Peut-être

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Le flirt, c'était comme le froid grisant de l'hiver. Il était facile de l'apprécier, sauf quand on devait l'affronter concrètement. L'amour de jeunesse avait la même saveur qu'un cadeau de Noël raté. Quand on y repensait, on en riait.

Sauf quand ces flirts se mêlaient aux amours de jeunesse pour que la flamme de plusieurs nuits vienne réchauffer nos cœurs. Une flamme tentatrice, qui nous arrachait des paroles que l'on regrettait le matin venu. Ces mots que l'on avait tant de fois répétés dans notre enfance et qui aujourd'hui semblaient aussi vains et idiots qu'un glaçon dans l'infini océan. Une bouteille jetée à la mer mais qui ne contenait aucun message. Un appel à l'aide, peut-être. Un appel à l'aide muet, sourd et aveugle.

Quand les sentiments s'en mêlaient, on pensait à toutes ces fois où l'on en avait ri. Toutes ces fois où l'on avait récité des discours débordants d'amour, qui auraient fait pleurer quiconque les surprendrait. Des discours que j'avais espéré te voir prononcer à nouveau. Peut-être avais-je été trop optimiste.

J'en aurais presque ri, si je n'étais pas autant concerné. J'en aurais presque ri, si ta peau pâle ne m'avait pas autant manquée. J'en aurais presque ri, si seulement tu n'avais pas pris les choses au sérieux comme jamais je n'aurais dû l'espérer. J'en aurais presque ri, si mon cœur n'avait pas autant tambouriné dans ma poitrine en te revoyant. J'en aurais peut-être ri.

Les sentiments, on les confondait souvent quand on envoyait bouler les épreuves de nos vies. On se pensait invincibles alors que nous n'étions que deux âmes jeunes et innocentes prêtes à conquérir le monde. On imaginait pouvoir rendre heureux les gens, donner le sourire aux plus tristes et guérir les plus malchanceux. On se souriait et on clamait s'aimer quand nos seules émotions étaient guidées par des rêves utopistes de gamins inconscients.

J'y ai cru longtemps, si je dois être honnête. J'y ai cru et te revoir a réveillé en moi des sensations perdues depuis des années. J'y ai cru et j'ai espéré. Peut-être que j'aurais dû arrêter d'y croire, peut-être que j'aurais dû voir les choses telles qu'elles étaient. Un amour passager, un amour passager qui aurait peut-être dû le rester.

Puis j'ai souri en comprenant qu'un amour d'adolescent disparaissait lorsque l'un d'eux grandissait trop vite. Peut-être était-ce moi, cette fois. Le fautif, celui qui avait tout gâché. Je ne sais pas vraiment, j'ai toujours cru que tu étais celui que j'avais le droit d'accuser. Parce que c'était plus facile ainsi. Je crois.

Nous étions ivres l'un de l'autre, ivres de ces émotions que l'on pensait saines, que l'on pensait si agréables et positives. Peut-être étais-je ivre de toi, ou bien l'étais-tu. Il était difficile de démêler qui était qui lorsque nos yeux se croisaient. Nos mondes ne faisaient qu'un quand nos corps se mêlaient.

C'était une passade, un coup de vent, quelque chose d'éphémère, je me le suis souvent répété. Nos destins se sont alliés contre nous, ou peut-être était-ce le contraire.


Calendrier de l'Avent - Multiship - 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant