Prières et châtiments [Tokyo Revengers]

Chapitre X : obsession

Music/ fleurs - Gazo

Lorsque le Toman est parti, je reste encore un moment dans le hall de l'hôpital, ne sachant pas réellement quoi faire maintenant. Mes pieds se déplacent d'eux même en direction du comptoir. Là, je reconnais la femme de tout à l'heure, ses traits légèrement plus détendus que précédemment.

- Veuillez m'excuser... Je commence alors qu'elle lève les yeux en m'adressant un sourire fatigué.

- Votre ami est en chambre 319, mais il ne peut recevoir aucune visite avant quelques jours.

- Bien sûr, est-ce que je peux laisser un mot ? Je ne serais plus ici à ce moment-là.

Elle acquiesce et me tend un bloque note et un stylo. Je griffonne rapidement un mot annonçant à Baji que je m'en allais et que nous ne nous reverrons certainement plus. Mes doigts tremblent en écrivant ces quelques lignes mais, je savais que c'était pour son bien, à lui, et à tout le Toman.
Je tends le bout de papier à la femme puis la remercie avant de me retirer. Je passe les portes vitrées et reste un moment devant l'entrée. Qu'allais-je bien pouvoir faire maintenant ? Je n'ai nulle part où aller et ma moto est hors service. Je continue à me triturer les méninges lorsqu'un mouvement dans l'ombre attire mon attention. J'emploie une position défensive jusqu'à ce que je reconnaisse le chef du Toman.

- Je me doutais que tu ne serais pas encore partie. Il m'aborde, les mains dans les poches.

- Tu n'es pas parti avec les autres ?

- En fait, je voulais te parler.

Je le dévisage avec incompréhension et il reprend :

- Seul à seule.

Je l'observe encore un instant et finis par hocher la tête, lui emboîtant le pas.
Nous déambulons dans les rues sombres de Shibuya sans but précis, les lumières blafardes des réverbères guidant notre chemin. Le silence qui pèse sur nous est presque inconfortable mais, la présence de Mikey suffit à le combler. De temps à autre, je sens son regard sur moi.

- Alors, tu n'as aucune question ? Demande-t-il soudainement.

Des questions ? J'en avais, oui. Je veux savoir d'où il me connaissait. Avait-il été l'une de mes cibles par le passé ? Peut-être.

- Comment est-ce que tu me connais ? Cette question me brûle les lèvres depuis notre dernière confrontation.

- C'était il y a cinq ans. Je devais avoir dix-sept ans à ce moment-là et mon frère avait décidé de m'emmener dans un club.

J'écoute attentivement tandis que nous prenons place sur un muret à l'entrée d'un parc entouré d'arbres.

- J'étais pas très motivé à cette idée mais je ne voulais pas le décevoir alors, je suis allé avec lui. C'était un club spécial, il servait de couverture à un gang. L'argent du gang passait par ses caisses pour être blanchis, et ça marchait. Personne ne posait de question pourtant, il y avait pas mal de mecs louches là-dedans.

Je hoche la tête et déglutis. Je craignais la suite car je savais que beaucoup de gang utilisent ce genre de méthode pour blanchir leur argent. Beaucoup, dont le Phœnix.

- Il m'a conduit à un espace VIP et là-bas, on s'occupait de nous comme des rois, j'en revenais pas. Des filles nous apportaient à boire et venait danser, c'était énorme, surtout pour un gosse comme moi. Ensuite, il y a eu cette fille.

Il fait une pause, semblant se remémorer l'instant.

- Elle était magnifique, son corps était parfait et beaucoup de mecs avaient les yeux rivés sur elle, dont moi. Elle dansait comme aucune autre dans le club et ramassait au passage un sacré pactole. Elle a dû voir que je la matais ouvertement puisqu'elle est venue vers moi. Elle me souriait comme si j'étais la chose la plus importante de sa vie, bizarrement j'avais envie que ce soit le cas.