19. Nous contre le monde

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Even your emotions have an echo in so much space

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Dès que Felix a remis un pied sur la capitale, après deux longues journées hautes en couleur, il n'a eu qu'une pensée, et qu'un mouvement : il s'est dirigé sur son lit. Complètement effondré. Comme si on avait trop forcé, que les limites ont été atteintes. Trop de choses se sont passées sans transition, rien ne l'a laissé avoir un moment de répit, jusqu'à maintenant. Les journées se sont enchaînées, toutes les mêmes, longues, chaudes, épuisantes. Puis après quelques longues semaines, surtout après avoir végété amplement dans un appartement qui devra être payé à ses soins, il s'est peu à peu senti d'attaque à au moins faire le ménage, les courses, et sa lessive. Et à un tant soit peu éviter de rester toute la journée au lit.

Conclusion : en ce moment, il passe surtout sa journée assis sur le sofa du salon, alternant le visionnage de The Queen's Gambit, et des recherches d'emplois. C'est bien beau de vouloir son indépendance, encore faut-il maintenant s'activer à chercher de quoi gagner assez d'argent pour l'appart, ses études, et ses besoins vitaux.

Se serait néanmoins mentir que de dire qu'il sait exactement ce qu'il veut faire. Il n'a jamais su ce qu'il voulait faire plus tard. L'avenir, à travers ses yeux, ça a toujours été très flou. Un horizon vertical, sans but, sans rêve, sans volonté. Il n'arrivait donc pas à se projeter dans le futur. Dix-sept ans, à sauter une classe en quatrième, et est entré en fac dans une filière artistique sans réellement avoir choisi, il a plus été influencé par le bon vouloir de son père qui ne voulait pas qu'il arrête ses études.

Et maintenant ?

Il n'a plus personne derrière lui. Il s'est libéré de ses chaînes qui l'emprisonnaient inconsciemment dans une vie qui lui semblait, de près comme de loin, ne pas être la sienne. Et maintenant ? Felix ne s'est jamais senti aussi libre, que perdu. Maintenant qu'il est maître des rennes qui lui ont longtemps été destitué, il ne sait pas quoi en faire, comment les gérer, vers quelles directions les emmener. Qu'est-ce qu'il est censé en faire, de sa vie ? Franchement, comme de nombreuses réponses à ses questions : il ne sait pas. Il n'a jamais su. Du coup, tout ce qu'il a fait, depuis son retour sur Séoul, c'est se nourrir - bien trop souvent de ramen instantané -, regarder une génie jouer aux échecs, et dormir, dormir, dormir, le plongeant dans un ennui du quotidien plus que palpable.

Le moins que l'on puisse dire cependant, c'est qu'il a très bien récupéré, qu'il sest amplement reposé, et qu'il a réussi à prendre du recul sur les jours passés chaotique.

Seulement parfois, Felix se surprend à avoir peur que le chaos s'en aille pour de bon. Qu'il s'immisce parfaitement dans un quotidien bien huilé. Voire trop huilé. Il a été tenté à plusieurs reprises de s'incruster dans des fêtes, chez des camarades qui profitent à fond de l'été, comme si le lendemain n'existait pas. Mais il a toujours trouvé une manière de se résonner, même à la dernière minute. Il a toujours tellement eu l'impression de grandir trop vite que parfois, il a besoin de ça, de cette dépravation de jeunesse, des déboires, de se prouver qu'il est encore un peu un adolescent, et pas encore assez un adulte. Il n'a jamais dit qu'il aimerait grandir, encore aujourd'hui, la vie d'adulte lui paraît dérisoire. Pourtant, il commence à le sentir, le poids des responsabilités. C'est angoissant alors il essaie de se vider la tête de diverses façons, ce qui ne marche pas toujours quand on a des CVs à envoyer.

Sous tes néons rouges | ᶜʰᵃⁿˡⁱˣOù les histoires vivent. Découvrez maintenant