4 LA STAR DES STARS

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Les quelques jours qui séparaient Harry et Ron de leur entretien passèrent comme des heures. Et au fur et à mesure que l'échéance se rapprochait, Harry se remit peu à peu à douter de ses chances de succès.

Certes, il avait été sélectionné. Oui, il avait réussi à vaincre en duel le plus redoutable sorcier du pays. Mais une petite voix dans sa tête s'évertuait à lui rappeler que la chance n'avait pas été pour rien dans cette réussite passée. Après tout, c'était Voldemort qui avait commis des erreurs. D'une part en surestimant sa maîtrise de la Baguette de Sureau, et d'autre part en sous-estimant la puissance de la magie protectrice dont bénéficiait Harry. En fait, ce n'était pas vraiment Harry qui avait gagné mais plutôt Voldemort qui avait perdu. Ce dernier s'était somme toute contenté de foncer tête baissée dans son interprétation de la prophétie qui les reliait. Cela lui avait coûté la victoire, et par la même occasion, la vie.

De plus en plus souvent, Harry se revoyait déposer puis sceller la Baguette de Sureau dans la tombe de Dumbledore. « Pauvre imbécile ! » se disait-il alors intérieurement. Si seulement il avait pu faire machine arrière et garder la baguette toute puissante pour lui... Harry se souvenait avoir longuement réfléchi avant de se séparer de la fameuse relique, mais les bonnes raisons qu'il s'était alors trouvées pour agir de la sorte lui paraissaient désormais hâtives et puériles. Que cela lui serve de leçon, ce serait bien la dernière fois qu'il jouerait les nobles héros au grand cœur.

Ces contrariétés trottaient encore dans la tête de Harry quand il ouvrit les yeux dans son lit, au matin du 31 Juillet.

– Joyeux anniversaire, sombre crétin, se dit-il à lui-même avant de s'extraire de son lit dans un grognement.

Il passa un moment à regarder ses pieds nus posés sur le parquet de la chambre. Il était seul. La veille, Harry avait expliqué à Ginny qu'il préférait que chacun dorme de son côté. Elle n'avait pas trop insisté. Sans doute pour éviter d'être une contrainte supplémen­taire dans cette période tendue. Hélas, au grand regret de Harry, la nuit en solitaire ne l'avait finalement aidé en rien.

Ce matin-là, il avait l'impression de s'être reposé deux ou trois heures tout au plus. Ses yeux lui faisaient mal et il se sentait l'estomac mal accroché.

– Allez du nerf ! soupira Harry en se levant péniblement.

Ce qu'il lui fallait pour tenir le coup, c'était une bonne douche bien chaude et un petit déjeuner. Les choses ne pourraient qu'aller mieux ensuite.

Quand Harry arriva dans la salle à manger, un peu plus tard, il se sentait déjà plus disposé à affronter la journée qui l'attendait. Le Panettone que leur avait fait parvenir Percy depuis sa mission en Italie fut plus que bienvenu et contribua à le revigorer.

En face de lui, Ron avait toutes les peines du monde à avaler son petit-déjeuner. Avachi au-dessus de son bol de céréales, le visage pâle et les yeux rougis par le manque de sommeil, on aurait dit qu'il partait à l'abattoir. La dernière fois que Harry avait vu son meilleur ami ainsi devait remonter au temps de leur sixième année à l'école. Tous deux portaient alors les couleurs de l'équipe de Quidditch de Gryffondor et s'apprêtaient à disputer un match décisif.

– J'la sens pas, marmonna Ron avant de déposer sa cuillère à côté de son bol, tel un soldat rendant les armes.

– Ça va aller mon chaton, répondit tendrement Mrs Weasley. Donne tout ce que tu peux et tu n'auras rien à regretter.

– Ne dis pas ça M'man, sinon les examinateurs risquent bientôt de se retrouver avec le contenu de mon estomac sur les genoux.

– Aie confiance ! fit Harry, tout en souriant à l'idée d'un Auror farouche de deux mètres de haut subitement recouvert de vomi. S'ils t'ont sélectionné, c'est quand même pour une bonne raison.

Harry Potter et le Compas du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant