5. Les solitaires

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I hope you find some peace of mind

I hope you find some peace of mind

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—       Ça m'a étonné de recevoir ton message.

—       C'est toi qui m'a contacté pourtant, c'est moi qui devrait être surpris.

—        J'veux dire, j'te pensais pas comme ça, à rester levé si tard.

Seungmin se met à rire, joint dans le coin de sa bouche, yeux dans le lointain, dans un horizon gris, assombris.

—       Tu me voyais comme le typique intello droit dans ses baskets, hein ?

—       C'est pas ce que je suis en train de-

—        Allerte spoilers Lee Felix : je ne suis pas un intello, ni quelqu'un de droit dans ses baskets. Désolé si ça te déçois.

Seungmin lui passe l'agent destructeur à la fin de sa tirade. Ses jambes se battent dans le vide. Le temps est frisquet si tôt, il ressere sa veste sur ses épaules, recoiffe les cheveux châtains qui lui tombent sur le visage. Il est content d'être sorti ce petit matin. La ville est mauvaise en temps normal, un peu moins vers trois heures du matin, un peu moins en compagnie d'un autre solitaire.

Ils sont sur un pont abondonné, Séoul derrière eux, les lumières de cette ville qui ne dort jamais vraiment dans leur dos, New York 2.0 en moins onirique, en moins grandiose. L'agitation est plus loin, eux sont au calme ici, l'air est moins pollué, personne ne vient jamais part-là. L'endroit secret de Kim Seungmin.

Plus tant que ça secret à présent.

—       Qu'est-ce qui t'amènes ? reprend t-il.

Son timbre est nonchalent, comme s'il s'en foutait. Felix commence à comprendre que les apparences sont trompeuses. Il ne répond donc pas de suite, il prend le temps d'admirer le vide sous eux, de fumer une substance illicite dont il n'a pas l'habitude d'inhaler.

Il a mis tellement de temps à se calmer, tout seul chez-lui, qu'il prend son temps, son temps pour admirer la vie présente, pour savourer l'air frais du matin, Séoul dans leur dos, et la présence à ses côtés qui comble au moins un peu la solitude de cette nuit et ce matin bien noir. Son calme est olympien, vidé de ressenti, comme s'il s'était débarrassé d'une partie de lui, qu'il s'était avoué certaines choses, que seule la solitude aurait pû lui faire comprendre.

Felix va avoir dix-huit ans bientôt, il a l'impression de grandir trop vite d'un coup. C'est compliqué ce concept, celui de devenir un homme, un vrai. De grandir. De laisser son enfance, son adolescence, dans un passé encore un peu trop proche.

Il souffle un nuage de fumée, toussote, pas l'habitude de se laisser aller dans ces genres de bienfaisances oniriques, qui te font du bien sur le moment, mais te détruisent sur la durée.

Sous tes néons rouges | ᶜʰᵃⁿˡⁱˣOù les histoires vivent. Découvrez maintenant