Harry Potter et le Compas du Chaos

27 MISES EN GARDE

– Quoi ? grimaça Malefoy. Je pensais qu'elle était partie se changer, pour fêter l'évènement.

– Et qu'est-ce qui te fait croire que c'est la Lethargum Tenebris ? demanda Ron, embarrassé. Le match a été intense, même pour les spectateurs, elle... elle a peut-être simplement fait un petit malaise.

– On a essayé différents sortilèges, différents sels magiques pour la réveiller, mais rien n'a fonctionné. Elle reste allongée, et murmure parfois des choses étranges...

Drago s'adossa contre le mur le plus proche, la tête basse et les poings serrés. De son côté, Harry se sentait écœuré par l'injustice de la situation. Il détestait Pansy mais trouvait intolérable que Drago Malefoy soit si mal récompensé par les circonstances, notamment après avoir démontré une telle bravoure face à Vassily et son équipe. Le plus insupportable tenait peut-être au fait que Harry estimait venue l'heure d'accorder à Malefoy sa seconde chance.

– Et alors ? grogna férocement Drago après un long silence. Qu'est-ce que tu comptes faire pour régler la situation ? C'est toi la Préfète, après tout.

Hermione sembla défaillir.

– Ce que je compte faire ? Je... ne sais pas trop, admit-elle d'une voix tremblante. J'ai déjà fait part de la gravité de la situation à Poudlard, tu sais.

– Parfait, dans ce cas...

Mais le ton détaché de Malefoy sonnait faux.

– ... dans ce cas, reprit-il, j'imagine que McGonagall a ordonné qu'on nous rapatrie sans tarder. C'est bien ça, n'est-ce pas.

Subtilement, la tension avait monté d'un cran. C'était comme si la victoire de Poudlard face à Durmstrang avait eu lieu des années en arrière.

– Réponds-moi, Granger. À moins que tu n'aies pas les tripes d'admettre que cette vieille toupie se contrefiche de la santé des Serpentard.

En un éclair, Ron s'était interposé.

– Laisse-la tranquille, ordonna-t-il froidement.

– Et voilà... Tu comprends, maintenant ? fit Drago avec fatalisme en se tournant vers Harry. Gryffondor, Serpentard, le Magenmagot, aucune différence ; tout ce qu'ils veulent, c'est le pouvoir pour le pouvoir. Sans surprise, votre chère McGonagall n'échappe pas à la règle.

Harry mit quelques instants à comprendre que Drago faisait allusion à leur dernière discussion en tête à tête. Celle qui avait eu lieu dans les vestiaires des semaines plus tôt, et au cours de laquelle ce dernier s'était confié sur les craintes qui le torturaient.

– La directrice est déjà surmenée, ce n'est pas de sa faute si...

– Arrête, Harry ! Par Merlin, arrête, tu n'y crois pas toi-même ! le coupa Malefoy, une soudaine forme de démence au fond des yeux. Celle-là même qui caractérisait Bellatrix Lestrange de son vivant.

– Je suis sincèrement désolée, Drago, je n'ai pas de solution à te proposer pour le moment, avoua Hermione en se mordant la lèvre jusqu'au sang.

– Toi aussi, tu mens, rétorqua Malefoy, intraitable. La solution, tu la connais. Vous la connaissez tous.

Harry, Ron et Hermione se jetèrent un regard interloqué. À quelques mètres de là, dans un monde à part, Ginny brandissait son Nimbus 3000 sous les acclamations des autres élèves de Poudlard. Harry avait de la peine à croire qu'ils aient pu tous être ivres de joie quelques minutes encore auparavant.

– Halcard, annonça Drago si simplement que ç'en était dérangeant. Bas les masques... Harry est trop malin pour ne pas l'avoir compris, et il est aussi trop bavard pour ne pas vous en avoir parlé. Vous faites des cauchemars, vous aussi, on en fait tous dans cette fichue école. C'est Halcard qui nous torture, qui tire les ficelles ; c'est lui, la cause de la Lethargum Tenebris. Et si on ne fait rien pour l'arrêter, on finira comme Pansy d'ici peu.