Harry Potter et le Compas du Chaos

30 LE DERNIER REVE DE LITOVOI

– Endoloris ! fit la seconde silhouette, et Harry se sentit soulevé du sol par la puissance du sortilège. 

Une douleur sauvage l'envahit, le privant des quelques forces qui lui restaient encore. C'était comme de se faire déchirer par une bête que l'on aurait trop longtemps privée de liberté, et qui aurait patiemment attendu son heure...

– Ah ! exulta le moins grand des deux hommes, celui qui devait être Rabastan, alors que Harry retombait par terre sans ménagement. Le passeur ne nous avait pas menti !

– Non, ricana son frère, Rodolphus. Et ce soir, le bougre risque d'avoir beaucoup de travail, ajouta-t-il gaiment en désignant tous les êtres, déjà inconscients, malades, ou morts, qui jonchaient le sol. Quel accueil royal ! Ils se sont déjà tous entretués, j'aurais aimé voir ça.

À grands pas, Rabastan rejoignit Harry qui demeurait allongé, impuissant, et lui décocha un violent coup de pied en pleine figure. Son nez se cassa dans un craquement sonore et sa baguette roula en tintant, balayée au loin.

– Le pire est encore à venir pour toi, Potter, siffla le Mangemort avant de cracher par terre. Oh, mais que vois-je...

Il venait de remarquer l'épée de Gryffondor et s'en empara avec avidité, dépouillant Harry de son dernier moyen de défense.

– Rabastan !

– Quoi... ? maugréa ce dernier, frustré de voir interrompue sa séance de torture.

– Je... Il est là ! L'artefact, je l'ai trouvé !

L'excitation de Rodolphus était presque palpable.

– Très bien, apporte-le-moi donc.

Il y eut quelques bruits de pas précipités, puis une voix retentit au loin.

– Ne bougez plus !

Au travers des carreaux brisés de ses lunettes, Harry distingua deux nouvelles silhouettes se profiler au fond de la salle. L'une paraissait svelte, avec des épaules assez larges ; l'autre était plutôt maigre, relativement grande, et portait des cheveux blond platine. Neville Londubat et Drago Malefoy s'étaient manifestement échappés de l'infirmerie pour les rejoindre.

– Je te reconnais toi ! s'emporta Rodolphus, contrarié. Tu ne serais pas le fils Londubat par hasard ?

Neville acquiesça silencieusement.

– Oui... oui bien sûr, se réjouit Rabastan en se tournant vers lui. Décidément, nous sommes gâtés ce soir. Je suis curieux de voir si tu tiendras aussi longtemps que ta mère, Neville.

– C'est vrai, renchérit Rodolphus en prenant une voix de bébé. Ton pauvre papa est très vite devenu tout gaga...

Il n'y eut aucune réponse, et Harry félicita intérieurement Neville pour son sang-froid. Les Lestrange durent être déstabilisés par ce mutisme, car lorsqu'ils reprirent la parole, c'était pour s'adresser au second venu.

– Drago... ! Drago, c'est bon de te revoir ! le salua Rodolphus.

– Oui... Et que dirais-tu de laisser ce traître à son sang, lui embraya Rabastan, afin de rejoindre des personnes un peu plus... fréquentables ?

Drago fit un pas de côté avec hésitation, marquant une distance symbolique avec Neville.

– On l'a trouvé, Drago ! reprit Rodolphus en lui montrant le compas qui reposait quelques mètres plus loin. Avec cet objet, on accomplira les dernières volontés du Seigneur du Ténèbres... notre famille sera reconstituée !