Chapitre 16

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COLSON

Le lendemain matin, au lycée, j'ai l'impression que tout le monde me regarde. Est-ce à cause de ma main dans celle de Lake ou tous les chuchotements qui se font autour de moi ? Je ne comprends pas tout de suite ce qu'il se passe, et vu la tête de Lake, celle-ci non plus ne comprends pas. J'ai fini par envoyer un message à Jarvis hier, pour lui dire que mon père était décédé, et il a été d'un grand soutien. A présent que nous le retrouvons devant la salle de classe, il mate nos mains enlacées, à Lake et moi, puis nous adresse un grand sourire.

— Je crois que vous avez des choses à me dire, tous les deux.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, Jarvis, rétorque Lake en lâchant ma main.

Je suis déçu qu'elle lâche ma main mais ne lui dit rien. Après tout, nous n'avons encore rien officialisé, et même si nous avons passé la journée d'hier à nous embrasser. J'ai toujours peur que Lake ne partage pas mes sentiments. Je sais que je me fais sans doute du souci pour rien, mais c'est plus fort que moi, j'ai peur. Quand je lui ai demandé ce qu'elle faisait chez moi hier elle m'a répondu qu'elle devait me rendre quelque chose que j'avais oublié chez elle mais ne m'a au final rien rendu. Je n'ai pas compris, mais j'étais heureux qu'elle soit là. Je sais qu'elle a parlé avec Easton, parce que j'ai bien vu qu'elle avait quitté le lit à un moment, mais je ne lui ai rien dit. Je suis simplement content de voir que Lake et mon frère se rapproche.

Voilà vingt-quatre heures, un peu plus, que mon père est parti. Ma mère ne sort pratiquement plus de sa chambre. Je l'entends pleurer, bien trop souvent à mon gout, mais je ne peux que la comprendre. Je me suis autorisé à verser quelques larmes dans le creux de l'épaule de Lake hier, et ça m'a fait un bien fou. Néanmoins, je me sens vide. Quelque chose en moi s'est brisé, quelque chose que personne ne pourra jamais plus combler. Pourtant, je ne sais pas comment je me sens. Le contre-coup n'est peut-être pas encore passé. Je me console en me disant que, de là où il est, mon père nous souffre plus. C'est la seule chose que j'arrive à me dire qui me console un peu.

Ça, et la présence de Lake à mes côtés. Depuis qu'elle est là, je ne me sens plus seul. Elle est restée chez moi depuis que mon père est parti, d'où le fait qu'elle porte l'un de mes tee-shirts en tant que robe par-dessous une veste en jean déchiré qu'elle m'a aussi piqué. La voir dans mes fringues me donne le rouge aux joues, même si je n'ai qu'une envie : lui retirer tous ces vêtements un par un. Lake est divine, et nue, elle l'est encore plus. Aujourd'hui, elle n'est pas maquillée car elle a passé la soirée chez moi, et je la trouve magnifique au naturel. Maquillée ou pas, cette fille est une vraie beauté. J'ai souri ce matin en la voyant se battre pour chercher une brosse dans mes affaires. Une fois qu'elle l'a trouvé, elle m'a dit qu'il fallait que je range mieux ma chambre. Je l'ai taquiné en lui disant que plus tard, elle pourra ranger notre chambre autant qu'elle le veut, et elle s'est contenté de sourire en me disant « j'y compte bien ». Ceci a marqué comme le début d'une promesse entre nous, et je l'ai alors embrassé jusqu'à en perdre haleine. Je ne me lasserai jamais du gout de ses lèvres sur les miennes. Lake me rend dingue, je pourrai tout faire pour elle.

Alors que Jarvis, Lake et moi entamons une discussion sur le dernier devoir, je sens encore des chuchotements dans mon dos. Cela me met mal-à-l'aise et j'essaie d'écouter ce que raconte les deux filles derrière moi.

— C'est bien lui, Colson Lewis, non ?

— Lois va lui faire la peau ! répond l'autre fille. Mais oui, je crois bien que c'est lui. Mon Dieu, je ne veux pas être là à la fin du lycée.

Enervé, je me retourne et attrape l'une des filles par le poignet. La grande blonde lâche un bruit strident qui fait tourner plusieurs têtes sur nous. Lake est la première à me regarder, les yeux ronds d'incompréhension. A ses côtés, Jarvis hausse un sourcil. Visiblement, il n'a rien entendu des derniers commérages des deux filles. Mais je compte bien en avoir le cœur net.

A nos sombres cœurs |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant