14 - Suicide

44 5 0
                                    

Actuellement, j'ai plusieurs problèmes. Le premier est que j'ai mes règles et que d'avoir ses règles en étant enfermé dans une cellule sans possibilité d'aller aux toilettes –– si ce n'est trois fois par jour –– est une réelle plaie. Le deuxième est que je n'ai pas revu Zayn et qu'à cause de cette « abscence » qui m'a prit, je n'ai aucune idée de ce qu'il a pu me dire. La troisième est que Liam me harcèle maintenant, mais pas au sens littéral. Je l'ai dans la tête, tout le temps, à tel point que ça en devient agaçant. Je ne sais pas quel est son truc pour me faire perdre mes moyens comme il le fait, mais visiblement, il marche bien. Tous ses problèmes ont le don de me taper sur les nerfs. 

Et cela se répercute sur mes fréquentations et sur mes réactions. J'ai tout le temps envie de donner des coups ou alors de crier. Parce que c'est la faute de toutes les personnes ici si je dois supporter mon plâtre en étant cloîtrée dans cet endroit. Enfin, même si c'est faux, la colère me le fait penser. De plus, chaque jour, plus de mes souvenirs me reviennent en tête et cette sensation est tellement désagréable. J'aimerais pouvoir m'en débarrasser d'un coup, tout savoir sur une seule hallucination et reprendre le cours de ma vie, pouvoir raconter –– ou pas, si c'est trop grave –– comment j'ai tué cette pauvre et innocente fille m'ayant pourri la vie pendant deux années, puis retourner croupir dans cette cellule morbide. Mais ça ne vient pas. 

Je me souviens de ce qu'elle me faisait, de plus en plus. Des souvenirs précis de ce qu'elle me faisait endurer et d'à quel point j'étais entortillée dans ses filets. Comment a-t-elle pu me contrôler à ce point, sans même que je ne réagisse ? Je crois que c'était grâce à sa joie de vivre et à sa gentillesse, au début, qui se sont appauvries avec le temps pour devenir une sorte d'addiction irréelle. Je ne l'aimais pas, je n'étais pas accro à cette fille, j'étais accro à celle que je croyais qu'elle était, ce qui n'était qu'une pâle copie de l'horreur qu'elle cachait. 

Je soupire un grand coup, me redressant. Je suis en pause pour une heure et demi encore et je sais que Zayn est en train de se balader dans les couloirs actuellement. J'enfile des chaussures et me dirige vers la porte, que j'entrouvre pour me glisser à l'extérieur. Premièrement, je me dirige vers la boutique dont nous disposons pour nos nécessités. J'entre et remarque qu'aujourd'hui, une femme que je ne connais pas distribue les articles, surveillé de près par Louis. Je demande du shampooing et d'autres choses plutôt inutiles. 

Louis lance des regards amusés. Je crois qu'il adore le fait d'avoir un quelconque pouvoir sur moi. De pouvoir me faire souffrir à chaque fois que je le contredis. C'est un vrai salaud.


–– Tu ne m'oublieras pas, elle murmure en passant une main dans mes cheveux.

–– Comment pourrais-je t'oublier ? Avec tout ce que tu m'as fait, avec tout ce que tu t'es fait et avec tout ce que tu es... 

Elle sourit, puis encre son regard au plafond, fermant les yeux une seconde. Elle presse sa main dans la mienne, mais je ne sais pas encore comment réagir. Je suis sous le choc. 

–– Tu sais, tu es une bonne personne, Olivia. Je suis désolée.

La douleur dans mon abdomen est puissante, mais je tente simplement de l'ignorer, d'essayer de faire sans. Elle doit avoir plus mal que moi. 

–– Je suis désolée...


Je suis en face du miroir, regardant attentivement mon ventre. Ce n'est pas possible. Ce soir-là, je l'ai tué, mais elle ne s'est pas défendue. Personne ne m'a jamais dit que j'ai également été blessée pendant le meurtre et je ne me souviens de rien de cela. Pourtant, la cicatrice que j'ai prise pour une chute dont j'avais oublié l'existence est peut-être le reste d'un coup de couteau. Je déglutis. Ils me l'auraient dit, ça devait être un souvenir faussé. Peut-être même que je me cherche des excuses ? Je l'ai tué, fin de l'histoire.

ClaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant