Harry Potter et le Compas du Chaos

25 LETHARGUM TENEBRIS

– Potter... J'ai dit, Potter !

– Que... oui, Professeur Abrosius ?

– Je vous ai posé une question, jeune homme ! Mais où avez-vous donc la tête aujourd'hui ?

– Du ventricule de dragon... souffla Hermione, la bouche dissimulée derrière une main, dis-lui qu'il faut du ventricule de dragon !

– Comptez-vous donc nous faire perdre notre temps et me faire répéter ?

– Certainement pas Professeur, je pense que du ventricule de dragon fera parfaitement l'affaire, répondit Harry avec une simplicité feinte.

– Ah... vous voilà enfin, excellente réponse, Potter ! s'exclama le professeur en se reportant à son tableau d'ardoise. Le ventricule de dragon possède effectivement la particularité prodigieuse de renforcer l'effet de la majeure partie des potions. Dans ce cas, pourquoi n'en utilise-t-on pas plus souvent, me direz-vous ? Hé bien pour la simple et bonne raison qu'il s'agit d'un ingrédient aussi rare qu'onéreux ! Moi-même, je ne dispose que de trois de ces merveilles dans ma réserve personnelle, et... MONSIEUR KRUM ! OCCUPEZ-VOUS DONC DE VOTRE CHAUDRON PLUTÔT QUE DE CELUI DE VOTRE CAMARADE MALEFOY !

Rassemblés en deux groupes de trois au tout dernier rang, loin de la querelle qui venait d'éclater à quelques mètres seulement de l'estrade du professeur Abrosius, Harry, Ron, Hermione, Ginny, Neville et Luna étaient plongés dans une grande conversation au sujet des Lestrange. La veille – ou plutôt le matin tôt –, après avoir assisté impuissants à la fuite des Mangemorts depuis les jardins suspendus du château, ils étaient rentrés dans leurs dortoirs complètement épuisés. Harry, couvert de bleus et d'un mélange de transpiration et de poussière qui lui donnait l'aspect d'un troll, avait à peine tenu le temps de border Poussin dans un mouchoir de poche avant de s'écrouler sur son lit. Il avait été réveillé seulement quelques heures plus tard par Dean et Seamus qui, malgré un certain étonnement à le trouver ainsi sale et écorché, avaient jugé préférable de ne pas l'assommer de questions.

Il avait alors tout juste eu le temps de filer prendre une douche avant de se rendre en cours, l'estomac tristement vide, pour y retrouver ses amis.

– Vous êtes vraiment sûres de vous ? souffla Ron à l'adresse de Hermione, Ginny et Luna. Comment peut-on vivre des mois entiers terrés dans une grotte ?

– Il y avait une sorte de chambre, avec des couches et des vivres, je t'assure, fit Ginny.

– Mais quand est-ce que vous avez vu tout ça ? s'écria Harry. Je vais finir par croire qu'on a passé notre soirée dans une dimension parallèle.

– Moins fort ! souffla Hermione.

La querelle opposant une fois de plus Vassily Krum à Drago Malefoy s'était interrompue, et le sortilège de surdité dont ils s'étaient enveloppés un peu plus tôt afin de bavarder tranquillement avait tout de même ses limites. Hermione était bien placée pour le savoir, elle l'avait employé à de nombreuses reprises l'année passée, alors qu'ils tentaient de se soustraire aux sbires de Voldemort.

– Vous ne vous en êtes peut-être pas rendus compte parce que vous couriez comme des dératés derrière les Mangemorts, mais à un moment, on vous a perdus, répondit Ginny sur un ton laissant présager un certain reproche.

– Il y avait des galeries dans tous les sens en même temps, difficile de se repérer sans carte, fit remarquer Luna en apportant quelques notes à son parchemin.

– Quoi, alors vous pensez vraiment qu'ils étaient sous le château depuis le début ? reprit Harry que cette perspective contrariait fortement.

– Dur de dire depuis quand... Un bon moment en tout cas, c'est certain... à en juger par le dédalle de tunnels qu'ils ont creusé.