de son épaule droite, et une broche dépeignant un tournesol la maintenait en place avec le reste des tissus. Ses yeux se perdirent dans une contemplation intense en remontant lentement vers le visage du bel endormi, et ce n'est qu'en distinguant des mèches tilleuls et deux grandes oreilles vert mine que Cyno prit enfin conscience de l'identité de ce dernier.
Tighnari ?
Il bondit aux côtés de son ami avec précipitation, comment n'avait-il pas sut le reconnaître ? La dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés, l'obscurité avait rendu les traits de son compagnon relativement flous, mais il l'avait connu suffisamment longtemps pour savoir le distinguer même dans une foule de sumériens, il ne pouvait admettre son erreur même face à cette réalité, à ses yeux le fennec était plus que remarquable, il ne pourrait jamais échapper à son attention. Il s'empressa de saisir sa main nue dans les siennes et de presser ses pousses sur sa paume.
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Le commandant qui m'aimait - [CYNONARI]
Fanfiction[GENSHIN IMPACT] Univers Alternatif Cynari / Cynonari / Tighcyno Tighnari a toujours été un enfant curieux, plein de soif de savoir, avec un esprit en constante ébullition. Cyno a toujours été un enfant derrière un mur, plein de soif de justice...