31 PROMESSES TENUES

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En dépit de tous ses tracas, Harry ne se souvenait pas avoir jamais connu de repos aussi réparateur lorsqu'il se réveilla à l'aube, le lendemain matin. Allongé dans le lit d'à côté, Ron dut remarquer qu'il s'agitait car il s'empressa de se tourner vers lui, aussi rapidement que ses blessures encore fraîches le permettaient.

– Comment tu te sens ? demanda-t-il en achevant de se redresser, le torse couvert de bandages.

Son visage affichait l'air incrédule de celui qui est là alors qu'il pensait ne jamais s'en tirer.

– Mieux qu'hier, répondit Harry, la bouche pâteuse, le dos encore endolori par leur aventure de la veille. Et Hermione ? Et les autres ?

– Elle s'en remettra, fit Ron en désignant la couche voisine d'un hochement de tête. Elle s'est vue mourir... peut-être même pire encore. Elle s'est rendormie il doit y avoir une heure maintenant. Luna est dans un état comparable, quant à Neville et Drago, ils sont un peu plus loin. Ils sont passés te voir en venant se coucher, ajouta-t-il, chacun de son côté bien sûr. Apparemment les Mangemorts n'y sont pas allés de main morte avec toi.

Le souvenir de la torture que lui avait infligé Rabastan paraissait terriblement lointain et plus que secondaire désormais.

– J'ai beaucoup de choses à vous raconter, dit Harry en repensant à la conversation qu'il avait eu avec Litovoi Drakul au cours de la nuit. Mais avant ça, il faut que je voie Ginny.

Ron baissa les yeux, la mine triste.

– J'ai entendu les professeurs parler entre eux. Helsing semblait dire à McGonagall que le sort de Ginny était scellé, qu'elle serait un vampire pour le restant de ses jours. Pour autant qu'elle survive à sa transformation...

– Il y a peut-être encore une chance, répondit Harry. Tu te sens de marcher ?

Sans plus d'explication, il se laissa glisser de son lit et enfila sa robe de sorcier encore déchirée et tâchée du sang de la veille, tout en invitant Ron à en faire de même. Roulé en boule sur un duvet, Pattenrond miaula paresseusement alors qu'ils passaient devant Hermione et Luna qui dormaient à poings fermés. Personne d'autre ne les remarqua. Il régnait au fond de la salle une agitation contenue, sans doute liée au fait que les premières victimes de la Lethargum Tenebris émergeaient enfin de leur torpeur.

– Ginny est toujours en haut, au sommet de la nouvelle tour, signala Ron au sortir de l'infirmerie, avant de pointer du doigt vers une voie qui n'avait rien à voir avec celle qu'ils empruntaient.

– On fait un détour par l'arbre, obtint-il pour seule réponse.

Ron suivit sans se donner la peine de demander les détails du plan et Harry l'en remercia intérieurement. S'il avait été soulagé un bref instant d'apprendre qu'Hermione, Luna, Neville – et même Drago – étaient tirés d'affaire, l'angoisse propre à la situa­tion de Ginny lui avait tordu les entrailles sitôt réveillé. Alors qu'ils traversaient de longs couloirs, bordés d'armures médiévales qui s'inclinaient sur leur passage comme si elles avaient eu conscience des hauts-faits accomplis un peu plus tôt, il ne pouvait s'empêcher de prier pour que l'Yggdrasil leur apparaisse frais et resplendissant sitôt entreraient-ils dans la Grande Salle.

Lorsqu'ils débouchèrent dans la vaste pièce encore vide du fait de l'heure matinale, ils ne trouvèrent hélas rien de tel et Harry manqua de s'évanouir. Découvrir l'arbre dans un état de putréfaction comparable à celui qu'ils lui avaient toujours connu était comme de voir Ginny se faire mordre une seconde fois. Pourtant... quelque chose avait changé. Une unique branche se démarquait malgré son positionnement en retrait par rapport aux autres. À en juger par son aspect verdoyant, presque translucide, elle devait avoir poussé récemment. À mesure que leur inspection révélait de nouveaux détails, Harry et Ron remarquèrent une perle dorée, suspendue à l'extrémité du végétal.

Harry Potter et le Compas du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant