11 - Mort

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Je me sens sur un nuage. J'ai l'impression d'être droguée, en réalité, vraiment droguée. Ce n'est pas désagréable, mais je me sens comme une toxicomane et cette sensation est étrange. Mais je ne ressens plus la douleur et la période de brouillard s'est dissipée. Claire ne me hante plus, pour le moment. Je n'entends plus sa voix. Je ne vois plus tous ces souvenirs. Je suis aux anges, réellement. Une voix me tire de mes pensées. 

–– Je suis désolé, je suis désolé, je suis absolument désolé... 

C'est Zayn et je crois qu'il sanglote. Merde, Zayn –– pleurer ? Sa main est chaude dans la mienne et je me demande un moment ce qui le met dans cet état-là. Est-ce que je suis comme... Morte ? Et il est désolé de, hum, je ne sais pas. De ne plus pouvoir me voir ? Ma conscience ricane dans un coin de ma tête alors que je me reconcentre sur la voix du métis, qui tonne dans ma tête comme une musique désagréable. Ca y est, les douleurs reviennent. 

–– Je n'aurais pas dû m'énerver de cette façon... J'aurais dû être attentif... J'aurais vu que tu n'allais pas bien et j'aurais pu te rattraper. Excuse-moi... 

J'ai mal à la jambe, réellement. C'est une douleur aiguë, mais sourde, ma jambe me tire, elle est comme endolorie, mais je ne peux rien y faire. Comme si une sorte de couteau y était plantée, mais je ne peux pas le retirer. C'est réellement douloureux. 

–– Putain, si tu ne te réveilles pas, je jure de te tuer et de me tuer ensuite... 

Il marmonne en sanglotant encore, je crois. Sa voix est presque méconnaissable, mais je l'ai entendu assez de fois pour pouvoir la reconnaître dans n'importe quelle situation. J'ai envie de frapper ma jambe quelque part, de la secouer ou au moins de pouvoir la toucher, je ne sais pas. Cette douleur est horrible. Si j'étais consciente, je serais sûrement en train de hurler comme une enfant. J'aimerais pouvoir le faire, réellement. 


Une voix me tire de mes pensées à nouveau. Je m'étais plongée dans un rêve, je dormais, alors. Sûrement. Une grande main passe sur mon bras et je me demande un moment qui cela peut être. Je n'en ai aucune idée. 

–– Olivia, dans quel état t'es-tu mise... 

Oh. J'ai envie de vomir après avoir entendu cette voix. Si mon père est venu me voir, je dois vraiment être comme –– à moitié morte. Ou alors peut-être que je ressemble à une sorte d'idiote étrange, qui n'arrive plus à articuler deux phrases sans baver. Sa peau est froide et son contact étrangé. Depuis combien de temps ne l'avais-je pas revu... 

–– Ton thérapeute m'a dit que tu allais mieux, ces derniers temps. Il a l'air d'être un bon professionnel en la matière... Mais forcément, tu trouves un moyen de tomber plus bas, il dit. 

Même inconsciente, il trouve un moyen de m'enfoncer. Et, ah, il a rencontré monsieur-merveilleux-thérapeute-Payne. Je roulerais des yeux si je le pouvais, mais j'en suis incapable. Je l'imagine, là, devant mon père « votre fille va mieux, sauf que je l'ai malencontreusement envoyé en cellule d'isolement, ce qui a altéré sa santé mentale. Et ensuite, j'ai décidé de l'embrasser pour la repousser, ce qui l'a rendue réellement dingue et lui a ramener des souvenirs de la fille qui la torturé pendant un an et qu'elle a finalement tuée. Mais elle va bien, elle va bien », je ricane presque à cette pensée, mais je ne peux pas ricaner. C'est désespérant de ne pas avoir le contrôle de son corps, surtout quand le contact froid se rompt et que je ne peux rien faire pour rappeler mon géniteur, qui ne sera sûrement pas là à mon réveil. 


–– Elle m'a dit de ne pas te faire de mal, enfin, que tu n'en valais pas la peine. 

Cette voix appartient à Zayn et je me demande s'il me parle à moi. 

ClaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant