Claire

8 - Meurtre

Je passe de l'eau gelée sur mon visage, essayant de me détendre. Calme-toi, Olivia, tu vas bien, calme-toi. Tu n'as pas à être anxieuse. Calme-toi. Je me sens tellement mal depuis quelques heures que je viens de vomir. Vomir. Je ne sais pas quoi, de la détresse ou quelque chose comme cela. En tout cas, elle me laisse un goût âcre dans la bouche. Je crache dans le lavabo une fois de plus, avant de tenter de boire sans tout faire goûter sur mon tee-shirt. 

–– Tu l'as tuée ! Bordel, tu l'as tuée ! Tu es complètement malade, elle me l'avait dit, tu l'as tuée ! J'appelle la police, tu vas croupire en prison pour ce que tu as fait, salope ! 

Louis me secoue pendant quelques secondes encore, m'assène une gifle, jette le couteau loin de moi, puis s'éloigne, choqué. Je l'ai tué. 

Je passe une main dans mes cheveux, observant mes cernes dans le miroir. Je l'ai tuée, bordel, je l'ai tuée. Je me sens oppressé. Comme si quelqu'un était en train d'encercler ma cage thoracique, comme si quelqu'un compressait lentement mes poumons, m'empêchant de respirer correctement. J'ai besoin d'air. De place. De liberté. Je me rabaisse pour cracher encore, avant de boire, puis de mettre de l'eau froide sur mon visage. Et je recommence, encore. Je tremble. Tellement que je crois que mes jambes vont lâcher. Je l'ai tuée. 

–– Comment as-tu pu ? Elle était la meilleure des filles que j'ai connue ? Comment as-tu pu, espèce de tarer ! Tu devrais crever pour ça, putain. Après tout ce qu'elle a fait pour elle, tu l'as tuée ! Il te manque une putain de case, bordel. Tu es folle, tu es folle ! Tu l'as tuée ! 

Louis secoue le corps sans vie de ce qui était sa petite amie il y a... Quelques heures ? Peut-être des minutes. Je ne sais plus. Je suis perdue. 

Je l'ai tuée. Je donne un coup dans le miroir, la bouche ouverte, avant de courir hors de là. Je passe les couloirs en vitesse, jusqu'à la cours extérieure. Je sors, je respire, je suffoque, je respire encore et je vomis. Je l'ai tuée. 

–– Olivia. 

C'est Liam. Je le repousse lorsqu'il tente de me prendre entre ses bras. Il va m'attacher, je sais ce qu'il veut faire. Il veut me rentrer à l'intérieur. Il veut m'enfermer à nouveau. Je le sais. Il veut faire comme les autres. 

–– Lâche-moi ! Je hurle. 

Mais il ne m'écoute pas. Alors je le repousse plus fort. Je le frappe, je lui fais du mal. Autant que cette chose est en train de me faire du mal. Et il résiste, il réessaye. 

Je sens le couteau sous ma paume et mon autre main, pressée contre de la peau. Je suis en train de l'étrangler ? Ou alors je la poignarde ? Je la tue. Je l'ai tuée. 

–– Arrête ! Arrête ! J'ai besoin de respirer ! 

Et je le frappe encore. Et encore. Puis je m'effondre, lorsque ma capacité à ne pas respirer atteint ses limites. 

Je reprends mes esprits, passant une main fatiguée sur mon visage. Je suis vidée. Totalement vidée. Je tousse légèrement, ma gorge est irritée, réellement irritée. Et j'ouvre les yeux sur l'infirmerie. Génial. C'est mon jour de chance. Je soupire en me redressant, passant une main dans mes cheveux. J'ai paniqué. Seulement paniqué. Je ferme les yeux quelques secondes, avant de les rouvrir. 

–– Olivia ? Ca va ? 

Je regarde Zayn en silence, avant de hocher la tête. Oui, ça va. J'ai juste paniqué. J'expire longuement, reprenant mon souffle. J'ai réellement mal à la gorge, c'est désagréable. Il me faut à boire.