15- retrouvailles

213 12 33
                                    

Nami:

Sanji m'avait donné rendez-vous dans un petit café en centre-ville.

Malgré les excuses et les déclarations d'amour qu'il m'avait écrit par message, je voulais évaluer son honnêteté de mes propres yeux.

Ses remarques m'avaient blessées, je ne pouvais pas faire semblant de ne pas être touchée. Ne plus lui parler pendant ces trois derniers jours m'avait permis de prendre du recul sur la situation.

Tout était allé si vite entre nous que la chute avait été brutale.
Je ne pouvais malheureusement pas me passer du blond. Il avait créé en un temps record une place tellement importante dans mon cœur que je n'arrivais plus à combler le vide qu'il avait y laissé.

Le serveur arriva vers moi.
- je vous sers quelque chose mademoiselle ? Me dit-il, ponctuant sa phrase d'un clin d'oeil.

Je lui sourit en commandant un sirop de grenadine.
- je vous apporte ça de suite. Ses yeux malsains se grefferent à mon décolleté plongeant.

- enlèves tes sales yeux de là. Une voix qui ne m'était pas inconnu s'éleva de derrière moi, c'était Sanji.

Le serveur paniqua un instant avant de partir à la hâte vers les cuisines sans demander son reste.
Sanji s'asseyait en face de moi. Il me regardait de ses yeux intense.

Je soutenais son regard.
- tu as quelque chose à me dire ?

Il détourna le regard. Ses mains se tordaient entre elles, stressées par la situation.
Pourtant je n'avais absolument aucune intention de lui faire peur. Je voulais juste avoir des réponses. Étais-je réellement, "une fille de plus ou de moins" dans son lit ? Étais-je réellement aussi peu importante et facile que Pudding, la fille de l'agence ?

- écoutes Nami, je te l'ai déjà dis mais tu es bien plus qu'une simple conquête pour moi. Tu sais j'ai toujours été habitué à ce que mes relations soient courtes et malsaines. Mais avec toi, je ne veux pas que ça ne dure qu'une nuit. Je ne veux pas que ça s'arrête. Je crois que je me voiles la face depuis le début. Ce que je ressens pour toi, c'est de l'amour. Et je pense vraiment ce que je dis, Nami. Je t'aime et je ne veux plus jamais te perdre.

Je restais bouche bée.
Je me prenais en pleine face toute la sincérité qu'il m'avait envoyé par message.
Moi non plus je ne voulais plus le perdre, moi non plus je n'avais jamais ressenti ça avant. Ce sentiment intense que je ressentais dès que je le voyais, dès que je lui parlais ou même dès qu'on évoquait son nom, c'était "de l'amour".

- moi aussi je t'aime, Sanji.

Les mots sortirent tous seuls sans que je ne lutte pour les retenir.

Ses pupilles s'illuminèrent d'un coup.
Il attrapa ma main posée sur la table et l'embrassa tendrement.

- c'est la phrase que je voulais entendre, princesse.

Ma grenadine arrivait.
Je souriais au serveur et commença à siroter le contenu de mon verre en sirotant doucement le contenu de mon verre.

Le blond en face de moi me regardait faire avec affection.

Il m'aimait, je l'aimais.
Nous n'avions plus besoin de nous cacher. Nous pouvions être nous mêmes, sans avoir honte.

Nous passions le reste de l'après-midi à parler de tout et de rien, je retrouvais le Sanji que j'avais laissé avant de partir. Mais avec une chose en plus: l'amour sincère.

- tu travailles ce soir j'imagine ?

Je hochai la tête.
Je n'avais aucune envie d'y aller.
Pas que j'aimais ça d'habitude mais une crainte de voir d'autres hommes que lui s'était installée.

Pourquoi fallait-il que je gagne mon argent de cette manière ?
J'avais commencé ce métier en ne pensant qu'à une chose: l'argent, mais quelque chose venait à présent de dépasser cette chose: l'amour.

Je baissais mon regard, n'arrivant plus à soutenir le poid de la déception qui planait dans les yeux de celui que j'aimais.

- eh ! Il releva mon menton de sa main douce, sa voix caressant mon oreille et mon cœur. Tu n'as pas à t'en vouloir. Je sais que tu ne fais pas ça pour me faire mal.

Je lui sourais tristement.
Évidemment que je ne faisais pas ça pour lui faire du mal, mais cela n'excusait en rien que j'allais devoir coucher et séduire d'autres hommes devant lui.

- je vais démissionner. Affirmais-je sans savoir bien ce que je disais.

Il était 21h, nous arrivions à notre lieu de travail, main dans la main.

- tu n'as pas retenu ce que le patron t'as dis où quoi ? Un des hommes qui travaillaient pour l'agence s'adressait à Sanji avec un sourire malsain.

J'interrogerai le blond du regard.
Il ignora mon regard en me chuchotant de ne pas m'inquiéter.

Je fis semblant de ne pas vouloir en savoir plus alors que ma curiosité me brûlait la langue. Qu'est-ce que cet homme voulait dire par la ? Qu'est-ce que Sanji devait retenir ? Qu'est-ce que le patron lui avait dit ?

C'était au tour de Pudding de faire sa scène habituelle.
Elle arriva vers Sanji en sautillant.
- alors chéri ? On réserve quelle chambre ce soir ?

Je sentis un petit pincement au cœur alors que je lâchais le bras du jeune homme qui était en ma compagnie.
Je savais bien que pendant la courte période où nous n'avions pas parler, le blond s'était tourné vers la jeune fille.

Savoir qu'il m'avait remplacé aussi facilement par celle qui m'ignorait en beauté me faisait profondément chier.

Je regardais la jeune fille continuer ses jérémiades.
Elle me lança un regard calculateur, elle me jugea du regard de la tête au pied, prenant son insupportable air supérieur.
- qu'est-ce qu'elle fait là celle-là ?

Sanji repoussa la brune en attrapant à nouveau mon bras.
- trouve un autre client Pudding. Il me tira vers les vestiaires et déposa un délicat baisé sur mes lèvres humides.

- je te promets que tu arrêteras bientôt de travailler ici. On trouvera une solution.

Je le regardais partir en lui souhaitant bon courage pour sa soirée.

En réalité je ne croyais pas tellement en ce qu'il me disait. J'avais arrêté les études très jeune et à part en géographie, je n'avais plus de notions en rien.

Avant d'être prostituée, j'avais enchaîné des petits boulots payés une misère ou je me faisais systématiquement renvoyer de par ma maladresse ou mon franc- parlé qui dérangeait mes employeurs.

Le seul domaine où on m'acceptait réellement, c'était ici, en maison close.

De toute façon je ne pouvais pas démissionner, mon contrat de travail stipulait qu'à moins de me faire renvoyer, je ne pouvais pas partir de mon plein gré avant un an et demi de loyaux services.

Et connaissant la réputation de l'agence, il valait mieux que je respecte le contrat à moins de tenir à me faire tabasser.

Je soupirais en regardant mon blond partir.
Je ne pourrais jamais sortir d'ici.

Love is enough {TERMINE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant