Suga-Nekfeu

La belle vue d'paname

C'est à moitié réveillé qu'il se tourna pour voir si elle était toujours là.

Raté.

Il n'avait même pas pris le temps de fumer sa première clope qu'il l'a chercha dans les moindres recoins.

Aucune trace. Comme si tout depuis le début n'avait pas existé.

Une pure et dure hallucination de drogué.

Il s'installa sur son balcon, découvrant un paris ensoleillé et pas bien réveillé.

Il tira une fois, deux, et puis trois et rejeta le tout avant de respirer.

Devrait-il aller se recoucher ?

Sans doute il n'y avait rien de mieux à faire.

Prendre le risque de repartir dans une paranoïa de couple et toutes ces merdes ?

Nan surtout pas, il n'avait pas le temps, pas l'envie et encore moins la force. Mais, les sentiments ne se contrôlent pas.

"Gros, si tu ne contrôles déjà pas ta conso comment tu veux contrôler ce que tu ressens pour elle ?" lui avait dit Phal quelques années auparavant.

La vérité ? Ken ne savait même pas si c'était encore des sentiments ou de la mélancolie... De la facilité ?

Il connaissait tout d'elle; sa façon de prendre son café le matin, ses jurons quand l'eau chaude tardait à venir sous la douche, ses cheveux qui bouclent au niveau de la nuque, sa facilité à rire d'un rien, sa vulnérabilité caché derrière toutes ses facettes...

Et elle ? De même. Elle devait tout connaître.

C'est si long de trouver une personne avec qui on peut se laisser aller, être vraiment soit, traîner en caleçon, le laisser traîner dans la salle de bain, être triste parfois et vouloir être seul...

Décidément ils s'étaient bien trouvés ces deux là. S'étaient-ils bien quitté aussi ?

Son téléphona sonna.

-Nek ?

-Ouais ? dit il en relâchant la fumée emprisonnée.

-Euh, ça te dis de bouger ?

-Pour faire quoi ?

-J'sais ap gros, j'voulais passé chez Tealer, après on fait ce que tu veux...

-Azy.

-Dans 30 minutes à Sentier.

-30 minutes ?!

-Ouais bouges toi !

Ken se bougea difficilement.

Une petite douche, une autre petite clope, un jeans, des airmax, un sweat à capuche, son pass navigo et son portefeuille et le voilà parti.

En l'espace d'une soirée il avait eu l'espoir que sa vie devenue un peu trop monotone allait changer.