I remember his hands...
And the way the mountains looked
À cette heure-ci, l'aube ne s'est pas encore levée. Mais elle arrive, bientôt, dans quelques minutes ou quelques heures. L'orage est reparti, laissant sur son passage les feuilles volés en éclat, les arbres déchantés, et l'impression plus que conséquente, de ne plus être en pleine saison estivale. Dehors, les montagnes respirent la sagesse et l'air n'a jamais été plus bon que juste avant l'arrivée du soleil. Il y a un peu de vent, et beaucoup de silence. Comfortable, le silence. Doux, sage, pensif aussi. Il y a cette paix incertaine dans l'atmosphère, le ciel qui se découpe à travers les immenses sapins, les chênes, un embryon de lumière qui passe à tords et à travers.
Felix remue, sur un lit définitivement trop petit, ses pieds dépassent. Il tourne sur lui-même, fronçant peu à peu les sourcils. Il se sent à l'étroit. Sa main aggripe la taie d'un oreiller et la couverture déposée sur son corps tombe un peu sur le parquet en bois. Il ne fait pas trop froid, le matin est juste doux, le soleil n'a pas encore percé les nuages, l'aube est en retard. Il braille quelque chose d'incompréhensible quand sa tête cogne contre le sommier, papillonant des paupières au léger choc. À cet instant, il n'est plus très conscient d'hier, et d'aujourd'hui. Il prend juste conscience que le plafond au-dessus de sa tête n'est pas le même que chez-lui, et son expression change un peu.
— Lix ?...
Son corps ne réagit pas, il est un peu surpris pourtant. Il se laisse le temps de respirer un peu, et à vrai dire, l'air des montagnes lui fait du bien sur le coup.
Pourtant, peu à peu, Felix se met presque contre son gré, à se remémorer la veille. Son esprit s'étale en épisodes flous, le repas, la cuisine, la main de Chan sur sa cuisse, les regards, la discussion d'après, lui qui s'exprime enfin. Et il referme les yeux, comme si c'était trop dur de regarder hier, et ce matin avec.
À côté de lui, les draps bougent, la pièce s'emplie de la brise qui se lève avec eux. Felix sent une silhouette à ses côtés, il sent aussi une main doucement venir caresser ses cheveux, ramener quelques mèches derrières ses oreilles, comme si on voulait mieux le voir, mieux l'admirer. Le vent se lève, il paraît meilleur que la veille.
— Ça va ?...
— Hmm...
Tourné sur le flanc, Chan essaye de lui sourire, un sourire que Felix ne voit pas encore. Peut-être alors qu'il sourit pour lui-même. Pour se rassurer. Pour embellir une image un peu terne. Ou peut-être juste qu'il sourit parce qu'il trouve Felix beau. L'ange aux cheveux sorti de l'Enfer. Il est magnifique quand même. Il a une beauté presque séraphine, presque. Ses traits sont pour la première fois moins tirés qu'à l'accoutume. Il y a du soulagement sur ce visage, un peu de relâchement, il en fallait depuis un moment déjà.
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Sous tes néons rouges | ᶜʰᵃⁿˡⁱˣ
RandomDiscuter, baiser, rire, dormir, dormir, dormir... Felix va avoir dix-huit ans bientôt, l'impression que le temps passe trop vite, file à une vitesse ahurissante. Il faut grandir. C'est quand même compliqué quand on est encore qu'un adolescent paumé...