5 LE SOURIRE LE PLUS CHARMEUR

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L'audience achevée, Harry se leva et entreprit de quitter la salle en se joignant à une file de sorciers. Il lui tardait de se retrouver à l'air libre avec ses amis, loin des tourments que cet endroit lui évoquait. Idéalement, il profiterait du chemin du retour pour échanger quelques mots avec le Professeur McGonagall, Hagrid, ou encore Abelforth Dumbledore. La dernière fois qu'il les avait vus remontait déjà à plusieurs mois, soit juste après la bataille de Poudlard.

À sa grande déception il s'avéra bien vite que tous trois l'avaient devancé. Quelqu'un d'autre semblait l'attendre cependant, campé devant la sortie. La taille moyenne, enroulé dans la cape d'un blanc immaculé des agents du Département de la justice magique, il s'agissait de John Dawlish, un Auror dont Harry savait peu de choses, exception faite que ce dernier se posait peu de questions. Ce dernier n'avait par exemple jamais remis en question son allégeance au Ministère. Pas même lorsque l'administration en question, tombée aux mains des Mangemorts, s'était mise à appliquer toutes sortes de mesures aussi brutales qu'arbitraires envers les populations magique et non-magique.

En cet instant, Dawlish tenait ouverte l'une des grandes portes par laquelle s'engouffraient les témoins de l'audience en fixant Harry d'un air étrange, proche de l'hostilité. Sa mâchoire était si contractée qu'on aurait dit qu'il venait de gober une mouche au caramel de chez Zonko particulièrement collante.

– Ah, le voilà enfin ! Le sauveur, le héros au grand cœur... finit par décrocher Dawlish alors que Harry parvenait à son niveau.

Abasourdi, Harry se contenta d'un haussement de sourcil.

– Alors, on est satisfait de sa performance ? poursuivit l'Auror son ton suggérant plus le sarcasme qu'une véritable interrogation. Prendre la défense de ce jeune Mangemort esseulé, quelle astuce... La presse doit déjà se frotter les mains !

– Je vous demande pardon ? manqua de s'étrangler Harry. Je n'ai fait que plaider la cause qui me paraissait la plus juste !

Un rictus mauvais s'étira sur le visage de Dawlish, aussi Harry ajouta avec toute l'indifférence dont il pouvait faire preuve :

– Et ce que peuvent en penser les autres, c'est leur problème.

Il voulut passer mais Dawlish s'interposa. Avant même que Harry ait eu l'occasion de réagir, l'Auror l'avait fermement attrapé par le bras pour le tirer contre lui. De loin, on aurait pu croire à deux amis de longue date se donnant une accolade.

– Vous jouerez moins les fortes têtes cet après-midi, lui souffla Dawlish à l'oreille cependant que la foule les dépassait de toutes parts. Votre chance et cette réputation surfaite ne vous seront d'aucun secours cette fois, et alors nous verrons ! Suivez mon conseil, Potter, restez bien sur vos gardes. Il serait fâcheux que notre Star du moment se blesse au cours de son examen, ou pire encore ; pourtant, une maladresse est si vite arrivée...

Et avant même que Harry ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Dawlish était sorti en claquant la porte derrière lui, en plein dans le nez d'un grand sorcier qui s'apprêtait à en franchir le seuil. Ce dernier laissa échapper un juron qui fut aussitôt couvert par une annonce lointaine en provenance du fond de la salle :

Harry Potter et le Compas du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant