Epilogue

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L'homme peste en entrant, s'étouffant presque de la puanteur qui a maintenant envahie la pièce close. Il essaye de ne pas trop respirer l'odeur, un mélange de sang et de pourriture. Puis il relève les yeux, plisse les yeux et fronce le nez en observant le cadavre. La femme est simplement pendue à la fenêtre, grâce à ce qui semble être une ceinture.


Je retire lentement la ceinture de Liam, essayant de placer sur mon visage une sorte de sourire satisfait.


Ils devraient réellement la détacher de là. Cela est évident que c'est un suicide, non ? Elle était enfermée au moment où c'est arrivé et j'imagine mal un autre détenu venir pendre une femme comme elle. De plus, son procès venait d'être rejeté, enfin, c'est ce qu'il avait lu. Ses membres tombent mollement vers le sol. Il se dit un moment qu'elle ressemble à une poupée désarticulée. Son visage est blanchâtre. Elle ressemble à un fantôme. 

Ce qui le surprend au début, ce qu'aucune lettre ne traîne dans la pièce. En général, en cas de suicide, la personne laisse au moins une lettre, mais là, il n'y a rien. Ni dans la poubelle, ni dans les armoires. Pourtant, c'est un suicide. Il n'y a aucune marque de débat ou de résistance sur son corps.

Peut-être était-elle tellement désespérée qu'elle n'a pas pensé à faire une lettre ? Ou peut-être avait-elle perdu toutes les personnes qui comptaient ? Pourtant, il est stipulé sur ses papiers qu'il lui en restait. Elle devait être dans le cas des désespérées, définitivement.

–– C'est bien un suicide, aucune marque de lutte et il y a la cause, aussi, le procès. 

–– Mais il n'y a aucune lettre.

–– Elle devait être désespérée.

Un homme entre dans la pièce, regarder le corps, écarquille les yeux, puis semble avoir... Un haut-le-cœur. Ses yeux deviennent rapidement humides alors qu'il recule. 

–– Pouvons-nous savoir qui vous êtes ? 

–– Je... Je m'appelle Zayn, je suis un autre détenu et... Elle... Elle s'est suicidée ? 

–– Oui, dit l'homme avant de se retourner sur ses hommes. Débarassez-moi du cadavre, ramenez-le à la morgue et appelez les parents pour savoir s'ils veulent un enterrement et le reste. 

Ils hochent la tête, alors qu'il avance dans la pièce jusqu'à la porte, qu'il pousse. Il la referme derrière lui, toussant un moment. La cigarette aurait raison de lui, un jour. Il regarde l'homme d'avant, qui semble encore épouvanté. Il le prend par l'épaule, lançant un hochement de tête au thérapeute... Payne, il lui semble. Celui-ci est vautré dans un fauteuil. Il semble choqué, mais étonnamment, pas attristé. Parallèlement au métis sanglotant à ses côtés. 

–– Vous savez, les suicides sont fréquents après les condamnations. Surtout que c'était son deuxième, elle a dû voir ses espoirs s'écrouler une seconde fois et était sûrement innocente, ou alors réellement coupable.

Le métis ne semble pas l'écouter, trop secouer par ses violents sanglots. Il le relâche en soupirant. Il ne compte plus le nombre de suicide qu'il a dû traiter, et ce sont généralement les meurtres pour lesquels la famille est la plus choquée. Il a toujours droit au « comment ai-je fait pour ne pas le voir ? » ou « je m'en veux tellement de ne pas l'avoir aidé », mais là, tout semble être morose. Comme si la mort avait enveloppé l'endroit même. Peut-être est-ce juste l'effet de la prison ? 


Mais ce n'était pas un suicide, Claire l'avait tuée.

« Les gens disent qu'il faut saisir l'instant, mais c'est l'instant qui nous saisit. »

ClaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant