22 SUR LES TRACES DE GRINDELWALD

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Par crainte de perdre la confiance fraîchement retrouvée de Ron, et voyant à quel point le visage de son ami se décomposait alors qu'il racontait son cauchemar à ses camarades de chambre, Harry se garda bien d'expliquer que ce n'était pas la première fois qu'il rêvait d'une scène du genre. Il s'appliqua tout particulièrement à dissimiler sa conviction qu'il s'agissait bien de la même personne qui lui rendait encore et encore visite dans ces songes inquiétants. Une personne dont les ressemblances avec Halcard étaient autrement troublantes.

La semaine continua aussi péniblement qu'elle avait débuté. La soirée, ainsi qu'une bonne partie de la nuit du mardi au mercredi furent consacrées à la rédaction du rapport pour Dawlish. C'est la bouche pâteuse et les yeux rougis par le manque de sommeil que Harry, Ron et Neville confièrent leur précieux travail à la petite nyctale de Hannah. Toutes les informations récoltées à Poudlard s'y trouvaient, en plus d'une conclusion éloquente détaillant à quel point la perspective de voir deux des pires lieutenants de Voldemort mettre la main sur un ancien artefact ayant appartenu à Grindelwald était alarmante.

Au matin du vendredi, la réponse de Dawlish fut larguée sans ménagement au-dessus de leurs bols de céréales respectifs. À la surprise générale, le chef des Aurors leur avait renvoyé leur rapport qu'il s'était contenté de barrer d'une large croix tracée à l'encre rouge. Le reste du message était du même acabit. Un peu plus bas dans son courrier, il leur avait attribué une série de notes toutes plus mauvaises et vraisemblablement arbitraires les unes que les autres.

– Qu'est-ce que c'est que cette arnaque ? Comment ça se fait que tu aies obtenu « Acceptable » en « Travail d'équipe » alors que nous on a eu un « Désolant » ? s'écria Ron après que Neville et lui, qui avaient du mal à en croire leurs yeux, aient échangé leurs courriers. Quel travail d'équipe ? On ne t'a pas vu de tout le trimestre dernier.

– C'est la seule note correcte que j'ai eue. Mais ça n'a vraiment aucun sens, je suis d'accord. Désolé, Ron, répondit Neville d'un air gêné. Je dois être celui qu'il déteste le moins, ou je ne sais quoi.

– Ou alors il espère semer la zizanie, observa Hermione, outrée. C'est incroyable que Kingsley ait pu nommer quelqu'un comme Dawlish à la tête de ce département. Lui aussi, c'est à croire qu'on ne l'a jamais véritablement connu. Sincèrement, j'ai du mal à comprendre.

Pire encore ; dans la fin de sa lettre, Dawlish leur avait infligé un avertissement : « faute de résultats concluants ». Chose qui, comme l'expliqua Ron, risquait de leur coller à la peau jusqu'à la fin de leurs jours ; car le second avertissement sonnait le glas de toute carrière au Ministère, quelle qu'elle ait pu être.

Si Ron et Neville accueillirent la mauvaise nouvelle avec désespoir, Harry fut surpris de la facilité avec laquelle il parvint à la transformer en une sorte de carburant au feu qui brûlait déjà en lui. Peut-être était-ce lié au fait que sa rentrée s'était montrée bien moins confortable que celle de ses amis.

Quoi qu'il en soit, Dawlish et ses menaces stupides pouvaient bien aller au diable, ruminait Harry intérieurement, quelques heures plus tard en se rendant en cours de défense contre les forces du Mal, les Lestrange étaient sur le point de déclencher quelque chose d'autrement plus grave qu'un avertissement sorti de nulle part.

La leçon sur les « êtres hybrides » s'avéra plus intéressante que Harry l'avait prévu et parvint même à retenir son attention un bon moment. Le professeur Helsing n'eut de cesse de mettre en garde la classe quant à la forte incertitude qui accompagnait l'union de deux êtres de familles génétiques trop éloignées. À l'entendre, il était si difficile de déterminer les caractéristiques et la viabilité de la progéniture de telles liaisons, qu'elles étaient bien souvent interdites.

Harry Potter et le Compas du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant