Prières et châtiments [Tokyo Revengers]

Chapitre XXI : Game Over

Music/ Low Life - Future

C'est la première fois depuis longtemps que je ne me suis pas sentie aussi paisible. Grâce à l'aide de D.ace, moi et Baji sommes parvenus à prendre la fuite. A la périphérie de Tokyo, on trouve généralement de petits villages traditionnels isolés de tout et c'est dans ce genre d'endroit, que D.ace avait une part de son héritage familiale. C'est une maison dont la façade ancienne fait peine à voir mais, elle nous garantissait enfin un semblant de sécurité. Coupée du village et en bordure de forêt, nous n'aurions pas pu rêver mieux.

Je suis perdue dans mes pensées alors que je déballe machinalement mon sac à dos. Avec cette sombre histoire, je dois rester à l'écart et faire profil bas un moment. Ma jambe me lance encore mais, je me contente de composer avec.

- Iza ? Appelle une voix qui ressemble davantage à un grognement.

- Ça va ?

- Ouais enfin, je vais installer mes affaires au salon.

- Au salon ? Je cligne des yeux, surprise.

- Il y a qu'une seule chambre donc j'te la laisse.

- Merci ?

En temps normal, aucun homme ne refuserait de partager le lit d'une femme surtout s'il y était obligé. Du coin de l'œil, je l'observe amener ses affaires dans la pièce d'à côté.
Il ne s'en plaint pas mais, la tension dans ses épaules trahis sa frustration. Je m'avance et m'accoude contre le cadre de la porte, l'ombre d'un sourire.

- Tu sais que tu n'es pas obligé ?

- A propos ?

- De dormir ici.

Il lève un sourcil, un sourire en coin sur le visage. A cet instant, je viens de lui ouvrir une porte que je pensais close a jamais.

- Tu serais prête à faire ça ? Et pourquoi ça ?

- J'ai besoin d'une raison ?

- Pas vraiment.

Il continue à sourire en reprenant à nouveau ses affaires qu'il apporte à l'étage. Je reste là, attendant qu'il revienne.

- Tu m'attendais ?

- Est-ce un crime ?

- Non mais c'est suspect.

Je ricane en roulant des yeux. Depuis notre fuite, je découvre une nouvelle facette de Baji. Une facette que j'apprécie, il n'est pas comme à son habitude, juste un sale con. Il s'est montré étonnamment prévenant, à sa façon.

- Iza ?

- Oui ?

Avant que je ne puisse le voir venir, le noiraud est devant moi. Son corps face au mien et ses deux bras de chaque côté de mon visage. Je sens son souffle mentholé me caresser la joue.

- Regarde moi.

Il passe ses doigts sous mon menton, m'obligeant à le regarder. Ses pupilles dorées me détaillent avec minutie comme s'il me découvrait pour la première fois.

- Est-ce que tu as peur, la ?

Il presse son torse contre moi, laissant sa chaleur m'envelopper de manière rassurante. Maintenant je comprends ce qu'Emma cherchait à me dire quand elle parlait de « papillons ».

- Non. Je déglutis péniblement, prise au piège.

Si l'envie de disparaître devait être personnifiée, j'en était la preuve. Soutenir son regard devient insoutenable, je suis clouée sur place.