Prières et châtiments [Tokyo Revengers]

Chapitre XIII : Pandémonium

Music/ Down on me - Jeremih & 50 cent

Après être restée un moment en compagnie de D.ace, je récupère enfin ma moto. Elle est comme neuve et il m'a bien fait promettre, je cite, de « ne pas me mettre dans un merdier sans nom à l'avenir ». Je souris à ces paroles, il me connaît bien, peut-être même un peu trop.
Je passe ma jambe par-dessus la bécane, savourant à nouveau le contact de mes doigts sur le guidon. Je tourne la clé, faisant ronronner le moteur. Je passe l'une de mes mains sur la carrosserie, absorbée par la sensation que me procure le métal froid, je ne remarque pas immédiatement la présence à quelques pas de moi. Un raclement de gorge me fait lever les yeux de ma contemplation, je distingue très nettement Hanma qui me fixe, un air indéchiffrable sur le visage.

- Qu'est-ce que tu veux ? Je demande en soupirant.

- Te poser une question.

- T'as fait tout ce chemin pour ça ? Je suis de plus en plus agacée.

- Oui. Il répond simplement, avançant lentement vers moi.

Il se place à ma hauteur. M'observant du haut de sa stature.

- Alors parle, j'ai pas que ça à faire.

L'agacement perce à travers ma voix mais il n'en fait rien. Il se contente de me détailler de haut en bas, jaugeant certainement la situation.

- T'as sauvé la vie de ce traître. Pourquoi ?

- Je ne crois pas que ça te regarde.

Je commence à me détourner mais il se saisit rapidement de mon poignet, me retenant d'une poigne de fer. Je baisse les yeux sur sa main, irritée.

- Tu l'aimes ? Sa voix n'est plus qu'un murmure inaudible, mais j'ai tout de même saisi ces quelques mots.

- Pourquoi ? T'es jaloux ?

- Et moi, est-ce que tu m'as seulement aimé ?

Ses yeux se teintent d'une lueur étrange et sa poigne se resserre sur mon poignet. Il m'agrippe avec tant de force que j'en viens à me demander s'il n'est pas fou.

- T'es un sacré malade. Je grogne.

- Répond moi ! Son timbre devenant presque misérable.

- Non ! Parce que je n'ai pas à le faire d'ailleurs, ton pote m'attends.

Je sors le bout de papier que Kisaki m'avait donné la veille et l'agite sous son nez. Ses yeux se rétrécissent face à la note.

- Tu comptes y aller ?

- Bien sûr.

Je me défais de son étreinte et lui tourne le dos.

- Tu vas te faire buter. Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarque, il va te détruire.

- Qui ? Kisaki ? Qu'il essaye pour voir.

Je n'attends pas sa réponse et monte sur ma bécane dont le moteur était encore allumé. J'enclenche la vitesse et démarre, laissant Hanma derrière moi.

Sur le trajet, je n'ai qu'une envie, c'est de hurler. Hurler ma frustration et mon impuissance. Je sais très bien que l'invitation de Kisaki n'est qu'une mascarade, je sais qu'il compte me faire la peau voire pire. Je savais tout ça mais il fallait que des gens tels qu'Hanma me le rappelle et s'en était d'autant plus frustrant. Il y a aussi sa question. Est-ce que je l'avais aimé ? Pourquoi me demander ça ? Surtout maintenant. Il m'a bien fait comprendre dans quel camp il avait choisi d'aller alors, pourquoi remuer le passé ?
Ma tête est sur le point d'exploser. Ma vie personnelle n'est rien de plus qu'un bordel sans nom et je ne parle même pas du côté professionnel. Je me trouve à nouveau dans une position plus que délicate. Je ne suis qu'une paria comme je l'étais autrefois, après la mort de Tanzo. Condamnée à fuir sans cesse, la peur au ventre et accompagnée d'une puissante paranoïa qui ne cesse de me coller au cul.
A chaque intersection, j'avais le sentiment d'être suivie. Comme si quelqu'un avait lancé un filet et qu'il se refermait petit à petit. Je ne parvenais plus à remonter à la surface pour respirer.