15 - Hallucinations

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Claire et suicide ne peuvent pas aller dans la même phrase. Même si elle faisait tout pour me pourrir la vie, elle ne se serait pas suicidée simplement pour m'impressionner. Claire était parfaite et elle l'était aux yeux de tous. Elle était aimée sans même aimer en retour. Elle était Claire. Et c'était suffisant. Elle ne peut pas s'être suicidé. Et je n'ai pas pu essayer de me suicider. Je n'aimais pas ma vie, à ce moment-là. Je la détestais à un point inimaginable, mais le suicide à toujours était inenvisageable pour moi. Et même Claire n'aurait pas pu me faire changer d'avis sur cela. 

Je ne supporte plus les hallucinations. J'ai l'impression que Claire me fait perdre ma propre vie. Je perds du temps, tous les jours. Il m'arrive de me rendre compte de ce qui m'entoure en plein milieu d'une conversation, en plein milieu d'un repas ou en plein milieu d'une séance avec Liam, si je peux encore considérer ces séances de câlins––baisers en des séances thérapeutiques. Je ne sais plus ce qu'il se passe ou ce que je fais. Je perds le fil, le contrôle et je ne supporte pas ça. Claire, même morte, réussit à me contrôler. Comment est-ce possible ?

Avant, je ne croyais pas aux fantômes, aux esprits. Mais plus les jours passent et plus j'ai l'impression que celui de Claire me hante, me bouffe. Et je ne peux rien faire. Elle est invisible mais tellement nuisible que s'en est douloureux. Et comme auparavant, elle est intouchable.


–– Tu t'appelles Olivia, c'est ça ? 

Je me retourne sur la fille qui partage ma chambre, articulant un vague « oui », avant de me replonger dans mes cours.

–– Tu es assez intrigante comme fille, en réalité, elle articule clairement en s'allongeant sur le ventre.

–– Oh, je souffle en serrant mon stylo entre mes doigts. 

–– Tu sais, tu ne me fais de la peine à rester seule de cette façon, mais j'aimerais te faire vivre. Tu vois ? Nous n'avons sûrement pas la même définition de vivre, mais faire ce que tu fais, ne correspond à aucune des possibilités. On pourrait être amie ?

Je me mords la langue fortement, avant de hausser les épaules. Elle veut être mon amie ?


Je repousse Liam, mes lèvres se décollent brusquement des siennes. Qu'est-ce que je fais ici ? Il fronce les sourcils, puis se recule et c'est à ce moment-là que je remarque sa main, posée sur ma cuisse nue. Mon pantalon traîne au sol et je ferme les yeux un instant, me mordant la langue. Merde, il fallait que ça arrive. 

–– Hey, qu'est-ce que tu fais ? Il demande précipitamment lorsque je me laisse tomber de son bureau, sur lequel j'étais assise.

J'attrape mon pantalon et me retourne vers Liam, qui referme la braguette de son pantalon, essayant de cacher son érection évidente. 

–– Putain, je suis désolée, mais il faut que j'y aille. Je ne me sens pas bien et je... Je dois y aller. 

Je replace mes vêtements correctement, puis sort du bureau sous les appels de Liam. Il me faut de l'air, définitivement. Je savais que ça poserait des problèmes, mais je ne pensais pas me retrouver dans une situation pareille. On allait coucher ensemble alors que j'étais inconsciente. Il faut que j'arrête ça. Il faut que ça s'arrête.

Mais je ne peux pas arrêter une chose sur laquelle je n'ai aucun contrôle. Je dois savoir comment je l'ai tué juste pour pouvoir vivre correctement. J'ai besoin de ça. Je ne peux pas continuer à survivre de cette façon. J'utilise Liam pour me distraire. Je ne devrais pas, mais je crois qu'en réalité, la partie inconsciente de moi-même le fait et uniquement celle-ci, puisque l'autre est occupée entre Claire et les souvenirs abstraits que je reçois. Mais je dois arrêter d'y voir flou. Je dois être éclairée. 

ClaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant