Chapitre XXIII : Hermanubis

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(Artiste : nightmareee1119, Twitter)

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(Artiste : nightmareee1119, Twitter)

Un silence plus profond que le néant lui-même régnait sur les lieux désertiques, même les grésillements perceptibles en temps normal ne parvenaient aux oreilles attentives de Cyno. L'absence de bruit ressemblait à une vague qui caressait ses sens, le berçant étrangement vers un calme horripilant. Lorsqu'il ouvrit ses yeux, il ne sut percevoir qu'un noir intense autour de lui, aucune forme, aucune lumière, aucun objet ne venaient troubler le fond uniforme du décor qui l'abritait. Il se redressa doucement, déboussolé, en se demandant comment il avait fait pour atterrir dans un lieu pareil, essayant tant bien que mal d'identifier ce phénomène à un autre, avide de questions auxquelles il n'avait aucune réponse. Il avait beau se creuser la tête, allant dans ses derniers retranchements par moments, il ne se souvenait de rien qui aurait pu le mener dans cette situation. Il était tout simplement perdu au centre d'un vide accablant. Il tata à l'aide de ses mains l'air alentour qui s'échappait sous ses doigts, tandis qu'il se relevait sur ses jambes avec une certaine maladresse dont il n'avait plus l'habitude. C'était comme s'il réapprenait à marcher, n'osant à peine prendre une foulée trop grande par peur de percuter un élément hors de son champ de vision. Cependant, plus il avançait, plus les composants du paysage devenaient distincts. Il sentait clairement des flaques d'eau former des clapotis sonores sous la plante de ses pieds, mais elles étaient si infimes qu'il ne décelait qu'à peine le liquide sombre du sol. Des courants de vent frais venaient balayer son dos nu, lui arrachant quelques frissons glacés. Une lueur qui devenait progressivement visible s'étendait à l'horizon comme un soleil levant, délimitant la terre du ciel, tous les deux de la même nuance. Il progressa dans sa direction, déterminé à sortir de cet endroit. Petit à petit, ses enjambées devinrent plus assurées et plus rapides, il courait presque, avant qu'une sensation de choc ne vienne ensevelir son poitrail et le faire reculer, il avait l'impression qu'on lui avait brusquement asséné un coup de poing sous ses clavicules, il souffla en toussotant légèrement. Il releva la tête pour examiner qui aurait bien pu l'attaquer ainsi, mais lorsque ses yeux revinrent se perdre dans leur contemplation, le paysage s'était complètement métamorphosé. Le noir intense était toujours présent, mais des lueurs orangées et brillantes le recouvraient presque totalement. Il scrutait des morceaux de flammes s'élever dans les airs comme des flambeaux de poussière, des braises toujours ardentes voletaient autour de lui, le plongeant dans une chaleur dangereuse qui le fit reculer de quelques pas. Les rayons jaunes frappaient ses pupilles comme des éclairs et les mouvements fous de l'incendie brouillaient sa perception du monde. Il pivota sur lui-même plusieurs fois de suite, cherchant désespérément une issue dans cet océan embrasé, les paupières plissées et le nez retroussé, il peina à distinguer clairement le lieu où il se trouvait. Ce ne fut que lorsqu'une poutre manqua de s'abattre sur lui qu'il parvint à esquiver l'objet et s'extirper du cœur de cette fournaise, les poumons encrassés par la fumée grise et opaque. En sortant enfin de cet enfer fiévreux, il atteignit une partie épargnée par le feu dont il reconnaissait les pierres blanches et blafardes, il y posa doucement sa main, rassuré de sentir une fraîcheur inattendue émaner de la paroi familière.
Un temple.
Son regard s'égara vers un couloir qui s'étendait à perte de vue, des amonts de sables recouvraient certaines parcelles de sa surface, et des sculptures d'hommes aux têtes de chacals parcouraient les murs archaïques.
Le Temple du Silence.
Il frémit en reconnaissant l'environnement dans lequel il avait passé la plus grande partie de son enfance, à s'exercer au combat à la lance, manger des fruits séchés en observant son maître laver les statues ou encore à lire des récits antiques sur l'histoire du désert, du moins, ceux que le vieillard avait eu l'intelligence de préserver. Il s'engagea sans plus tarder vers l'unique voie libre qui s'offrait à lui, en s'épaulant à l'aide de la bâtisse. Sa respiration était sifflante, mais l'oxygène reprenait peu à peu possession de son organisme, il ne pouvait qu'être rassuré de ne pas s'être intoxiqué davantage dans l'azote de l'incendie. Il boitillait longuement, son voyage lui paraissait éternel, avant de déboucher vers une sortie inattendue, une pièce exiguë simplement constituée d'un petit autel et de quelques parchemins égarés. Ses yeux fatigués clignèrent plusieurs fois avant de s'habituer à ce nouveau paysage, il se laissa aller contre l'encadrement en soupirant lourdement. Il crut qu'il allait s'effondrer sous le sommeil pesant qui menaçait sa conscience, mais ses jambes tinrent bon, et seule sa tête bascula vers l'avant en le réveillant brusquement, sonné, il s'ébroua pour se ranimer complètement.

Le commandant qui m'aimait - [CYNONARI]Where stories live. Discover now