Je déteste les gens qui disent : "c'est la vie" mais en réalité, ils ont raison, c'est la vie. 07« On dit souvent "au revoir" aux gens qu'on pense jamais revoir
Je le sais qu't'as vu qu'j'ai pas pleuré à ton deuil
Mais c'est encore pire que ça, parce que j'brûlais d'l'intérieur »Quand les cailleras prient, Dinos
« Quand la tempête va passer, je t'appellerai. Quand les arbres, le vent, l'univers cessera de se déchaîner autour de nous, je t'appellerai. Je sais qu'on s'était dit que c'était mieux ainsi, que nos cœurs s'aimaient bien plus loin l'un de l'autre, mais ce soir, j'ai peur. Je te parle de ce genre de peur qui ne te quitte pas, qui s'en va un moment en te faisant miroiter un instant de répit, mais qui revient et dont chaque vague te paralyse le cerveau puis la pensée. Je te parle de ce sentiment permanent d'insécurité qui me guette parce que tu n'es pas là.
À l'intérieur et autour de moi, c'est apocalyptique. Je n'ai qu'une envie, sortir de chez moi, braver ces bourrasques pour m'assurer de mes yeux que tu vas bien ce soir. J'ai essayé de t'appeler, mais tu ne répondais pas. Sans doute que tu étais occupé alors j'ai laissé un premier message, un second et puis celui-ci. Peut-être que d'ici peu, les lignes seront coupées. Le courant est déjà parti. Qui aurait cru que dans le confort de ce pays qu'on aimait tant, une telle catastrophe arriverait ? Qui aurait cru que des maisons ou autrefois régnaient des rires, deviendraient les tombeaux des familles qu'elles abritaient ?
Alors jusqu'à ce que j'use ma batterie, jusqu'à ce que les lignes soient coupée, jusqu'à ce que la nature cesse de se déchaîner, je vais t'appeler pour entendre ton répondeur quelques secondes. Seulement quelques petites secondes.
Quand on sortira d'ici je reviendrai à Paris pour te voir. Je te dirai combien je regrette qu'on se soit si souvent manqué. La mort peut encore nous attendre un moment. Je n'ai rien contre elle, mais je lui dis simplement que ce ne sera pas ce soir.
Dehors, le ciel tonne bruyamment et chaque fois qu'il gueule, je prie pour que ou que tu sois, que tu sois à l'abri et en sécurité, mais surtout pas seul.»
Coupure.
« Désolé, ça a coupé. Tu savais qu'un message vocal ne pouvait pas dépasser 300 secondes ? Un fait intéressant à sortir en société, mon amour. Mon portable va s'éteindre, je suis à 2 %. Jusqu'à ce qu'on se retrouve, quand la tempête passera, je veux juste te dire que je t'aime et que je préfère rester positif, me dire que tu es en sécurité là où tu es. Quand la tempête va passer, je t'appellerai.
Je t'aime Pierre. Je ne t'ai jamais dit combien tu... »
Batterie déchargée.
Coupure.
Benjamin pensa que six mois plus tôt, il était dans son appartement avec Pierre avant toute cette histoire de pause.
*
« Dans cet appartement, on ne crie pas. »
La seule règle imposée dans ce petit coin qui avait été pensée pour être un petit paradis sur terre. Un appartement où vivait Pierre, trente-six ans et son compagnon Benjamin, un an plus vieux. Ils s'étaient rencontrés douze ans plus tôt par le biais d'amis en commun, comme une bonne dose de français.
Rien de très original.
Benjamin avait trouvé Pierre très beau, mais à l'époque, il n'était pas question pour ce garçon de vingt-cinq ans de s'engager dans quelque chose de sérieux. D'ailleurs, il n'avait jamais été en couple. Quelques brèves relations par-ci par-là, sans trop verser dans le sérieux.
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Recueil d'OS : Les histoires de Pierre et Benjamin
FanfictionDes histoires très courtes sur l'univers verrecrocien. Je n'ai pas trouvé mieux pour présenter tout ça. Bonne lecture !