Prières et châtiments [Tokyo Revengers]

Chapitre XXII : ?

Music/ Up down - T-Pain

Malgré le profond sentiment de plénitude que j'avais ressenti auparavant, mes rêves restent hantés par de sombres entités. Le visage d'Hanma apparaît avec un rictus malsain sur les lèvres, il parle, mais je ne parviens pas à saisir ce qu'il dit. Même en tentant de lire sur ses lèvres, je n'arrive à rien. Ses mots ne sont qu'une brise qui vient caresser mon visage.

J'ouvre les yeux, l'esprit encore embrumé par ce rêve étrange. Une douce chaleur enveloppe mon corps alors que je constate qu'un bras encercle ma taille. Les souvenirs précédents mon sommeil me reviennent immédiatement en mémoire, je ne peux m'empêcher de rougir face à la tournure des événements.
Je nous imagine nettement dans cette foutue cuisine, moi assise sur ce PUTAIN de plan de travail ! Les jambes écartées juste pour lui, et seulement lui. J'ai misérablement perdu ce pari et je risque d'en payer rapidement les conséquences.

Le souffle de Baji se transforme en grondement rauque tandis que sa prise se resserre sur moi. Ses doigts agrippent la peau de ma taille, m'arrachant un couinement de surprise.
Je tourne lentement la tête, découvrant ses traits déformés par la peur. D'eux même, mes bras se glissent autour de son buste, le serrant étroitement contre moi. Sans que je ne sache pourquoi, son état m'inquiète bien plus que je veux l'admettre.

- Keisuke ? Je chuchote contre son crâne.

Son corps se crispe, m'incitant à resserrer ma prise.

- Tout va bien.

Mes mains caressent les muscles saillants de son dos. La tendresse de ce geste ne m'échappe pas.
Mais qu'est-ce qu'il m'arrive au juste ? Aucune de mes pensées ne s'alignent correctement. J'en viens à me soucier d'une autre personne que moi-même.

Constatant que sa respiration devint à nouveau régulière, je me glisse hors de la couverture sur la pointe des pieds. Encore totalement nue, je me mouvois dans la pénombre jusqu'à atteindre la cuisine. Je n'avais pas pris la peine de l'observer correctement mais, une immense baie vitrée domine le tout, dévoilant le jardin. Depuis notre arrivée, le temps a finit par tourner et de grosses gouttes de pluie viennent s'écraser sur le bord de la terrasse. Les nuages obscurcissent le ciel, donnant aux lieux une allure morne. Je lâche un léger soupire tout en me saisissant d'une tasse que je place sous la machine à café. L'odeur du café me monte aux narines tandis que je fixe le flux de liquide au fond de la tasse.

Mon café à la main, je m'assois sur le plan de travail, fixant la pluie. Mes pensées s'égarent vers l'extérieur, fleurissant puis s 'écrasant avec le rythme de l'eau. Le son d'un message se fait entendre, clair et diffus. Je tourne la tête pour découvrir le téléphone de Baji, à quelques centimètres de moi. Prise d'un élan de curiosité, je tends la main pour m'en saisir. La notification s'affiche à l'écran.

« Inconnu :

Alors, elle est avec toi ? Oublie pas notre accord. »

Mes yeux parcourent frénétiquement l'écran, lisant et relisant le message. De qui cela peut-il bien venir ? Mon estomac se tords alors que les pièces du puzzle s'alignent. Ce message ne pouvait venir que d'une seule personne, Kisaki. Il ne me laissera pas en paix, peu importe les efforts que je fournis pour lui échapper, il finit toujours par me retrouver. L'angoisse grandissante, mêlée à un goût amer, je fixe le portable, incrédule.

Baji m'a trahi ?

La phrase tourne en boucle, me forçant à me reconnecter à la réalité.
Mon esprit cherche à convaincre ma conscience. Elle ne veut pas se rendre à l'évidence mais, les faits sont là, sous mon nez. Incapable d'en voir plus, je lâche le téléphone et sprint jusqu'à la chambre, située à l'étage. Ouvrant la porte à la volée, je me précipite sur mon sac à dos pour en sortir des vêtements que j'enfile rapidement avant de le refermer et de le jeter sur mon épaule.
Sur le pas de la porte, j'hésite mais je secoue rapidement la tête. Je ne peux définitivement faire confiance à personne, je ne peux me fier qu'à moi-même.

En passant proche du salon, j'aperçois la silhouette de Baji allongée sur le divan. Il n'a pas bougé et c'est mieux comme ça. L'affronter avant de pouvoir m'enfuir est loin d'être une bonne idée. J'attrape les clés de sa moto puis ouvre la porte d'entrée. Je jette un dernier regard en arrière en secouant la tête puis, laisse claquer la porte à ma suite.

Je fais le tour de la propriété pour trouver la bécane du noiraud. Je prends place sur la selle et enclenche le moteur qui vrombit férocement.