Prières et châtiments [Tokyo Revengers]

Chapitre XVIII : Dernière soirée

Music/ The moments i'm missing - Ranji

Après cette nuit chaotique, je me force à ouvrir les yeux. Le plafond au-dessus de moi est faiblement éclairé par la lumière de l'aube, un dégradé orangé colorant les murs. Je grogne en me frottant les yeux tandis que je me traîne en dehors des draps dont la chaleur me manque immédiatement. Baji me fait face, les yeux clos et les cheveux en bataille. Luttant contre l'envie de replacer une mèche de ses cheveux, je me lève difficilement puis pars enfiler mes vêtements.
Je descends discrètement les escaliers, la maison est encore silencieuse, signe que la mère de Baji dort certainement encore. Je lâche un léger soupir de soulagement puis, ouvre la porte d'entrée. Elle se referme immédiatement, pour ne jamais se rouvrir. A l'extérieur, j'hume l'air matinal tandis que je m'avance dans les rues baignées par les faibles rayons du soleil.
Alors que je continue ma route, mon cœur se serre dans ma poitrine. Je ne sais pour quelle raison mais il me fait mal, mal à en crever. Les vapeurs d'alcool de la veille n'arrangent en rien ce malaise. Je dois me rendre à mon appartement afin de récupérer ma moto et foutre le camp. Encore une fois, je fuis. Je fuis les emmerdes et mes responsabilités. En tant que chef du Phœnix, je me suis promis de réparer du mieux que je peux les dégâts occasionnés par mon prédécesseur, mais par où commencer ? Actuellement, les flics me recherchent pour la mort de ces types.
Je continue mon chemin quand je m'arrête soudainement devant la devanture d'une boulangerie. Il y a un avis de recherche épinglé sur la porte.

Ils n'ont pas traîné.

En effet, l'avis décrit une femme à la chevelure rousse et aux yeux verts, décrite comme étant armée et dangereuse, je souris légèrement. Bien que je sois dans une merde noire, je constate que ces idiots ont conservé leur sens de l'humour. « Armée et dangereuse » je pouffe de rire en secouant la tête, bande d'abrutis.

Lorsque j'arrive devant l'immeuble, je distingue des lueurs bleutées. Mes instincts s'activent automatiquement, aussi bien que je me colle contre un mur quand une patrouille passe à quelques mètres de moi. Je fulmine mais je ne compte pas partir d'ici sans ma moto, aucune chance que ça arrive. En prenant soin de rester dans l'ombre, j'avance en rasant les murs en priant que personne ne me voit. Je me déplace à la manière d'une ombre mais bientôt, les uniformes bleus se transforment en une marée infranchissable.

Merde.

Me voilà bien. J'attends dans un coin isolé tout en observant la scène qui se déroule sous les yeux ébahis. Il y a plusieurs véhicules de police stationnés devant mon immeuble, les agents semblent recueillir des témoignages à mon égard auprès des locataires. Bien sûr, aucun n'a de choses à raconter étant donné que je suis rarement ici. Entre les sorties qui se transforment en trip de plusieurs jours et à mes nuits dans des motels, personne n'a l'occasion de me croiser dans les parages. En levant les yeux, je vois plusieurs silhouettes dans mon appartement.
Toujours les sens en alerte, je me glisse proche des officiers et entends des bribes de conversations.

- Gang ... cavale ... chopper.

Je soupire lourdement. D'après ce que j'ai pu entendre, cela concerne un gang mais que faire ? De quel gang parlent-ils au juste ? Le toman ? Peu probable. Le Phœnix, alors ? Peut-être.

- Madame ?

Je lève la tête subitement, un officier me dévisage. Mon estomac se retourne alors que je m'imagine déjà être traînée dans une des voitures blanches.

- Oui ? Je réponds finalement, l'air de rien.

Quitte à se faire prendre, autant faire l'idiote. Tandis que je réfléchis à une excuse, je me rends compte que je porte encore les mêmes vêtements de la veille.

- Vous allez bien ?

- Oui, excusez-moi mais j'ai entendu pas mal de bruit. Qu'est-ce qui se passe ?

- On enquête sur une personne très dangereuse. Elle a menacé un agent de nos services et tuer plusieurs hommes.