17 RESURGENCE

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L'hiver s'installant en Transylvanie carpathique, Durms­trang et ses alentours s'étaient rapidement retrouvés ensevelis sous une double épaisseur de flocons, épaisse et crémeuse.

Dressée à quelques centaines de mètres de là, la cime de la Corne du Diable surplombait toujours aussi fièrement les environs. Depuis peu, la montagne rappelait à son voisinage qu'aucun pic enneigé digne de ce nom ne pouvait être côtoyé à la légère. Régulièrement, une avalanche se déclenchait qui faisait trembler les fondations de l'école toute entière. Peu coutumiers du fait, les élèves de Poudlard sursautaient alors à l'unisson. Certains, comme Neville, se ruaient sous leur pupitre, alors que d'autres préféraient se précipiter aux fenêtres les plus proches pour observer le gigantesque nuage qui dévalait la pente à toute allure, en engloutissant tout sur son passage.

Fort heureusement, et conformément à ce qu'avait annoncé Halcard quelques mois plus tôt, chacune des coulées avait été amortie par la Forêt d'Argent jusqu'ici, et l'école n'avait eu à subir que quelques dizaines de minutes à rester plongée dans l'obscurité artificielle et oppressante de la « nuit blanche ».

Harry, de son côté, avait repris du poil de la bête depuis qu'il avait renoncé à sa traque des Lestrange. Il lui arrivait toujours de faire quelques cauchemars incompréhensibles, mais, ces désa­gréments mis à part, son quotidien s'était révélé bien plus vivable. D'une certaine façon, l'absence de signaux particuliers de la part de sa cicatrice et les rapports réguliers généreusement offerts par le « fantôme au long nez » (ainsi que le groupe était convenu de l'appeler juste après leur première entrevue) quant à la non-activité constatée des Mangemorts, le confortaient dans sa décision, si difficile qu'elle ait été à prendre à l'époque.

Comme espéré, la relation qu'il entretenait avec ses amis s'était nettement améliorée. Ron et lui étaient de nouveau fourrés ensemble aussi souvent que possible ; Hermione travaillait toujours plus assidûment à la préparation des ASPIC blancs qui auraient lieu la dernière semaine de l'année ; et Ginny, quant à elle, se faisait un sang d'encre pour le premier match du tournoi de Quidditch qui débuterait incessamment...

– Surtout n'essaie pas de le suivre si tu vois qu'il se met à remuer son pied gauche, Harry. Vassili fait toujours ça quand il bluffe avant de planter l'attrapeur adverse ! Ron – un verre de jus de citrouille, pas plus – on a besoin d'un gardien réactif ! Drago...

– « ... reste bien dans mon sillage et ne garde pas le souafle pour toi tout seul », compléta Malefoy. Je sais, arrête de me prendre pour un vieil elfe de maison bouché... tu nous répètes ces trucs depuis un mois au moins.

Hermione, qui avait obtenu de la capitaine en personne l'autorisation de prendre son petit déjeuner avec l'équipe, reposa sa tartine et abaissa sa Gazette du Sorcier de quelques centimètres pour foudroyer Drago du regard.

– Tiens... Dawlish a encore gaffé, marmonna-t-elle quelques instants seulement après s'être replongée dans sa lecture.

– Laisse-moi deviner, fit Ron, il a trouvé le moyen de s'auto-stupéfixer pendant une réunion avec les services de sécurité de puissances étrangères ?

– On n'en est pas loin. C'est Kingsley qui doit s'en mordre les doigts aujourd'hui. Quand bien même il l'aurait nommé à l'époque pour séduire les électeurs du camp adverse...

– En tout cas ça explique pourquoi on a reçu beaucoup moins de demandes sur les progrès de l'affaire Lestrange ces derniers temps, fit remarquer Harry tout en apposant une dernière couche de cirage Brillaumaxx sur son Éclair de Feu. Bah, on peut s'attendre à ce que Dawlish revienne à la charge après les vacances de Noël. D'ailleurs, il n'a pas relevé quand je lui ai dit qu'on rentrerait à Poudlard pendant les congés.

Harry Potter et le Compas du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant