Discuter, baiser, rire, dormir, dormir, dormir...
Felix va avoir dix-huit ans bientôt, l'impression que le temps passe trop vite, file à une vitesse ahurissante. Il faut grandir. C'est quand même compliqué quand on est encore qu'un adolescent paumé...
I got this anxious feeling, but it goes away when I'm with you breathing
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La nuit est noire mais constellée. Cassiopée règne en reine, elle veille sur une ville qui ne dort jamais vraiment, elle observe ses habitants, les habitués, elle voit la lune attirer la mer, mais reste toujours à sa place, prisonnière de son orgueil à errer dans un même pôle. Le temps est chaud et humide, c'est assez désagréable lorsqu'on n'est pas très proche de la mer. En bas de sa fenêtre, les polaroïds accrochés sont un peu retombés, les souvenirs resteront là pour toujours, et même sa guitare sera là demain, et après-demain, même si elle est toujours par terre, qu'elle n'a pas bougée depuis la dernière fois qu'il l'a utilisée. Felix, il n'est pas prêt à laisser certaines choses partir. Peut-être même qu'il a encore un peu d'espoir. Pas beaucoup, juste un peu, mais c'est assez pour cette fois.
La tête vers le plafond du salon, allongé négligemment sur le sofa, il s'est fait un café en refermant derrière lui sa chambre, il ne sait pas trop comment il se sent. Il a l'air drainé, un peu ailleurs, comme ces dernières semaines. Felix, il a toujours été dans la lune, toujours trop loin pour les autres, et jamais assez là, dans le présent. Mais ces périodes ne duraient en général jamais vraiment longtemps, ce qui n'est pas le cas actuellement. Les journées sont passées, malgré que le temps soit relatif, et cette fatigue ne s'est pas envolée, cette impression que même en étant partout, il n'était nulle part non plus. Le monde a continué de tourné et c'est tout.
Les minutes passent, il ne pense à rien, Felix, il a subit le silence dès jours durant, c'était inconfortable au départ, c'est pas dans ses habitudes, le silence. En général, ça le rend fou. Il a besoin de mouvement, de changement, de nouveautés. Et pourtant, ça fait plus d'une semaine qu'il n'est pas sorti de chez-lui. En voilà, un énième reccord, un miracle presque.
C'est inquiétant dans un sens il faut l'admettre. Qu'est-ce que ça représente quand l'enfant qui n'est jamais chez-lui et en constatant mouvement, se retrouve à ne pas sortir pendant plusieurs jours d'affilés ?
On dit souvent que quand un coup de mou se prolonge et l'envie de faire quoi que ce soit disparaît, on entre dans une sorte de dépression. Felix espère que ce n'est pas le cas. Qu'il a juste eu besoin d'un peu de temps. Qu'il a juste eu besoin de se familiariser avec la solitude.
Et regardez, ça ne l'a pas tué pour autant.
Toc, toc... Toc.
Le corps de Felix sursaute, l'ombre dans ses yeux se dissipe un peu, très peu, le plafond disparaît et laisse place à la porte d'entrée. Il prend une inspiration, comme si ça allait lui donner la force nécessaire pour ne pas le rembarrer, pour aller lui ouvrir, l'accueillir, quoi lui dire ? Il ne sait pas quoi lui dire. Sa gorge s'assèche, les coups sur la porte se répètent, c'est hésitant et ça se ressent. Il y a une porte qui sépare deux êtres qui se connaissent par cœur, qui savent presque ce que ressent l'autre à cet insant. Alors il y a cette minutes qui s'écoule, cette longue minute, ce bout d'éternité qu'on arrache, et une tasse qui se pose sur une table basse en verre, puis un corps qui se lève en pilote automatique. Ne pas réfléchir c'est la solution dans ces situations-là, celles où on ne sait jamais vraiment comment réagir.
