Chapitre XII : Je voudrais m'enfoncer dans un creux d'arbre

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(Artiste : YogiØ_sky, ?)

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(Artiste : YogiØ_sky, ?)

Je veux juste mourir.

Est-ce trop demandé ?

N'ai je même pas ce droit ?

***

Le novembre de Sumeru n'avait rien à voir avec le novembre du reste de Teyvat. Il n'était pas mordant, ni morose, ni terne, ni significatif de l'érosion total de l'été. Il ne se rabaissait qu'à une extension perpétuelle du soleil surplombant la forêt, des rayons réchauffants les mœurs profonds de l'Académie, aucun nuage ne pouvait parsemer le ciel bleu de ce climat chaud et éternel, le cœur de l'automne n'était rien de plus que la saison irréversible qui régnait toujours sur ce pays verdoyant. Pour certains, cette météo casanière semblait d'un ennui mortel, mais pour les chercheurs, qui n'avaient pas le temps pour les averses, pas le temps pour les tempêtes, pas le temps pour le froid et les blizzards, cette habitude était idéale et enrichissait la progression des avancées technologiques. Les jours étaient longs, les nuits étaient courtes, les esprits n'avaient pas à s'inquiéter des affaires futiles liées à la température ambiante, elle ne changeait jamais, et les écrits, les thèses, l'ébullition d'idées, étaient la priorité absolue. Cela pouvait arracher des soupirs, cela pouvait dessiner des cernes, cela pouvait tuer. Mais personne n'osait s'y opposer.
Tighnari n'aurait pas dû faire exception. Si il avait écouté sa mère, toujours inquiète, qui l'éduquait depuis son plus jeune âge pour qu'il soit le plus assidue possible, le plus fidèle aux valeurs des sages, brillant et docile, alors il n'en serait pas là. Si il avait suivi les traces de son père, si il avait décidé d'être reclus, d'éviter les humains comme la peste, de se plonger dans ses recherches sans penser aux autres, alors il n'en serait pas là. Il ne serait pas le dirigeant des gardes forestiers, il ne serait pas le médecin éreinté qui offrait ses services aux aventuriers, il ne serait pas ami avec un général, et le plus important, il ne serait jamais devenu le professeur, ou même proche, de Collei. Avec le recul il se disait qu'il aurait peut-être été préférable de suivre les mauvaises habitudes de son clan, que l'absence d'interactions, de liens, lui aurait épargnée bien des hauts le cœur, des peines vivaces. Mais il ressentait un pincement à chaque fois que cette idée lui revenait, il serrait les poings en se plantant les ongles dans la peau, fronçait les sourcils jusqu'à ne voir le monde qu'à travers une petite fente, se détestait et se rouspétait intérieurement qu'il ne serait jamais heureux, pas avec une telle existence, que sa satisfaction n'aurait jamais aboutie. Il avait besoin des autres, il avait besoin de se sentir utile, il devait accomplir ses ambitions, coûte que coûte.
Il souffla bruyamment en observant le soleil décliner derrière les grandes montagnes surplombants le village de Gandharva, le crépuscule gagnait les habitations qui s'illuminaient de lampes à huile, les dernières patrouilles rentraient, l'odeur de la cuisine d'Ashpazi se faisait sentir, ce soir, ils auraient droit à du riz biryani. Il posa sa plume en s'étirant le dos, ses épaules le lançaient terriblement et sa colonne craqua légèrement sous la pression de son geste. Ses grandes oreilles frémirent en écoutant distraitement les éclats de voix fuser de part et d'autre entre ses collègues, d'après les dires qu'il pouvait percevoir, cette journée n'avait pas été différente des autres, aucune inquiétude supplémentaire à endosser. Il cala son menton contre sa paume et réfléchit pensivement en contemplant son journal de bord achevé par les notes du quinze Novembre. Il n'avait pas vraiment faim, et ne voulait pas non plus aller saluer ses camarades, il se sentait fatigué, au point que ses pupilles le brûlaient vivement et que sa tête penchaient violemment vers l'avant par moment, cependant, un détail le taraudait depuis qu'une inquiétude discrète lui était passée par la tête en rédigeant son rapport, l'obligeant à quitter sa chaise de bureau. Il s'extirpa de sa hutte en quelques foulées et interpella le premier garde forestier qui lui tomba sous la main.

Le commandant qui m'aimait - [CYNONARI]Where stories live. Discover now