Une semaine après le dîner, ma mère parfaite heureuse d'avoir revue sa famille. Elle leur a expliqué pourquoi elle est partie et leur a raconté comment se sont passées ces dernières années, sa rencontre avec Daphné, ma naissance et notre vie de famille. Certains sont toujours déçu mais elle se dit qu'avec le temps ça s'arrangera.
Aujourd'hui, elle m'a demandé de l'accompagner au café. Il a ouvert il y a un peu plus de deux semaines maintenant et l'affaire marche plutôt bien. Sue est venue avec certains à plusieurs reprises. Elle veut que j'apprenne quelques pratiques pour que je puisse l'aider à l'avenir en cas de soucis. Ça me fait plaisir de pouvoir lui rendre service.
J'arrive au café, je passe la porte et salue ma mère. Elle m'emmène à l'arrière pour que je puisse poser mes affaires et me changer. Elle me montre les lieux et m'explique comment va se passer cette journée.
- Je vais te montrer comment on fait les cafés et le fonctionnement de la caisse.
On s'était déjà un peu entraîné à la maison pour préparer chaque café, thé et autres boissons chaudes ou froides. En revanche, je n'ai jamais touché à la machine. Elle me montre où appuyer et de faire attention de ne pas me brûler.
Le matin je n'ai fait que la regarder faire et me suis occupée de la caisse et accueillir les clients. L'après-midi, il y avait moins de monde, et j'ai essayé de servir certains clients. Ça s'est plutôt bien passé. Je me suis trompée seulement une fois. J'ai confondu le lait de soja avec le lait de ferme.
La sonnerie de la porte avertit l'arrivée d'une nouvelle personne. Je lève la tête et souris.
- Bonjour, bienvenue au Café d'Oz, un jeu de mot avec le nom de ma mère. Quand elle me l'a dit ça m'avait fait rire. Que puis-je faire pour vous.
- Bonjour, j'aimerais bien un café noir s'il vous plaît, dit le client avec un grand sourire.
- D'accord, je vous fais ça tout de suite.
Le client est un jeune homme d'environ mon âge. Il est très grand, plus d'un mètre quatre-vingt-dix. Ses cheveux sont de la même couleur que ceux de Daphné mais plus clair. Ses yeux, quant à eux, sont étranges. Ils sont d'un noir obscur, on ne peut pas voir la distinction entre la pupille et son iris. Il est intimidant et le regarder dans les yeux me mets mal à l'aise.
Une fois sa boisson prête, je lui tends. Il me tend l'argent et je l'encaisse. J'évite le plus possible de le regarder dans les yeux. Une fois qu'il a payé, il va s'asseoir sur une table. Il est seul dans le café. Enfin, il est seul avec moi et à ce moment-là, je ne sais pas quoi faire.
Une demi-heure plus tard, il n'a toujours pas touché sa boisson. Il regarde par la fenêtre. Il semble rêveur.
Vingt minutes plus tard, il part. Je débarrasse sa table et je vois qu'il n'a pas bu son café. C'est étrange, mais je n'y prête pas attention. Il n'a peut-être pas aimé et n'a pas osé le dire.
Je nettoie la salle, le comptoir et ma mère me dit que je peux rentrer, qu'elle finira le reste. Je la remercie et lui dit que je vais sûrement me promener sur la plage.
Je me change, prends mon sac, puis monte dans ma voiture. Je me dirige vers la plage. Une fois arrivée, je pose mon casque sur les oreilles et décide de marcher un peu.
Je trouve un coin tranquille, et décide de m'assoir. Je regarde la mer en face de moi. Elle m'inspire, me fait penser à une histoire, à un mythe. Celui des sirènes. Ces créatures à l'apparence magnifique, mi-femme, mi-poisson, qui par leur beauté mais surtout leur voix envoûte les marins qui naviguent pleine mer ou océan. Elles les hypnosent, les appellent à sauter par-dessus bord, et les emmènent par la suite au fond de l'océan pour les dévorer. Le dicton disant de ne pas se fier à l'apparence est vrai. La belle créature n'a pas toujours un cœur pur.
Alors que je termine mon travail, je n'entends pas tout de suite les bruits de pas qui se rapportent. Quand je vois une ombre passer devant moi, je lève la tête et vois un homme de dos. Il a de très larges épaules et son t-shirt à manche courte me permet d'apercevoir ses muscles. Je le détaille de la tête aux pieds. Il porte un short qui lui arrive au-dessus des genoux, un t-shirt noir qui moule son dos très musclé et ses cheveux aussi noir que le plumage d'un corbeau. Il se tourne et me surprend en train de le détailler. Mon regard croisa le sien et cet échange sembla me réchauffer. Des milliers de frissons parcourent mon corps quand je rencontre ses yeux d'un marron intense. Il a un regard réconfortant. Une beauté à couper le souffle.
Pourtant, il me dévisage comme si je l'avais importuné. Ses yeux me lancent des éclairs. Il ne finit pas détourner la tête et continuer son chemin. Je n'ai pas compris. Premièrement, pourquoi m'a t'il dévisagé comme ça. Ai-je tué son chien ? Sa famille ? Je ne crois pas, alors pourrais-tu avoir l'obligeance de bien me regarder. Enfin, ce n'est pas très grave. Mais avant tout, pourquoi me suis-je sentis comme ça en le voyant. Comme si je respirais pour la première fois. Une sorte de renaissance. C'était très agréable. Nous n'avons pas dû ressentir la même chose apparemment.
Je devais partir. Je pris mes affaires et fuis la plage. Je regarde une dernière fois derrière moi et remarque qu'il était parti.
Une fois à la maison, j'explique ma journée à Daphné, que tout s'est bien passé et lui montre mon nouveau dessin.
Nous passons à table et une fois le repas terminé, je monte dans ma chambre. Je prends une douche et en sortant je croise mon reflet. Celui qui me dégoûte. Quand je me vois, je ne vois qu'une silhouette répugnante. Mes cernes sous les yeux. Mes côtes voyantes. Ces cheveux ternes. Ces yeux vides. Et elles. Partout.
C'est comme ça que je me sentais depuis un an maintenant. Vide. Ne m'appartenant plus.
C'est leur première rencontre, votre avis dessus ?
1053 mots
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❍ SUNSET ❍
FanfictionL'année a été un cauchemar pour moi. J'ai réussi malgré tout à garder la tête hors de l'eau et à m'échapper. Ici, dans ce coin perdu dans l'état de Washington j'ai pû reconstruire ma vie. Une nouvelle identité mais des blessures ouvertes à porter. A...