1. Prendre sur soi c'est compliqué

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Hidin' all of our sins from the daylight

Hidin' all of our sins from the daylight

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L'après-midi est arrivé sans prévenir. Furtif, le soleil s'est faufilé entre les rideaux ouverts et mange un bout du lit trop grand pour une personne. Dans une diagonale bien trop vague, Felix bougonne, se tournant sur le dos puis sur le flanc avant de ne pouvoir rien faire d'autre que d'ouvrir les yeux. Son regard tombe sur le mur blanc de sa chambre, là où trône quelques photos qui menacent de tomber. Il y a des souvenirs, des moments figés à jamais dans le temps, des rires imprimés sur des polaroïds, maladroitement épinglés sur ce même mur qui n'est pas si vide. À deux doigts de tomber, sa guitare tient fièrement contre le bois de son bureau en désordre. Felix est bordélique, ce n'est un secret pour personne, d'ailleurs il y a quelques vêtements qui ne sont même pas les siens pour la plupart qui traînent par terre.

Il baille, papillone des cils avant de se recaler de son long sur son lit. Maintenant ses yeux suivent les lueurs qui dansent au plafond. Felix se sent patraque, il ne sait plus très bien si c'est à cause de la sieste qu'il a fait ou si la fatigue accumulée de ces dernières nuits à faire des insomnies l'attaque soudainement. Ça doit être un mélange des deux qui fait qu'il reste un moment à fixer son plafond, dans le vide ou le vague. Il y a quelque chose d'houleux dans ses traits, mais lui-même ne sait pas quelle est la cause de ce fouillis.

Lorsqu'il finit par se lever, son expression se mute en une grimace et ses mains viennent en renfort sur ses hanches, il fait mine de s'étirer mais son bassin le lance et sa bouche se tord plus fort. Alors il se rallonge, tête vers le plafond. C'est ça de passer son temps à gauche et à droite, dans des draps d'inconnus, et parfois d'inconnus qu'il connaît un peu, comme la nuit dernière, avec un étudiant de son campus, Kim Seungmin, qui ne voulait que tirer son coup le temps d'un soir. Et ça n'a pas d'importance, Felix aussi en avait envie, il en a tout le temps envie depuis sa première fois.

Il va avoir dix-huit ans dans quelques mois seulement, et passer des soirées mouvementées jusqu'à finir dans le lit des autres, ce n'est pas difficile lorsqu'on se trimballe un aussi joli minois. Felix est conscient de ses charmes, parfois il en joue, parfois ça l'ennuie. C'est bien de plaire en façade, mais c'est quoi de plaire parce qu'on est juste soi-même ? Felix ne sait pas. Felix n'a jamais su parce que Felix ne veut pas savoir que peut-être être lui-même ne plaira à personne, ça lui fait peur d'un côté, c'est quoi un bon cœur pour un missile ?

—        T'es enfin levé ?

Malgré le fait qu'il n'ait pas entendu la porte de sa chambre s'ouvrir, ça ne le surprend même plus d'entendre cette voix, il ne prend même pas la peine de relever la tête, ce n'est plus nécessaire.

Et il ne répond même pas.

Mais ça, ce n'est pas quelque chose d'anodin. Felix a beau être très à l'ouest parfois, cet après-midi ce n'est pas le cas. Il donne juste l'impression, il fait tout pour qu'on croit que c'est le cas. Si on le regardait de plus près, on verrait peut-être que ses traits sont durs, que son regard s'affole, d'amertume ou de rage, on ne sait pas. Et si c'est les deux, alors c'est pire.

Sous tes néons rouges | ᶜʰᵃⁿˡⁱˣOù les histoires vivent. Découvrez maintenant