Hémon était toujours endormi, et moi, j'avais toujours les yeux posés sur lui. Le salon était pleinement plongé dans le silence, si bien que les seules choses que je pouvais entendre étaient la respiration douce d'Hémon, ainsi que la mienne.
Plus j'observais cet homme qui m'effrayait endormi sur mes jambes, plus je me surprenais à le contempler. Je sais que je devrais le repousser après toutes les horreurs que j'avais vécues par sa faute, mais pourtant, je ne le fais pas.
En temps normal, je ne serais pas totalement envoutée ou intriguée par le sommeil d'autrui, mais avec Hémon, je l'étais. Sans pouvoir comprendre pourquoi, je ressentais comme si Hémon n'avait pas trouvé le sommeil depuis un bon bout de temps.
En le voyant ainsi, il était comme mort... de fatigue.
Et ce pressentiment se confirma lorsque mes yeux se posèrent sur ses cernes. Je fronçais les sourcils et rapprochais davantage mon visage vers ces dernières. De nombreuses occasions m'auraient permis de les voir, mais c'était qu'à cet instant que je pouvais pleinement les observer.
Hémon ne dormait-il pas ?
Ma question s'envola de mon esprit lorsque je suivis du regard la descente de l'une des mèches sombres d'Hémon sur le visage de ce dernier. Aussitôt, l'envie de la remettre à sa place me vint, mais je me faisais violence pour ne pas le faire. Même s'il était endormi, Hémon me faisait tout de même peur, et je ne voulais pas subir sa colère pour l'avoir touché.
Je savais que maintenant, cela constituait sa peur.
Hémon ne m'avait pas confirmé oralement mes doutes, mais il l'avait fait physiquement.
Ses tremblements pendant que je le soignais désignaient bien quelqu'un qui était entièrement submergé par la peur. Hémon avait été terrifié, j'en avais la certitude, si bien que cela me troublait et m'intriguait à la fois.
Après quelques minutes de contemplation, mon regard se baissa vers le début du buste d'Hémon qui était légèrement découvert par sa chemise. De nombreux tatouages s'y trouvaient, néanmoins, malgré ça, ce n'est pas ces derniers qui attrapèrent mon regard, mais plutôt la trace de brûlure qui se trouvait au milieu.
J'étais incapable de mettre des mots sur ce que je ressentais en la regardant, mais je savais que je ne regrettais en aucun cas ce que j'avais fait. Ma raison ne cessait de me crier qu'il le méritait, et pour cette fois, je l'écoutais, en dépit de mon cœur qui ressentait une légère tristesse.
Je méprisais cette partie de moi qui compatissait pour Hémon, et encore plus après que j'ai accouru pour l'aider.
Je n'aurais pas dû.
J'aurais dû le laisser souffrir, comme il l'avait fait lorsqu'il me faisait endurer tous ses accès de colère.
Tu es tellement faible, Irène.
Je serrais les dents à cette pensée et tentais de l'ignorer en me mettant à regarder le reste du corps d'Hémon. L'une de ses jambes était pliée sur le canapé tandis que l'autre était droitement appuyée sur le fauteuil. En outre de ses jambes, l'une des mains gantées d'Hémon recouvrait délicatement son entaille, à travers le tissu de sa chemise, alors que l'autre était simplement posée.
Aussitôt mon regard sur ses gants, les questions fusaient dans ma tête.
Cependant, j'étais sûre que le port de gants était en lien avec les peurs d'Hémon.
Peurs qui avaient toutes un lien avec son corps, si bien qu'avec le toucher ou la vue.
- Hémon ! Entendis-je au loin.
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Sous son emprise
RomanceSa date de naissance, son nom de famille, ses parents... Toutes ces choses, d'apparence banale, étaient tous ce qu'elle ignorait. Les seules choses qu'elle connaissait n'étaient que sa mère était morte à sa naissance, que son père était celui qui l'...