24 UNE OFFRANDE AU PASSEUR

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– Il est là ! je le vois !

– Hé, ça va mon vieux ? fit la voix de Ron avec écho. Tu t'es fait désarçonner plus tard qu'Hermione, on se demandait si on allait te retrouver un jour.

Sans plus aucune notion du haut et du bas, Harry tenta de se redresser. À en juger par les vives sensations de brûlure qu'il ressentait, ses genoux, ses coudes et une bonne partie de son dos avaient été écorchés durant sa chute. Fort heureusement, le reste de son corps avait l'air intact.

– Hermione va bien ? demanda Harry qui retrouvait peu à peu ses esprits.

– Je suis toujours entière, répondit-elle un peu plus loin, c'est dur à croire après tout ça, mais je suis bel et bien en vie.

– Désolé de t'avoir entraînée là-dedans. La... la racine est devenue complètement folle. Ensuite, elle nous a fait traverser la paroi et puis... et puis plus rien.

– Considère plutôt que tu m'as sauvée, c'était ça ou finir ensevelis, ou écrabouillés par tous ces rochers qui nous tombaient dessus.

Ils se trouvaient dans un boyau rocheux d'environ deux mètres de diamètre. À quelques pas seulement, l'extrémité de la racine qui leur avait fait traverser la paroi, un peu plus tôt, se tenait sagement immobile, comme si elle s'était trouvée dans cet état depuis toujours.

Avec un soupir de soulagement, Harry constata que Ginny, Neville et Luna n'avaient pas été blessés trop grièvement. Comme lui, ils semblaient seulement avoir été un peu râpés au moment où les évènements s'étaient précipités.

– L'Yggdrasil n'a pas agi par hasard, rectifia Neville en désignant le couloir rocailleux qui s'étendait désormais devant eux. Il s'est passé quelque chose quand vous étiez en bas, Hermione et toi, j'en suis certain.

– Si c'est le cas, commenta Ginny en brandissant sa baguette, on ferait bien de rester sur nos gardes, et de baisser la voix.

– Souvenez-vous, murmura Harry, pour autant qu'on ait une chance de trouver le Compas, il devrait s'agir d'une sorte de disque, un peu plus gros qu'un Gallion. Neville, ton intuition était la bonne, c'est bien au fond du puits que le Compas a été fabriqué, j'en mettrais ma main à couper, ajouta-t-il alors que Ron lui lançait un regard intrigué.

Le chemin se resserra bientôt sur eux, à tel point qu'ils n'eurent d'autre choix que de progresser à quatre pattes, les uns à la suite des autres. Ses genoux avaient beau le brûler à mesure qu'il avançait, c'était à sa tête qu'Harry avait le plus mal, ou plutôt, à sa cicatrice. Après des années de lutte contre Voldemort, c'était le genre de douleur lancinante qu'il avait appris à reconnaître, et surtout à redouter.

Un bruit étrange, comme une complainte étouffée, résonna autour d'eux avec écho, détournant Harry de ses préoccupations.

– Cette fois, ce n'était pas mon ventre... se justifia Ron dans un bougonnement.

En d'autres circonstances, la remarque n'aurait pas manqué de faire sourire Harry. Cependant, un nouvel écho lui était parvenu parmi les halètements et autres raclements de leurs genoux sur le sol rugueux, et son sang s'était brusquement glacé dans ses veines.

Un peu plus tard, ce n'est qu'à moitié soulagé que Harry s'extirpa de la portion de tunnel oppressante. Des voix lugubres leurs parvenaient désormais distinctement, comme si elles s'étaient directement élevées des profondeurs de la Terre. La peur au ventre, serrés les uns contre les autres, ils avancèrent aussi discrètement que possible. Régulièrement, un nouveau rocher se dessinait dans l'obscurité et ils sursautaient, comme s'il s'était agi d'une créature cauchemardesque, prête à les attaquer.

Harry Potter et le Compas du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant