Chapitre VIII : Le cobaye des Fatuis

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Arc II : l'éveil du printemps
Tighnari a 19 ans et est garde forestier en chef, diplômé de l'Académie depuis un an
Cyno a 21 ans et est Général Mahamatra

Arc II : l'éveil du printemps Tighnari a 19 ans et est garde forestier en chef, diplômé de l'Académie depuis un an Cyno a 21 ans et est Général Mahamatra

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(Artiste : velvet_kt, ?)

Le soleil déclinait lentement dans le vaste ciel dégagé de la fin d'été, des dégradés chauds et sombres teintaient l'atmosphère d'une lueur orange et sereine, baignant le paysage d'une clarté avenante. Les rayons filtraient toujours les feuillages, se perdant dans d'infimes taches de lumière sur le sol parsemé. Quelques pommes crépusculaires jonchaient la terre, salies par la boue humide, reflétant sur leurs peaux rougeâtres les éclairs ambrés des nuages, quelques renards les reniflaient curieusement, certainement affamés en cette fin de journée, bondissant de part et d'autre dans des jeux fraternels autour des fruits, glapissant quelque fois comme pour rire ensemble. Le frémissement d'un buisson adjacent les fit se redresser furtivement, les oreilles dressés comme des pics, les truffes en l'air et les yeux grands ouverts. Plusieurs secondes s'écoulèrent sans qu'ils n'émettent le moindre frisson, immobiles comme des statuts de glace, n'attendant que le signe maladroit d'un potentiel danger pour leurs personnes. À leur plus grand damne, l'accusé du taillis ne bougea plus de manière aussi frivole, et leur enleva le doute qui planait sur leurs esprits. Ils reprirent timidement leurs chamailleries, se mordillant amicalement entre eux. Retournant la terre déjà brunit par une averse récente et créant des nuages de poussière opaques. À la lisière de la clairière qui abritaient le groupe de goupils, un jeune botaniste griffonnait avec assiduité dans un carnet vierge aux pages jaunies. Se tenant avec attention sur la pointe des pieds, accroupie avec son journal reposant sur ses cuisses, il s'employait corps et âme à la tâche, repassant plusieurs fois sur les traits fins qui représentaient un moment joyeux d'une fratrie de renards. Son crayon se perdait dans l'accentuation du regard du plus jeune, aux yeux clairs et limpides, écrasé sans peine par son aîné plus grand et costaud. Deux autres, en arrière plan, faisaient rouler des pommes crépusculaires sous leurs pattes foncées, intrigués par la forme de poire des fruits sucrés et brunis, en amont, un canidé plus élancé les admirait d'un œil attentif, la mère certainement, et gardait une posture droite et fière. Le tout était encadré par la végétation riche de la forêt, et le climat tropicale perceptible même au travers du tableau figé que peignait le garde forestier. Ses mains gantées se perdaient quelques fois sur la feuille, rentrant en contact avec les traces de mines sombres, ne faisant heureusement pas baver les écrits disciplinés de leur propriétaire, soucieux de réussir son œuvre.
La vision du botaniste commençait déjà à s'assombrir lorsque le petit groupe d'animaux quitta la petite plaine, il avait perdu toute notion du temps, plongé dans son illustration qu'il désirait parfaite, et n'avait guère remarqué le soleil déjà engloutit par les montagnes verdoyantes, devenues ridiculement sombres, de son pays. Lorsqu'il releva son nez de ses pages, une douleur aiguë lui tirailla le corps entier, grimaçant, il rouspéta après lui-même d'avoir prit une position aussi peu confortable pour travailler. Il roula des épaules tout en remuant la nuque dans un demi cercle lent et patient, courba son dos dans un étirement long qui fit craquer quelques vertèbres, et bailla à s'en décrocher la mâchoire. Il avait beau adorer ses excursions dans les bois, il lui arrivait bien trop souvent de se retrouver dans cette situation, où il était malgré lui plongé dans les ténèbres du crépuscule, avec des muscles généralement tiraillés. Soupirant de lassitude, il se redressa enfin, ramenant quelques affaires dans sa sacoche qui pendait le long de sa hanche. Il jeta un dernier coup d'œil à une feuille qu'il s'apprêtait à enfourner avec les autres, relisant attentivement chaque mot qui y figurait, ne prêtant point attention à la luminosité laissant à désirer.

Le commandant qui m'aimait - [CYNONARI]Where stories live. Discover now