Harry Potter et le Compas du Chaos

28 PERDUS DANS LA TEMPETE

Les heures qui suivirent l'agression ainsi que la fuite d'Halcard furent plus que déroutantes pour Harry et ses amis. Fidèle à ses devoirs de Préfète-en-Chef, Hermione alla jusqu'à sécher le cours du lundi après-midi pour préparer un parchemin à destination du professeur McGonagall. Hélas, les vents qui s'abattaient sur Durmstrang étaient devenus si puissants qu'aucun messager, qu'il soit à plumes ou à poils, n'accepta de se risquer en dehors de la volière.

Plus intriguant encore, lorsqu'Hermione se présenta en salle des professeurs en quête d'une alternative, Abrosius lui répondit que les réserves de poudre de cheminette s'étaient mystérieusement volatilisées.

– Comme par hasard, ça coïncide avec le départ d'Halcard, fit remarquer Neville au détour d'une discussion animée, le soir venu.

Le nez sur un ancien examen de défense contre les forces du Mal déniché par Hermione, Harry s'abstint de tout commentaire. Il n'en pensait pourtant pas moins. Juste après l'assaut de Malefoy, les gestes et le discours du doyen n'avaient plus été les mêmes. Comme si une personne différente avait subitement retrouvé le contrôle de son corps pour filer aussitôt, non sans avoir lancé une ultime mise en garde.

Avec toutes les conversations qu'ils eurent à ce sujet jusqu'à une heure déraisonnablement avancée de la nuit, il devint clair qu'Halcard avait fait l'objet du Sortilège Impardonnable de l'Imperium. Un enchantement interdit, capable de soumettre quiconque à sa volonté.

Restait à savoir qui. Qui avait assujetti Halcard ? Qui pouvait bien tirer les ficelles dans l'ombre, et tenter de brouiller toute communication avec le monde extérieur... ?

– Pour être passé inaperçu jusqu'ici, il faudrait quand même être sacrément doué, fit remarquer Ginny entre deux grondements de tonnerre.

– Et si c'était Koulok ? souffla Ron depuis son fauteuil bergère préféré.

– Le bossu baveux ? tu veux rire !

– Justement, c'est peut-être là que se trouve l'astuce... Car en réalité, il n'aurait rien d'un bossu, ou d'un estropié !

– Et les Lestrange alors... ?

Mais ni Koulok, ni les Lestrange n'avaient quoi que ce soit en commun avec la chose qui avait hanté les nuits de Harry et de ses camarades pendant si longtemps. Sans compter le fait que Drago Malefoy, qui les évitait comme la peste depuis l'évènement, s'était lui aussi laissé aller à croire qu'Halcard était la véritable cause de leurs maux. Tout cela sans aucune concertation préalable.

Le lendemain, malgré l'ambiance apocalyptique qui régnait toujours au dehors, l'absence du doyen ne créa pas autant de remous que Harry l'attendait. Face à la foule des élèves rassemblés dans la Grande Salle, le corps enseignant de Durmstrang expliqua le plus simplement du monde qu'Halcard avait eu à honorer un important rendez-vous à l'étranger. Quelques instants plus tard, et l'Yggdrasil s'affaissait dans un craquement si terrifiant que la moitié des élèves sursautait.

Neville s'en trouva particulièrement affecté.

– Ça n'annonce vraiment rien de bon pour la suite, les avisa-t-il la tête dans les épaules alors qu'ils repartaient pour leur premier cours de la journée.

– Ils ne peuvent tout de même pas croire à ce qu'ils viennent de nous raconter, lui emboîta Ron, incrédule.

– Peut-être, peut-être pas... En tout cas c'est l'occasion rêvée de trouver qui est derrière tout ça, rétorqua Hermione avant de pénétrer dans le laboratoire de potions.

Bien décidée à protéger les élèves placés sous sa responsabilité ainsi qu'à passer ses ASPIC une bonne fois pour toutes, Hermione redoubla d'efforts. Il lui fallut jouer de ses relations privilégiées avec les professeurs tout au long de la semaine pour obtenir enfin quelques informations supplémentaires.