Chapitre 10

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LAKE

Lorsque je pose un pied dans la maison, je sens tout de suite que quelque chose ne va pas. Peut-être est-ce à cause de ses deux yeux marron qui me fixent dans une drôle d'intensité ? Je glisse mes mains sur ma jupe pour la faire redescendre et contemple, nauséeuse, ce grand garçon face à moi. Ses yeux sont rivés sur moi, et ça me gêne. Je ne sais pas quoi lui dire, et encore moins qui il est. Ses cheveux bruns et longs lui tombent devant les yeux quand il me sourit distraitement. Je ne comprends pas ce sourire sur moi.

— Salut, dit-il.

— Hum, salut, répondis-je. Je suis Lake. Et tu es ?

— Le fils de Carter et Olivia Miller. Je m'appelle James. Mes parents ne sont pas encore arrivés. Je peux te faire visiter si tu veux ?

Je hoche la tête, ma valise à côté de moi. Je ne possède pas grand-chose, juste quelques fringues que je traine avec moi depuis des années. Ce sont des choses que j'ai eue au cours du temps, de simples affaires auxquelles je tiens malgré tout. Je traine ma valise derrière moi alors que James me fait signe de passer devant lui.

— Je vais commencer par te montrer ta chambre, dit-il.

— D'accord.

J'avance donc droit devant moi et vois un escalier. James me prend ma valise pour la monter dans l'escalier tandis qu'il m'indique une porte à gauche. J'entre dans la pièce, suivie de trop près par James, et ce que je vois me laisse ébahie. Dans des tons de beige, cette pièce est vraiment magnifique. Un grand fauteuil trône au centre de la pièce, sur lequel est posé quelques serviettes et un gant de toilette. Je souris en voyant cette délicate attention et James laisse ma valise à côté de la porte d'entrée.

— La penderie est sur la droite, tu pourras y ranger tes fringues mais Maman t'en a acheté quelques autres. J'espère que ça te plaira.

Je me contente de hocher la tête et regarde dans la penderie. Effectivement, celle-ci est presque pleine à craquer, mais ça ne devrait pas poser de problème pour que je range mes autres vêtements avec ceux-ci. Vu ce que j'ai... Je secoue la tête et me dis que c'est pour moi un nouveau départ. Avant d'aller chez les Miller, je trainais de famille d'accueil en famille d'accueil et maintenant, je sais que chez eux, je pourrais rester plus longtemps si les choses se passent bien. Je ne sais pas combien de temps je suis censée rester chez eux, mais je pense pouvoir m'y habituer. La maison me plait déjà beaucoup – du peu que j'ai vu – et il me tarde de rencontrer les parents de James. J'ai déjà vu sa mère une fois, et elle m'avait parue très gentille.

Contente, je fais le tour de la pièce. Elle n'est cependant pas très grande mais beaucoup plus que celle que j'avais en foyer. Ça me fait tout drôle de retourner dans une maison après avoir été près de deux ans en foyer. Si quand j'étais petite je faisais famille sur famille, voilà deux ans que Ava, mon assistante sociale, ne trouvait pas de famille pour moi. Quand elle est tombée sur les Miller, ça a été comme une bénédiction pour nous. Reste plus qu'à voir comment les choses se passent ici.

— Tu es contente ? demande James.

— Oui, plutôt, dis-je. Merci, c'est vraiment très joli.

— Je suis content que ça te plaise. Et puis, tu sais, si tu t'ennuies, ma chambre est juste à côté...

Je ne sais pas ce que James insinue par là. Je me contente de déglutir bruyamment en lui adressant un regard gêné. Ce n'est pas comme si je comptais aller le voir pour discuter avec lui. Il m'inspire quelque chose de trop bizarre. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais dans la manière qu'il a de me regarder, je ne me sens pas à l'aise, c'est comme si mon corps était en alerte.

A nos sombres cœurs |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant