Chapitre XXIV : Choix

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Music/ Unlasting - Lisa

Après ce qui me paraît une éternité, je tourne la tête vers le cadavre de mon « ami ». Rien n'a changé, pourtant j'avais espéré que tout ceci ne soit qu'une sombre farce et que j'allais me réveiller, mais apparemment, ce n'est pas le cas.
La même scène tourne en boucle dans ma tête. J'entends encore les claquements incessants de la portière contre les os de D.ace. L'odeur du sang mélangé à l'humidité ambiante me donne des hauts le cœur. Les craquements répugnants de ses vertèbres se brisants contre la taule du véhicule tambourine dans mes tympans. Instinctivement, je sers ma tête entre mes mains en me balançant sur mes pieds, tel un enfant.

C'est un cauchemar et je vais bientôt me réveiller ! C'est ça !

Mais la réalité est toute autre. Je dois faire un effort surhumain pour me redresser et détourner mon regard de ce spectacle macabre.
Je me tourne et commence lentement à m'en aller, pas après pas, un pied devant l'autre sans me retourner une seule fois.
Je l'avais déjà fait alors, pourquoi ne pas recommencer ? J'ai accompli ma tâche puis, je m'en vais sans l'ombre d'un remord. Malgré mes jambes tremblantes, je continue d'avancer sans un regard en arrière.

Je dérive sur le bord de la route, marchant lentement mais sûrement. Je n'ai pas croisé âme qui vive depuis ma précédente altercation. J'en viens même à me demander si je ne suis pas morte. Il n'y a pas un bruit autour de moi, les oiseaux ne chantent pas, il n'y a pas un seul mouvement qui vient troubler le calme des bois, seulement la semelle de mes chaussures qui écrase les feuilles mortes.
Après plusieurs heures, le vrombissement d'un moteur me fait relever la tête. Une montée soudaine d'adrénaline pulse dans mes veines et je me jette dans les fourrés afin de me dissimuler. J'observe la route puis, une moto passe à toute allure. En une fraction de seconde, je reconnais cette bécane. Mon corps se précipite vers le bitume et je lève les bras en hurlant.

- Mikey !

Les pneus de l'engin crissent désagréablement sur le goudron tandis que la silhouette se tourne vers moi. Ses cheveux blond en bataille, le jeune homme semble submerger par différentes vagues d'émotions. L'étonnement, le soulagement, enfin la joie.

- Iza !

La moto effectue un demi tour spectaculaire, soulevant un nuage de poussière. La vitesse à laquelle il se rapproche me fait reculer d'un pas cependant, tout semble parfaitement maîtrisé. Mikey s'arrête devant moi, un sourire éclatant aux lèvres. Il saute de la selle et vient me serrer dans ses bras.

- Iza.

Son étreinte m'étouffe mais je me laisse aller contre lui, heureuse qu'il m'ait trouvé.

*

Je ne saurais pas dire depuis combien de temps je suis là, recroquevillée dans un lit qui ne m'appartient pas. Mes yeux ne veulent pas se fermer, même après avoir déversés toutes leurs larmes. Je ne peux que fixer les murs d'un regard vide, voilé.

Un grincement sourd attire mon attention. Une seule personne vient encore me voir chaque jour. Sa chaleur est réconfortante, mais pas assez pour annihiler les ténèbres qui me dévorent. Comme chaque jour, la silhouette réconfortante vient s'asseoir au bord du lit. Elle ne bouge pas, elle se contente de m'observer, la respiration lourde. Pour quelle raison ?

- Iza.

Cette voix est douce, chaleureuse. Son timbre se veut rassurant.
Je ne répond pas, toujours accablée par un flot de pensées sombres.
Doucement, semblable à la brise, des doigts glissent sur mon épaule dénudé.

Non ! Arrête ! Hurle ma conscience. Vas t'en ! Pars !

Rapide, je me tourne et saisis cette main qui cherche à m'apporter du réconfort. Ce mouvement m'entraîne sous un regard doux. Mikey m'observe avec inquiétude, détaillant mon visage dévasté par plusieurs nuits sans sommeil.

Prières et châtiments [Tokyo Revengers]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant