Chapitre 48 : Une nuit féérique

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Séparé de James par un concours de circonstances, Rémus, tantôt courrait, tantôt marchait à vive allure pour échapper à Rusard qui avait fini par les retrouver à cause de l'entêtement du poursuiveur et de sa maladresse causée par sa promptitude à faire les choses.

En s'élançant dans un des couloirs, ce dernier n'avait pas vu le pied d'une armoire qui dépassait et le percuta de plein fouet. Sa chute les avait alors privés de la cape d'invisibilité. Juste au moment où le poursuiveur s'était abaissé pour la ramasser, le concierge était arrivé au bout du couloir.

Malgré ses yeux plissés, il n'avait pu discerner le visage des élèves dont il avait repéré les silhouettes à cause de la faiblesse des torches dans cette aile de l'école.

Sous cette couche de blanc et de jaune d'œuf, seuls les traits de ses sourcils froncés et de sa bouche tordue par la colère avaient été épargnés par la générosité du liquide jaunâtre, le reste de son visage baignait dans ce liquide gluant.

Sa face indignée avait été la source de l'hilarité des deux garçons.

Mais ces derniers n'avaient pas eu le temps de rire très longtemps puisque leur victime, dents serrées et main qui opprimait sa lanterne, avait entamé une marche rapide, malgré son âge, en leur direction.

Ils s'étaient alors enfuis sur-le-champ et avaient dû se séparer.

Cette course imprévue, par l'air frais qu'elle déposait sur chaque parcelle de sa peau faisait oublier à Remus les mauvaises pensées qu'il avait l'habitude de ruminer, de même que l'adrénaline qu'il ressentait, dès qu'il mettait en œuvre avec ses amis un de leurs mauvais tours, l'y aidait.

Comme il n'entendait plus Rusard, il ralentit l'allure.

Mains dans les poches, il continua son chemin à vive allure, mais sans courir.

La lueur du croissant de lune se répandait sur le sol à travers les nuages qui frôlait l'astre nocturne de leurs mains évaporées. De temps en temps, le vent, en tant que suprême amant de cette dame de la nuit, repoussait les assauts des prétendants brumeux d'une violente secousse. Les courtisans partaient donc ailleurs, à la conquête de quelque étoile, plus petite, certes, mais moins convoitée.

Dans un profond silence, uniquement perturbé par l'écho de ses pas, il s'approcha de l'une des fenêtres et leva son visage songeur vers la lune.

Cette dernière, dans un accès de bonté envoya ses rayons blancs bleutés d'un azur pâle dans les yeux de son observateur pour en mélanger éclat et couleur et en faire naître des petites étoiles argentées. Le bleu clair des prunelles entamait une danse féérique avec le bleu pâle de l'astre, œil magistral de la nuit.

Mais, dans cette danse marine, l'ombre d'un déluge passa.

La lune, alors prodigueuse de beauté, devint mesquine. Comme pour attiser la douleur de cet homme, elle infiltra sa pure lumière, pure en couleur mais vicieuse en intention, dans les deux cicatrices dont son visage était affublé. Ces dernières débutaient leur course du côté gauche de son front pour les terminer du côté droit de son menton.

De sa lueur mesquine, la lune soulignait avec insistance la différence de son visage comme pour mettre en valeur celle qui dormait au plus profond en lui, mais, qui, pourtant, ne cessait de le hanter et de le suivre partout où il allait.

La lune contenait en elle autant de cruauté que de beauté.

Selon ses phases, elle avait ses secrets, elle avait son influence, elle avait ses tortures. En fonction de ces dernières, elle prodiguait ses dangers à ceux de la Terre et les regardait sans rien faire.

Hold On (retour dans le passé à l'époque des Maraudeurs)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant