12- incompréhension

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Robin:

Il était une heure du matin.

J'avais enfin fini mon travail.
Nami m'avait prévenue qu'elle rentrait directement après le sien. Je devais donc rentrer seule.

Zoro me rejoignait en bas des escaliers du bâtiment.
- alors c'était bien ?

- de ?

- de sucer des vieux ?

- pardon ?!
Je reculais instinctivement à sa remarque plus que déplacée.

Il ne sembla ni remarquer ni comprendre mon choc et continua.
- bah c'est ton boulot non ?

Je soupirais.
- c'est mon boulot oui. Disais-je.

- t'aimes ça ?

- a ton avis ?

Il haussa les épaules.
- sûrement puisque tu le fais. Tu sais j'ai un peu honte de toi vis-à-vis des gens du dehors au vu de ton métier.

- je te fais honte ? Repris-je en écarquillant les yeux.

- un peu. Répondit-il sans sourciller.

- c'est une blague Zoro ? Tu savais que je travaillais ici avant même que tu ne connaisses mon prénom. Pourquoi tu es venu vers moi si ça te "faisais honte" ?

- j'en sais rien mais va bien falloir que tu fasses un choix entre ton travail ou moi.

Je n'avais plus envie de rire ni de comprendre. C'en était trop pour moi.
Sanji arriva derrière nous. Il me tendit des clés.

- Nami avait pris les siennes, j'ai trouvé les tiennes dans l'entrée pour pouvoir fermer à clé. Dit-il alors qu'une brunette à ses côtés plaquait sa poitrine gigantesque contre son bras qui était accroché à mon amie à peine cinq heures en arrière.

- allez Sanji oublie les, on va allé s'amuser.

Je regardais, éberluée, les deux adultes grimper jusqu'à l'intérieur du bâtiment, sûrement pour se réserver une chambre tout les deux.

Je regardais Zoro avec une incompréhension palpable.
- je ferais mieux d'aller me trouver une femme moi aussi. Dit-il en rentrant dans le bâtiment à nouveau, me laissant seule avec ma colère et ma tristesse.

Une pluie glacée commença à tomber.
Mes larmes de déception et d'incompréhension se mêlèrent au déluge qui me transperçait la peau comme le jeune homme m'avait transpercé le cœur il y a moins de deux minutes.

Je rentrais chez moi, complètement désorientée.
Pourquoi fallait-il toujours que tout foire.
Pourquoi lui aussi ?

Le seul homme à qui j'avais réussi à ouvrir mon cœur de manière sincère, lui aussi, il fallait qu'il me le piétine sans remords.

J'arrivais dans l'appartement que je partageais avec ma petite rousse.

Trempée jusqu'aux os, le visage inondé de larmes j'aperçu mon amie assise sur le canapé, un pot de crème glacée dans la main, regardant une imbécillité à la télé en pleurant.

Je me rapprochais d'elle et m'assis à ses côtés, les yeux dans le vide.
Nous passions une éternité à pleurer en silence, partageant sans rien dire notre douleur.

- vie de merde ?

- vie de merde. Affirmais-je en tapant dans sa main en souriant à travers mes larmes.

Nous passèrent la nuit à insulter toute la généalogie des deux garçons qui venaient de nous briser le cœur.

Je me refusais à lui avouer que Sanji s'était empressé de se taper une autre. Elle était déjà bien assez mal pour cela.

Nous nous endormions sur le canapé sans prendre la peine d'aller démaquiller nos têtes barbouillées de mascara coulant.

Le lendemain matin je me réveillais. Ma tête bourdonnait terriblement. Je préparais tranquillement mon thé matinal pour faire passer ma migraine et décidais de préparer l'éternel chocolat chaud de Nami.

Elle leva sa tête de sur le canapé.
Nous avions dormis dans des positions plus qu'inconfortables et d'affreuses courbatures parcouraient tout mon corps.

Elle me rejoignait autour de la petite table qui nous servait de support pour manger.

Son mascara avait séché autour de ses yeux.
- je sais que j'ai une mine affreuse. Me dit-elle en devançant la remarque que j'allais lui faire par rapport à cela.

- on peut bien s'autoriser d'être triste de temps en temps. Dis-je en lui souriant.

Elle me sourit en retour avant de disparaitre dans son bol de chocolat chaud aussi grand que sa tête.

- heureusement que t'es là Robin.

Je levais les yeux vers la rousse.
"Je serais toujours là Nami."

J'avais rencontré celle qui était devenue ma meilleure amie lorsque je travaillais dans une autre agence de prostitution de Tokyo, trois ans plus tôt.

La jeune femme m'avait au premier abord parût trop excentrique pour que mon tempérament calme et maîtrisé ne s'entende avec elle.

Mais comme on dit, "les contraires s'attirent".

On était rapidement devenues les meilleures amies du monde.
On avait tout fait ensemble et on se soutenait dans les moments les plus difficiles de nos existences.

Honnêtement si Nami ne partageait pas ma vie, je me demande si je ne me serais pas tiré une balle il y a un bon bout de temps déjà.

Ou peut-être que je me serais pendue ?

Il faut vraiment que j'arrêtes avec mes pensées morbides, Nami a raison, je fais flipper à penser à des trucs pareils dans le plus grand des sang-froid.

Le petit poste de radio que j'avais allumé ne crachait que des informations inutiles alors je l'éteignais en soupirant.

J'allais prendre une douche, ça me ferait sûrement penser à autre chose.

Le visage froid de Zoro me revint soudainement à l'esprit. Sa façon stoïque et distante de me cracher ses mots à la gueule me fit légèrement trembler.

"Qu'est-ce qu'il lui a pris ?"
Je ne comprenais ni le comportement ni la raison qui l'avait poussé à agir de cette manière mais je n'avais plus envie de la connaître.

La tristesse s'était plus ou moins estompée, j'étais à présent en colère. J'en voulais à cet homme, à la façon dont il avait pris mon cœur pour le briser ensuite vingt-quatre heures plus tard.

Je laissais l'eau de la douche rincer mon corps et mon cœur abîmé, c'était le début d'une nouvelle ère. Une ère sans homme, sans sentiments.

Je la traversais depuis des années sans que cela ne me pose problème. C'était même bien plus agréable de ne se laisser atteindre par rien d'autre que par soi-même.

"Tu sais, j'ai un peu honte"
Cette phrase odieuse me revint soudainement à l'esprit.

Mes yeux s'embuèrent à nouveau de larmes incontrôlables.

Moi qui disait ne plus être triste, on dirait que j'ai un peu menti.

Love is enough {TERMINE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant