8 SUR LES RAILS

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Depuis quelques jours déjà que le courrier tardait à arriver, Harry sentait que quelque chose clochait. Ne sachant toutefois pas à quel coup s'attendre de la part de leur nouveau supérieur, il n'avait rien trouvé de mieux pour se mettre à l'abri que de se préparer en révisant une énième fois ses manuels de Défenses contre les forces du Mal. Malheureusement, ce qu'il redoutait tant en son for intérieur venait de se produire, et Ron et lui se trouvaient désormais dans une impasse.

Le message de Dawlish digéré, Harry ressentit un pressant besoin de bouger, de faire quoi que ce soit qui lui donnerait l'impression que les choses avançaient, ne serait-ce qu'un tout petit peu.

– J'm'occupe-des-hiboux-et-j'vais-me-changer, pas-question-que-j'reste-en-pyj'-une-minute-de-plus, lança Harry en une fraction de seconde, tout en attrapant les deux messagers à plumes qui végétaient toujours à ses pieds.

Alors qu'il gravissait quatre à quatre les marches qui le séparaient du grenier faisant office de volière, Harry se concentra à la recherche d'un plan. Comment pouvaient-ils se rendre à Poudlard en si peu de temps et, qui plus est, sans se faire remarquer ? Par le passé Ron et lui avaient emprunté une voiture volante illégale qui appartenait à Mr Weasley. Ils avaient alors suivi le Poudlard Express à distance et étaient arrivés presque en même temps que ses passagers. Cependant, difficile de prétendre que l'opération avait été un succès. De nombreux Moldus avaient vu passer l'auto dans le ciel et l'affaire avait pris des proportions inimaginables. Le père de Ron avait même failli perdre son emploi au Ministère. Non, de toute évidence la solution ne se trouvait pas là.

Tout à coup, Harry se sentit bête. C'était tellement évident qu'il aurait dû y penser plus tôt ! Il suffisait de transplaner. Hélas, à peine l'idée avait-elle germé dans son esprit qu'une version très agaçante de la voix d'Hermione y avait résonné : « Combien de fois faudra-t-il que je vous le répète ? Il est impossible de transplaner dans l'enceinte de Poudlard ! Si vous aviez pris le temps de parcourir vos livres de première année... ».

– Nom d'un dragon, tu ne m'aides pas là Hermione ! explosa Harry au milieu de la volière, faisant par la même sursauter les messagers endormis qu'il venait tout juste de déposer à proximité d'une ration de Miamhibou.

Il était donc impossible d'apparaître à Poudlard, et emprunter à Mr Weasley une de ses voitures enchantées, pour autant qu'il en ait eu une autre, ne ferait qu'accroître leurs ennuis.

Une nouvelle idée lui traversa l'esprit alors qu'il se changeait. Harry pouvait prendre son Éclair de feu, se revêtir de sa cape d'invisibilité et suivre le Poudlard Express, ni vu, ni connu. Le voyage serait très inconfortable mais au moins il arriverait à l'heure. Sauf que... que faire de Ron ? Ron et lui tiendraient bien quelques minutes à deux sur son balai, mais jamais une journée entière. L'Éclair de feu était un balai de course. Ce n'était pas un de ces balais de transport réservés aux sorciers qui n'avaient pas obtenu leur permis de transplaner, ou qui souffraient tout simplement du mal des T.M.I.D., les Transports Magiques Impliquant une Disparition (un mal qui vous faisait toujours apparaître au mauvais endroit tout en vous faisant pousser des poils dans les oreilles).

Pendant un bref instant Harry se demanda à quoi pouvait bien ressembler un parcours de plusieurs centaines de kilomètres sur un de ces engins. D'après ce que lui avait un jour raconté Seamus, ces balais furtifs pouvaient proposer jusqu'à huit places et présenter un luxe ainsi qu'un confort hors-norme. Certains étaient même pourvus de fauteuils magiques qui pouvaient chauffer ou se réfrigérer en fonction des conditions climatiques.

– Oh ! Hé ! Viens vite, je sais comment faire ! fit la voix de Ron depuis le rez-de-chaussée.

Harry descendit l'escalier telle une fusée, ignorant même les derniers échelons de manière un peu trop ambitieuse. Il fut rattrapé in-extremis par Ron, ce qui lui évita de s'écraser contre le mur, au pied des marches.

Harry Potter et le Compas du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant